En considérant l’ensemble des membres des URCA à la date de leur nomination au Journal officiel, soit 1600 individus 1420, on observe tout d’abord que comme au sein des CROC, on compte 18 % des membres des chambres d’agriculture en fonctions. 17 % des membres des chambres, présidents exclus, ont rejoint les URCA à la date de leur constitution, comme ils avaient rallié les équipes chargées de l’organisation corporative quelques mois plus tôt. Les similitudes s’arrêtent cependant là. On observe tout d’abord que le poids relatif des membres des chambres d’agriculture n’atteint que 22 %, présidents compris, quand il représentait 30 % des CROC. Ensuite, quand quarante présidents de chambre d’agriculture appartenaient aux CROC, ils ne sont plus que 32 dans les conseils régionaux corporatifs des URCA, soit 40 % de l’effectif de l’APPCA. L’évolution n’est cependant pas seulement celle d’une simple désaffection des membres et des présidents des chambres ou d’un ostracisme délibéré de la COCP ou du ministère.
Parmi les 316 membres de chambre d’agriculture qui appartiennent aux CROC lors de leur constitution, seuls 219 sont officiellement nommés membres du Conseil de l’URCA quelques mois plus tard. Ainsi, au moins 74 membres de chambre d’agriculture qui avaient été désigné comme membres des CROC n’ont pas été choisis pour faire partie du Conseil régional corporatif de l’URCA, une incertitude demeurant pour une vingtaine d’individus, du fait de lacunes archivistiques. La proportion de présidents dans ce cas est encore plus nette : sur 40 présidents de chambre qui appartenaient au CROC à sa constitution, au moins une douzaine n’est pas nommée pour former l’URCA. Encore une fois, les procès-verbaux sont un matériau très délicat : la grande diversité des procédures et la très variable précision de leurs comptes rendus contribuent à une faible lisibilité des opérations électorales et des motivations des nominations dont la décision finale est entre les mains des ministres de l’Agriculture en fonctions entre janvier 1942, date des premières nominations, et décembre 1943. Lors des assemblées constitutives, il est procédé à des élections qui n’en sont guère : les propositions sont le plus souvent présentées comme émanant directement du CROC et semblent laisser peu de place aux candidatures individuelles ; les élections sont ainsi peu concurrentielles et l’unanimité est affichée avec emphase ; enfin le nombre de membres du Conseil régional corporatif constituant l’URCA est finalement laissé au bon vouloir de la COCP ou du ministre. Ainsi dans le Morbihan, les membres de l’assemblée constitutive « demande[nt] à M. le Ministre Secrétaire d’État à l’Agriculture, de fixer au maximum autorisé de 18 le nombre des membres du Conseil régional corporatif du Morbihan, et de bien vouloir choisir ces 18 membres parmi les 36 personnalités dont les noms suivent » 1421 : ce sont finalement 37 membres qui constituent le Conseil de l’URCA de ce département, exception notoire parmi des unions régionales dont les conseils sont en général formés d’une vingtaine de membres tout au plus.
Parmi les 74 membres de chambre d’agriculture qui appartenaient au CROC et ne sont finalement pas nommés membres de l’URCA sur les listes publiées au Journal officiel, on peut isoler 35 individus dont le nom est totalement absent du procès-verbal, soit que les candidats ayant obtenu peu de voix n’y soient pas mentionnés, soit qu’ils n’aient pas été candidats ou pressentis. Les 39 autres ont, d’une manière ou d’une autre, été candidats aux fonctions de membres du Conseil régional corporatif de l’URCA : parmi eux, cinq ont très clairement été battus, tandis que 34 ont étés élus, ou du moins proposés à la nomination du ministre même s’ils n’ont réuni que peu de voix. Le flou règne mais des éléments peuvent être avancés.
