L’APPCA et les chambres d’agriculture en disgrâce : une présence discrète

Pour « réaliser le passage de l’organisation professionnelle ancienne à l’organisation corporative, le ministre secrétaire d’État à l’agriculture nomme une commission de trente membres au plus, délégués à l’organisation corporative paysanne, et désigne son président et les délégués généraux ». On mesure l’importance des prérogatives de cette commission qui doit être chargée « d’établir la liaison entre les cadres de la vie paysanne et rurale et le Gouvernement, d’agir au lieu et place des rouages centraux de l’organisation corporative jusqu’à leur création », mais également « d’élaborer les projets de textes législatifs et d’établir les règlements d’application de la présente loi qui seront rendus exécutoires par décret pris sur proposition du ministre secrétaire d’État à l’agriculture », enfin de nommer « des délégués régionaux qui sont chargés, dans le cadre d’une région ou d’un département, d’animer et d’orienter la constitution des organisations corporatistes et d’assurer l’application de la présente loi, [ce pour quoi] ils reçoivent, notamment, tous pouvoirs pour provoquer et réaliser la transformation ou la fusion nécessaire des organisations existantes » 1226. Au Journal officiel du 22 janvier 1941, paraît la liste des membres de la commission d’organisation corporative paysanne (COCP), nommée la veille.

Isabel Boussard note avec raison que « la grande majorité de ces hommes sont des notables du monde agricole d’avant-guerre ; on ne peut guère, à leur propos, parler d’hommes nouveaux » 1227. On peut néanmoins reprocher à son analyse de l’« équipe de notables » qui constitue la COCP de se référer uniquement aux indications données par le Journal officiel 1228. Elle identifie ainsi treize syndicalistes parmi eux, et un seul président d’association spécialisée, et conclut que « les chambres d’agriculture et la coopération sont plus faiblement représentées » 1229. L’impératif de concision des publications officielles fait qu’aucune indication de fonctions n’est donnée pour les délégués de la commission et qu’une seule fonction est mentionnée pour les membres. De ce fait, la liste officielle n’est qu’un pâle reflet de la place de chacun dans le paysage des organisations professionnelles agricoles, caractérisé par l’enchevêtrement et le cumul des positions dans les différents types d’organisations et aux différents échelons géographiques et décisionnels.

L’« équipe de notables » 1230 dont elle tente de dresser le portrait nous semble au contraire bien hétérogène. En recherchant patiemment leurs noms dans les pages de l’Annuaire national de l’agriculture publié en 1939 1231, on ne trouve qu’une vingtaine d’entre eux, sur 35. Cinq dirigeants de Société des agriculteurs de France (SAF) sont nommés pour composer la COCP, dont deux font partie des six dirigeants de l’Union nationale des syndicats agricoles (UNSA). Félix Garcin, le président de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles, est le vice-président de l’UNSA. Or deux des délégués de l’UNSA sont à l’origine de la loi du 2 décembre 1940 : Louis Salleron devient délégué chargé des questions économiques et sociales et Rémy Goussault délégué chargé de l’organisation syndicale au sein de la COCP. Jean de Blois, secrétaire-administratif de l’UNSA devient délégué général chargé de coordonner l’action de tous les délégués généraux et régionaux. Roger Chaudruc de Crazannes, président de la Fédération nationale des coopératives laitières, est membre de la chambre syndicale de l’UNSA en 1939 ainsi que vice-président de la Fédération des caisses de secours mutuels agricoles de l’Ouest, avant de rejoindre, comme simple membre, l’équipe de la COCP. Enfin c’est Hervé de Guébriant, le puissant dirigeant de l’office central de Landerneau, président-adjoint de l’UNSA en 1939, qui devient président de la COCP. Les hommes du boulevard Saint-Germain sont absents si l’on excepte un chargé de la coopération et un chargé de la mutualité, qui se voient adjoindre un homologue issu de l’organisation rivale, de la rive droite et des satellites mutualistes de l’UNSA.