Spontanément ou sur demande expresse, des renseignements individuels ont parfois été fournis qui peuvent avoir directement influencé la décision de la COCP ou du ministère : ainsi dans l’Ariège, c’est apparemment à la demande de Pierre Benet 1422, président de la Confédération générale des vignerons du Midi et membre de la COCP, que Charles Donnat, délégué régional du CROC, ancien directeur des services vétérinaires, envoie à la COCP quelques pages contenant des notices circonstanciées sur chacun des membres proposés. Hermann Boire, membre du CROC y est présenté comme « propriétaire exploitant, vice-président de la chambre d’agriculture, président du syndicat d’élevage de la race Brune des Alpes, administrateur de la caisse d’assurances sociales agricoles, des allocations familiales agricoles, très dévoué à toutes les organisations agricoles », tandis que deux de ses collègues sont seulement désignés comme membres de la chambre d’agriculture : il est le seul à n’être finalement pas nommé comme membre du Conseil de l’URCA. Cette lettre est par ailleurs très suggestive du pouvoir du délégué régional qui, de la simple allusion à la dénonciation, dispose des moyens d’écarter des candidats élus par les syndicats corporatifs. Ainsi, de Charles Dehoey, il est écrit : « la liste comprenant un 18 e nom, M. Dehoey, propriétaire exploitant, ancien élève de l’École de Grignon ; depuis cette élection, des renseignements complémentaires m’ont fait connaître sa collaboration à diverses revues et journaux et qu’il avait abandonné sa femme et ses deux enfants pour vivre en concubinage avec une autre personne. Le nombre de 18 étant atteint, je laisse le soin d’apprécier à la COMMISSION NATIONALE. Je compte être à Vichy pour les 22 et 23 avril, j’aurai le plaisir de vous entretenir de toutes les questions qui n’auraient pas encore de solution » 1423.
La mention de l’appartenance à la chambre d’agriculture relève du bon vouloir des délégués régionaux et informateurs des instances centrales de la Corporation paysanne, influant ainsi directement sur la composition des listes que celles-ci soumettent au ministre. Dans l’Ain, quatre membres de la chambre appartenaient au CROC et sont désignées pour faire partie du Conseil de l’URCA. Si le secrétaire et le vice-président de la chambre en sont désignés comme membres, deux autres sont présentés sans qu’allusion ne soit faite à ce mandat, dont Pierre Chambaud, qui devient syndic adjoint 1424. Certains renseignements fournis éclairent sur d’autres aspects : dans l’Oise, un tableau récapitulatif des membres proposés mentionnent la superficie exploitée et la date de naissance. La comparaison de la liste des membres proposés et de ceux finalement retenu révèle que les plus gros exploitants ont souvent été préférés aux plus modestes, même lorsqu’ils avaient obtenu moins de voix 1425. Henri Moulié, membre de la chambre d’agriculture ayant rejoint le CROC en août 1941, ne fait partie des membres nommés au Journal officiel en septembre 1942 parmi les membres de l’URCA : si contrairement aux autres candidats, il n’est pas fait mention de la superficie de son exploitation, on peut estimer que ses 66 ans et la quarantaine de voix qui lui manquent ont pu contribuer à ce que son non ne soit pas retenu.
Ce peut également être par la fonction à laquelle le candidat est proposé qu’une connivence a pu naître entre délégués responsables ou délégués régionaux et les instances nationales chargées de trancher. Ces situations sont très claires pour de nombreux présidents de chambre d’agriculture. Ainsi Charles Gaffier, ancien président de la chambre d’agriculture, est proposé comme président d’honneur du Conseil de l’URCA, mais n’est pas retenu à cette fonction qui n’est d’ailleurs pas prévue par les textes, laissant penser à une nomination honorifique, de pure forme 1426. Qu’en est-il dans le cas d’Henri Decault, président de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, membre de la COCP et du Conseil national de Vichy, délégué responsable nommé en avril 1941, qui est proposé comme « syndic régional d’honneur » 1427 ? Le procès-verbal est laconique – comme le sont au sujet de cet individu les ouvrages historiques, silencieux 1428 ou erronés 1429 – et rend bien délicate l’interprétation d’une éviction que l’on ne pourra que rapprocher d’autres cas du même type, mais moins silencieux. L’appartenance au Conseil de l’URCA est-elle vue comme facultative par les hommes de la COCP ? Le nom de Pierre Leclercq, membre de la COCP et président de la commission interdépartementale betteravière du Nord et du Pas-de-Calais, membre de la chambre d’agriculture du Pas-de-Calais depuis 1933, a été rayé par deux fois, au crayon rouge puis à la mine de graphite, alors qu’il figurait comme élu au poste de syndic-adjoint de l’URCA 1430. Sont-ce plutôt d’éventuelles divergences internes à la COCP ou tensions avec le ministère de l’Agriculture qui se feraient jour au travers de cette radiation ?
Nous avons vu comment le président de la chambre d’agriculture de la Mayenne, Pierre Vauquelin, avait été associé à l’équipe du CROC, et quelle configuration sociale, professionnelle et politique locale avait commandé ce rassemblement. Lors de l’assemblée constitutive tenue salle des Variétés, à Laval, le 22 novembre 1941, Pierre Vauquelin n’obtient que 14 voix, quand ceux qui sont retenus en totalisent plus de deux cents, sur 252 syndics présents. Le vote auquel il a été procédé a consisté en un scrutin de liste, avec possibilité de modifier la liste, ce qui a été fait par les électeurs dans un cas sur deux. C’est un véritable camouflet pour le président de la chambre d’agriculture, quand l’un des membres de celle-ci, Raymond Delatouche, devient syndic régional. Le cas de l’ensemble des membres de la chambre révèle une nette redistribution des rôles, qui voit le délégué responsable, Marc de Montalembert, vice-président de la chambre d’agriculture, proposé en concurrence avec Raymond Delatouche pour le poste de syndic régional, nommé finalement simple membre du conseil. Le métayer Eugène Beaumont est totalement absent des instances corporatives départementales, tandis qu’Auguste Couillard, président du Syndicat des agriculteurs de la Mayenne, affilié au boulevard Saint-Germain 1431, ayant rassemblé 182 voix, fait partie de la liste des 27 membres « soumise à la commission nationale d’organisation corporative pour présentation à M. le Ministre secrétaire d’État à l’Agriculture qui désignera parmi eux les dix-huit membres du Conseil de l’Union régionale corporative agricole de la Mayenne » 1432, mais n’est finalement pas retenu comme membre du Conseil de l’URCA.
En Corrèze, Joseph Faure a été nommé délégué responsable en juillet 1941, mais, on l’a vu, l’organisation corporative dans le département est confiée aussi au délégué responsable provincial, Marc de Bruchard, de Haute-Vienne. Le 1er juillet 1942, l’assemblée constitutive de l’URCA se tient à Tulle, au théâtre municipal : c’est Jacques Coudert, le délégué adjoint du CROC, qui préside la séance. 258 syndics corporatifs locaux votent pour les membres du Conseil de l’URCA. Lors de l’élection du syndic régional, Joseph Faure obtient 104 suffrages, Jacques Coudert, 139, et Albert Blanc, ancien membre de la chambre d’agriculture, non réélu en 1936, conseiller national 1433 et membre du CROC 1434, treize suffrages. Joseph Faure ne rassemble que quatre voix pour l’élection du syndic régional adjoint et à peine quatorze pour l’élection des membres du conseil. Le procès-verbal est lapidaire, mais on devine que l’élection très concurrentielle, peu courante en apparence dans les comptes rendus conservés dans les archives, où domine l’impression d’unanimité, a conduit à un retrait de Joseph Faure et, partant, à son absence du Conseil de l’URCA. Au moment de sa mort, en avril 1944, il sera dit de cet épisode, dans un hommage qui lui est rendu : Joseph Faure « prend, en effet, l’initiative de la création, le 12 août 1942, de la Coopérative départementale, à laquelle la Fédération offre ses économies. Il s’intéresse aussi à l’organisation de la Corporation paysanne, à la tête de laquelle il devait être dans l’esprit de beaucoup. Pourtant, le jour de l’élection, les électeurs purement agricoles ceux-là, lui préfèrent un homme plus jeune, actif, ardent, disert, il est vrai, et dévoué à la paysannerie, mais qui aurait voulu en laisser la direction au plus qualifié des représentants de l’agriculture de France. Alors, Joseph Faure comprend et imite Cincinnatus revenant à la charrue » 1435.
On notera l’inversion chronologique et on précisera que ce texte vient à la suite du récit des circonstances dans lesquelles Joseph Faure abandonne ses fonctions politiques, notamment sénatoriales, à l’automne 1938 : pour l’auteur, l’échec en forme de retrait qui a lieu lors de l’assemblée constitutive de l’URCA en juillet 1942, ne serait que le parachèvement d’une retraite mythifiée, quand bien même son engagement dans la coopérative départementale, en août 1942, contredit cette thèse. Dans ses mémoires, Joseph Faure n’est guère bavard à ce sujet : il y apparaît cependant que c’est vraisemblablement pour prolonger l’action de la Fédération des associations agricoles de la Corrèze (FAAC) que cette coopérative agricole a été créée : la FAAC « a passé le fruit de ses initiatives heureuses et de ses économies s’élevant à environ un million deux cent mille francs [soit 1 807 200 francs 2001 1436], à la coopérative agricole appelée à recueillir sa succession et dont le champ d’action s’étendra à la collecte des produits agricoles, leur stockage, leur industrialisation et la vente en commun comme des achats nécessaire à la culture [sic] ». Il précise également son rôle dans cette création : « J’ai pris l’initiative, avec quelques amis, de la création de cette société coopérative mise debout par acte authentique le 12 août 1942 pour essayer de sauver le maximum de ce que nous avions réalisé profitablement par nos efforts soutenus durant tant d’années dans le domaine de la prévoyance et de la solidarité professionnelle agricole. Que sera cette coopérative ?... Elle vaudra ce que vaudront les hommes qui seront appelés à la diriger. Lors de la constitution de son bureau et de son conseil d’administration, je fus désigné comme président à l’unanimité de l’Assemblée, mais j’ai décliné cet honneur dans les circonstances actuelles. Sous le régime d’autorité et d’économie dirigée où nous vivons, mon indépendance aurait trop souffert et il m’eût été difficile de m’incliner devant les pouvoirs publics sans renier tout mon passé consacré à la défense agricole, sans égard à d’autres considérations qui me guident souvent aujourd’hui » 1437.