D’autres dirigeants rejoignent la commission, moins impliqués sur le plan national, plus jeunes également en général. Citons René Blondelle, devenu président de l’Union des syndicats agricoles de l’Aisne en 1938, dirigeant d’un important syndicat betteravier, âgé de 33 ans ; Martial Brousse, 47 ans, élu président de l’Union départementale des cultivateurs meusiens en 1937 1232 ; Marc Ferré, 40 ans, secrétaire général de la Fédération des associations agricoles du Poitou, président du Syndicat des viticulteurs de la Vienne ; René Bardin, président de la Fédération des syndicats d’élevage de la Nièvre ; enfin Lucien Biset, âgé d’à peine 27 ans, président du Syndicat laitier d’Aix-les-Bains. Tous dirigent des syndicats départementaux affiliés à l’UNSA. C’est le cas aussi d’Émile Leca, président de l’Union des syndicats agricoles du Calvados, ou d’Henri Gindre, président du Syndicat des agriculteurs du Cher, héritier d’une importante distillerie agricole 1233.

Isabel Boussard repère neuf responsables de syndicats ou groupes spécialisés. Leur importance est sans doute encore plus grande au sein de la COCP, pour atteindre au moins dix-huit de ses 35 membres. Les betteraviers sont en bonne place avec Adolphe Pointier, le président de l’AGPB, également vice-président de l’Association syndicale betteravière de la Somme, Pierre Leclercq, président de la commission interdépartementale betteravière du Nord et du Pas-de-Calais, mais également René Blondelle et Henri Gindre. Les vignerons sont représentés avec des responsables d’organisations aussi diverses que radicalement opposées dans leurs buts : la Confédération générale des vignerons du Midi, avec son président Pierre Benet ; le Syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales et son président Henry Vidal, ou le Comité national des appellations d’origine à Châteauneuf-du-Pape. Viennent ensuite les syndicats d’élevage et les organisations liées à la production laitière. Deux dirigeants de syndicats forestiers, Félix Garcin et Étienne Estrangin, sont également sur les rangs. Enfin Henri Decault représenterait la Confédération nationale des groupements horticoles, et Ernest Lagarde la Fédération des planteurs de tabac de la Dordogne. Celui qui au sein de la COCP est chargé des groupes spécialisés est un agronome, comme cinq autres de ses homologues, Charles Halna du Fretay, secrétaire de l’Association générale des producteurs de lin, délégué général des confédérations nationales des producteurs de pommes de terre et producteurs de fruits et légumes 1234.

Quoiqu’ils ne soient pas présentés pas comme tels, certains des membres de la COCP sont issus des coopératives – Léon Giraud, président de la Société coopérative de l’Allier –, des comices et des caisses de crédit agricole – René Bardin, vice-président du comice agricole de l’arrondissement de Nevers et président de la Caisse régionale de crédit agricole mutuel de la Nièvre. Puisque deux seulement sont présentés comme membres d’une chambre d’agriculture, René Bardin – qui en est, à tort, dit président – et Roger Barrault, un ouvrier agricole de l’Eure-et-Loir dont cela semble être le seul mandat professionnel, Isabel Boussard conclut à une absence de celles-ci dans la COCP et suppose qu’« elles ne tenaient peut-être pas beaucoup à s’intéresser à un organisme qui devait en principe les supprimer » 1235.

Le dépouillement des listes des membres des chambres d’agriculture de 1939 1236 et leur croisement et recoupement nominatif avec la liste officielle des membres de la COCP permettent d’aboutir à une toute autre conclusion : près de la moitié de la commission serait issue des chambres d’agriculture 1237. Si l’on ne compte que cinq présidents de chambre en fonctions en 1939 et encore en 1940, ce sont trois suppléants-délégués, deux membres de bureaux et six simples membres d’une chambre départementale qui les côtoient au sein de la COCP dès janvier 1941. Plus, on y dénombre trois des membres du bureau de l’APPCA de 1939 : Hervé de Guébriant, son trésorier, Félix Garcin et Henri Decault, ses deux vice-présidents. En revanche, ni son président, Joseph Faure, ni son secrétaire, Jules-Édouard Lucas, plus proches des organisations du boulevard Saint-Germain sans en être les têtes de file, sont absents de la COCP. Deux remarques s’imposent, qui sont très liées : l’invisibilité des chambres d’agriculture dans la liste des membres de la COCP découle tout simplement de la disgrâce de celle-ci, entérinée par la loi du 2 décembre, et l’absence de ceux qui arboraient le plus volontiers leur mandat à l’APPCA comme le point central de leur vie de dirigeant agricole procède du même revers. Notons encore qu’aucun des membres de la COCP appartenant aux chambres d’agriculture n’est parlementaire en 1940, et il ne semble pas que l’on puisse compter parmi eux de conseillers généraux : leur nomination ne viendrait donc pas à l’encontre de l’antiparlementarisme des corporatistes en veine à Vichy. Ce n’est vraisemblablement pas pour leur appartenance aux chambres d’agriculture ou à l’APPCA que les 17 membres de la COCP qui en font partie ont été nommés : leur désignation fait cependant écho aux dires de Michel Augé-Laribé qui concluait sa lettre à Caziot de septembre 1940 sur une « question d’hommes ». C’est, à notre idée, autant une question d’hommes qu’une question d’organisations ou d’institutions : c’est précisément à la jonction des deux dimensions que se joue le glissement de l’organisation professionnelle de l’entre-deux-guerres à l’organisation corporative débutante de 1941. Pour résumer, ce sont plus les corporatistes de l’APPCA qui sont bien représentés dans la COCP que les chambres d’agriculture. Précisons tout de même que neuf des seize membres des chambres d’agriculture qui sont nommés pour siéger à la COCP le sont depuis 1927, trois depuis 1933 et quatre depuis 1939 : il ne s’agit donc pas majoritairement de nouveaux venus dans l’institution.

Et que dire de ceux que l’ont attendait au sein de la COCP et qui ne s’y trouvent pas ? Isabel Boussard s’étonne de l’absence de Jacques Le Roy Ladurie, la considérant comme « la plus notable, car il fait partie de l’équipe de la Rue des Pyramides. C’est aussi un catholique social corporatiste » 1238. Elle avance qu’« il n’estimait pas le climat tellement « favorable » en 1940, et ceci pose à nouveau le problème des divergences entre les corporatistes eux-mêmes. En fait, l’équipe de 1941 constitue une première "famille" corporative réunie par Caziot et autour de lui, famille dont M. Le Roy Ladurie ne fait pas partie, car il a la sienne propre. Avec la plus grande simplicité M. Le Roy Ladurie témoigne que le ministère de l’Agriculture en 1940 ne lui aurait probablement pas déplu. Du moment qu’il n’avait pas pris ce poste, il refusa de collaborer en position qui ne soit pas dominante, or seule celle de ministre l’était réellement, on le sait. Sur le plan de la doctrine politique, on sait qu’il fait à la première équipe corporative le reproche de ne pas avoir respecté la démocratie. Selon lui, si les élections n’étaient vraiment pas possibles, il fallait attendre et surtout ne pas essayer de mettre sur pied quelque chose dans des conditions pareilles » 1239. Pour éviter une relecture téléologique, il faudrait surtout insister sur la dégradation des relations de Jacques Le Roy Ladurie et des autres dirigeants de l’UNSA à la fin des années 1930 : Xavier Walter se prive d’une réelle interprétation de celle-ci mais on comprend que cette quasi-rupture a à voir avec l’adhésion de Le Roy Ladurie au mouvement dorgériste, parmi d’autres divergences idéologiques et stratégiques 1240.

L’historienne de la Corporation paysanne résume sans les commenter les atermoiements de Jacques Le Roy Ladurie en 1940, sans évoquer la rupture entre lui et Louis Salleron, survenue en 1939 : « en 1940, il hésite à partir à Londres, vient à Vichy, mais se trouve en désaccord avec l’entourage de Caziot. Il fait alors partie, en accord avec son frère Gabriel, de la banque Worms, de l’équipe d’Yves Bouthillier, ministre des Finances. Il ne voulait qu’un poste de premier plan en 1940. Comme on ne le lui a pas offert, il a préféré s’abstenir. C’est pourquoi il ne fait pas partie de la commission » 1241. Dans ses mémoires, l’intéressé dit avoir refusé une nomination comme membre de la COCP et publie sa lettre de réponse au ministre Caziot, développant les raisons de son refus, son opposition à une Corporation reposant sur l’autoritarisme et l’étatisme 1242. Luce Prault aurait également été sollicité pour occuper « l’une des dix places de délégué général à l’organisation corporative paysanne » et aurait refusé, se bornant à déclarer « qu’il ne voulait pas perdre la confiance des présidents des chambres départementales d’agriculture, organismes condamnés par la loi, en ajoutant que, selon lui, les nouvelles institutions corporatives ne survivraient pas aux hostilités » 1243.

Parmi les théoriciens du corporatisme de l’UNSA des années 1930, figure son président de 1934 à 1937, Roger Grand. Né en 1874, ce juriste et chartiste, auteur d’une thèse de doctorat intitulée Contribution à l’histoire du régime des terres. Le contrat de complant depuis les origines jusqu’à nos jours, soutenue en 1898 1244, est devenu professeur d’histoire du droit civil et du droit canonique à l’École des chartes après la Première Guerre mondiale. Installé dans l’un des domaines familiaux à Arradon, dans le Morbihan, il devient président de l’Union des syndicats agricoles de la Bretagne méridionale en 1922 1245, président de la chambre d’agriculture du Morbihan au printemps 1927, année au cours de laquelle il entre au Sénat, et siège dans les rang de l’Union républicaine. Ce « terrien dans l’âme, adepte des théories de l’économiste Frédéric Le Play » 1246, invoque l’histoire pour asséner sa vision organiciste de la paysannerie, autour du « foyer paysan » 1247. Pierre Barral voit en lui l’un des intellectuels de l’UNSA à l’origine de l’effort doctrinal de l’organisation dans les années 1934-1940 1248. En mars 1935, lors d’une conférence donnée à l’Institut national agronomique, il relate une entrevue qu’il a eue en 1933 avec Benito Mussolini. L’APPCA a conservé le brouillon du compte-rendu de cette entrevue et d’une autre visite en Italie en 1938 1249. Il y évoque ses regrets de l’échec du rapprochement Mussolini-Laval, imputé à un Front populaire honni, et dévoile une admiration sans nuances pour le Duce. En 1938, il condamne le rapprochement avec Hitler mais reste très impressionné par l’assèchement des marais pontins et par l’organisation corporative agricole mise sur pied par les fascistes, tout en témoignant de fortes réticences quant à la dimension techniciste des réalisations agraires telles celle de Torre di Pietra et à leur coût, quoiqu’apparemment sceptique quant au caractère obligatoire et sous tutelle de l’État des syndicats corporatifs locaux italiens 1250. Qu’est-ce qui doit l’emporter, de la relecture a posteriori, à l’aune de l’échec de la Corporation paysanne de Vichy, ou d’authentiques réticences déjà formulées en 1940 et qui auraient justifié que Roger Grand soit tenu à l’écart de la COCP ? Il n’est guère possible de répondre à cette question. Isabel Boussard ne mentionne pas son nom 1251 et nous n’avons que peu d’indices sur son cheminement de 1940 à 1944.

D’une manière générale, il faut noter le poids relatif des hommes d’appareil de l’UNSA qui, sans lien avec les organisations locales, ont une influence considérable, à l’intersection des compétences techniques et juridiques : Louis Salleron, Rémy Goussault et Jean de Blois sont de ceux-là, et encadrent comme délégués le président Hervé de Guébriant. Les administrateurs du boulevard Saint-Germain ainsi que Lucien Chaserant, directeur du Syndicat des agriculteurs de la Sarthe, pointent la fusion des élus et des « administratifs » 1252 dans la Corporation. Il ne faudrait pas omettre de mentionner la présence d’Henry Dorgères au sein de la COCP, comme délégué général de la commission pour la propagande : outre que le repérage des partisans de Dorgères est quasi-impossible du fait de la rareté des traces laissées dans les archives, il semble que les dorgéristes, dont le chef de file a été « lâché par les notables » de l’UNSA, selon l’expression de Robert O. Paxton, n’aient eu « qu’une place réduite au sein de la Corporation paysanne, limité aux chefs locaux trop influents pour être ignorés » 1253.

Parmi les 16 membres ou présidents de chambre d’agriculture qui appartiennent à la COCP en janvier 1941, il est frappant de constater que pas moins de dix d’entre eux se trouvent également sur la liste des membres nommés le 23 janvier 1941 pour faire partie du Conseil national consultatif mis en place par Vichy. Parmi ces dix, quatre présidents de chambre d’agriculture, dont trois membres du bureau de l’APPCA : le trésorier Hervé de Guébriant et les vice-présidents Félix Garcin et Henri Decault.

Dans le but de « faire se dégager "les hiérarchies, les responsabilités, les compétences" et [de] remplacer le pouvoir numérique des "voix" par la notion de "valeur" », de « trouver encore un moyen autre que le suffrage universel pour s’assurer la fidélité des notables locaux et fabriquer une popularité officielle », le gouvernement de Pétain crée ce Conseil et en nomme les membres. Toujours selon Robert O. Paxton, leur liste « évoque un palmarès de la vieille France : on y trouve : le pianiste Alfred Cortot, le prince Louis de Broglie, physicien éminent, trois anciens ministres de la République (Georges Bonnet, Germain-Martin, Lucien Lamoureux), deux académiciens (Joseph de Pesquidoux, Abel Bonnard). Mgr Beaussart, co-adjutateur de l’archevêque de Paris, et le pasteur Boegner, président de la Fédération protestante de France ; viennent ensuite quelques présidents de chambre de commerce, une poignée de sénateurs et de députés, des dirigeants de sociétés agricoles ou de coopératives » 1254. Dans sa courte analyse du secteur agricole de ce conseil, Michèle Cointet estime qu’ils représentent 23,5 % des conseillers nationaux professionnels 1255. Son analyse s’attarde peu sur le sens de ces nominations, les cantonnant à une représentation des productions agricoles, opportune en période de pénurie alimentaire. Les appartenances syndicales ou politiques y sont évoquées de manière fugace. Toutefois, les méthodes de l’histoire sociale fine d’aujourd’hui 1256 ont permis de repérer 21 membres de chambre d’agriculture en fonctions en 1940 et trois anciens membres parmi les membres du Conseil national 1257. Parmi les membres en fonctions, douze ont été élus pour la première fois en 1927 et cinq seulement sont de nouveaux élus de 1939. Neuf des présidents de 1939, soit 10 %, sont nommés le 23 janvier 1941 pour appartenir à ce conseil.

En février 1941, l’APPCA n’existe plus. Comme le mentionne Michel Augé-Laribé, « le premier soin des jeunes doctrinaires, quand ils eurent affermi leur influence sur le gouvernement de Vichy, fut de détruire les chambres d’agriculture et de s’installer dans les meubles de l’Assemblée des présidents » 1258. Le 11bis rue Scribe, à Paris, est en effet désormais le siège de la Corporation paysanne. Si quelques-uns des présidents des chambres d’agriculture, assistés de quelques membres de celles-ci, pèsent collectivement dans les décisions de la commission d’organisation corporative paysanne (COCP), il s’avère que cela procède d’appartenances syndicales et politiques et que c’est malgré leur appartenance aux chambres d’agriculture qu’ils ont été nommés. Luce Prault, chef des services de l’APPCA depuis 1935, et François Houillier, sous-chef de service depuis 1937, entrent au ministère de l’Agriculture en février 1941 : le premier comme directeur des services économiques 1259, le second comme sous-chef de bureau 1260. Les chambres départementales doivent désormais limiter leur action à la promotion du « progrès de l’agriculture par les applications des sciences aux productions agricoles, animales et végétales ». Nombre d’entre elles ont tenu leur session de novembre comme d’habitude et s’apprêtent à faire de même au printemps. Pour de nombreux acteurs des chambres d’agriculture, membres, présidents et secrétaires administratifs, quelles perspectives l’organisation corporative qui s’amorce dans les départements ouvre-t-elle ?

Notes
1226.

Journal officiel de la République française, samedi 7 décembre 1940.

1227.

Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 54.

1228.

Journal officiel de l’État français, 22 janvier 1941, décret portant nomination des membres de la commission de l’organisation corporative paysanne, 21 janvier 1941. Isabel Boussard l’explicite d’ailleurs en ces termes : « Nous ne retenons ici que les fonctions qui suivent le nom des intéressés au Journal officiel, c’est-à-dire celles qu’eux-mêmes jugent probablement les plus importantes. Mais il ne faut pas oublier que des cumuls sont possibles », dans Isabel BOUSSARD, La Corporation paysanne. Une étape… ouvrage cité, f° 112, note infrapaginale.

1229.

Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 54.

1230.

Ibidem, p. 53.

1231.

Annuaire national agricole 1939.

1232.

Dictionnaire biographique français contemporain, Paris, Pharos, 1954, 687 p., pp. 120-121.)

1233.

Annuaire betteravier, 1945-1946, Paris, Confédération générale des planteurs de betteraves industrielles, s.d., 284 p. ; Claude GINDRE, Terre de Laverdines, Bourges, Imprimerie de E. Pigelet, 1877, 22 p.

1234.

Annuaire INA 1935, p. 270.

1235.

Isabel BOUSSARD, La Corporation paysanne. Une étape… ouvrage cité, f° 113.

1236.

Arch. APCA, Correspondance avec les chambres départementales, 1949-1965, Ain à Yonne, listes des membres, 1939, commentaires de 1949.

1237.

Voir Annexes. Dossier n° 5. Tableau 1 et graphique 2.

1238.

Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, pp. 57-58.

1239.

Isabel BOUSSARD, La Corporation paysanne. Une étape… ouvrage cité, f° 127.

1240.

Xavier WALTER, Paysan militant. Jacques Le Roy Ladurie, 1925-1940, Paris, F.-X. de Guibert, 2008, 1014 p.

1241.

Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, pp. 57-58.

1242.

Jacques LE ROY LADURIE, Mémoires, 1902-1945… ouvrage cité, pp. 243-245.

1243.

Ibidem, pp. 245-246.

1244.

Annuaire prosopographique du CTHS (http://cths.fr/an/prosopo.php?id=1603)

1245.

Nath IMBERT, Dictionnaire national des contemporains, Paris, Lajeunesse, 1939, 680 p., p. 318.

1246.

Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français… ouvrage cité, pp. 1872-1873.

1247.

Roger GRAND, « Le domaine rural stable et organisé », dans Semaines sociales de France, Rennes, 1924, Rennes, [s. n.], pp. 215-229.

1248.

Pierre BARRAL, Les agrariens français de Méline à Pisani… ouvrage cité, p. 234.

1249.

Arch. APCA, Dossiers Personnalités, dossier Roger Grand, « Mussolini », [années 1950]

1250.

Ibidem.

1251.

Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité.

1252.

Par « administratifs », nous désignons les individus employés par les organisations agricoles, à la différence de ceux qui en sont les représentants, élus ou non.

1253.

Robert O. PAXTON, Le temps des chemises vertes… ouvrage cité, pp. 226-243.

1254.

Robert Owen PAXTON, La France de Vichy, 1940-1944… ouvrage cité, p. 188.

1255.

Michèle COINTET, Le Conseil National de Vichy, 1940-1944, Paris, Aux Amateurs de Livres, 1989, 483 p., pp. 80-84.

1256.

Journal officiel de l’État français, 24 janvier 1941, décret portant nomination des membres du conseil national de Vichy, 23 janvier 1941.

1257.

Voir Annexes. Dossier n° 5. Tableau 1 et graphique 1.

1258.

Michel AUGÉ-LARIBÉ, La Révolution agricole, Paris, Albin Michel, 1955, XX-438 p., p. 274.

1259.

Benoît YVERT [dir.], Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989, Paris, Librairie Académique Perrin, 1990, 1 028 p., p. 722 ; Informations communiquées par Jean-Louis Prault (fils de Luce Prault) en mars 2008.

1260.

Who’s who in France, 1965-1966, Paris, Jacques Lafitte, 1965, 2 796 p.