L’homme qui devient syndic régional, Jacques Coudert, ne fait pas partie des bureaux des principales organisations professionnelles agricoles de Corrèze en 1939 1438. Installé comme agriculteur-forestier à Saint-Pardoux-le-Vieux en 1932, ce fils d’un avocat, membre du conseil de l’ordre, est né à Paris en 1908 : il a fréquenté l’institution Sainte-Croix à Neuilly-sur-Seine et est ingénieur diplômé de l’Institut agricole de Beauvais. En 1937, il devient expert près la cour d’appel de Limoges 1439. Quel sens donner au fait que Jacques Coudert supplante Joseph Faure ? Un homme jeune, 34 ans, remplace un dirigeant de 67 ans. Leurs itinéraires professionnels sont très différents et la Corporation semble un possible moyen d’accéder aux responsabilités pour Jacques Coudert. Leurs opinions politiques et leur attitude vis-à-vis de Vichy et des forces d’occupation nous sont peut connues. Joseph Faure rédige ses mémoires en octobre 1943, après la loi sur l’organisation du travail obligatoire (STO), après l’occupation totale de la France, après la capitulation de l’armée de Paulus à Stalingrad, après la libération de l’Afrique du Nord, au moment où un état d’esprit favorable à la défaite de l’Allemagne se généralise, où les liens avec le maréchal Pétain se distendent : il reste évasif et prudent sur ce qu’il désigne par les « autres considérations qui me guident souvent aujourd’hui » 1440. Jacques Coudert, dit décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Médaille de la Résistance, en 1971 1441, est-il dans le même état d’esprit que Joseph Faure vis-à-vis de la Corporation et de Vichy en juillet 1942 ? Rien n’est moins sûr. Il est plus probablement qu’en Joseph Faure, ce soit l’ancien sénateur et le président de l’APPCA qu’on ait voulu écarter.
Plus certainement, parmi ceux qui sont absents des conseils régionaux corporatifs des URCA, on compte nombre de dirigeants agricoles de l’entre-deux-guerres, membres de chambre d’agriculture, dirigeants de comices ou de sociétés d’agriculture, anciens membres d’offices agricoles départementaux ou régionaux, proches des organisations du boulevard Saint-Germain, conseillers généraux ou parlementaires. Les absents ont pu se tenir volontairement à l’écart de ces fonctions, mais attardons-nous encore un peu sur les cas de ceux qui ont été candidats et ont été désavoués, par le corps électoral des syndics corporatifs locaux assemblés, par la COCP ou par le ministère. Parmi les rares élus des chambres d’agriculture qui sont clairement battus lors de l’assemblée constitutive, on compte encore, en Maine-et-Loire, Gaston de Rochebouet, ancien administrateur de l’office agricole départemental et vice-président de comice 1442, vice-président de la chambre d’agriculture, ou encore Ludovic Buffière, en Corrèze, membre de la chambre d’agriculture depuis 1933, président de la Société d’encouragement à l’agriculture et à l’arboriculture du Bas-Limousin 1443, qui ne recueille que 138 voix sur 257 suffrages exprimés. Les deux seuls représentants de la chambre d’agriculture des Côtes-du-Nord dans le CROC du Finistère et des Côtes-du-Nord, Yves Le Joliff et Yves Le Cozannet, sont battus lors de l’élection organisée le 28 octobre 1941 quand onze des membres de la chambre du Finistère sont élus et retenus par la COCP et le ministère. Explique cet échec la présence dans l’assemblée d’un nombre de syndics corporatifs locaux finistériens deux fois plus important que celui des syndics des Côtes-du-Nord 1444. Le nom de Clément Condamine, vice-président de l’Association vinicole roannaise 1445 aurait quant à lui été rayé en amont des opérations électorales, « après accord avec l’intéressé », mais au cours des élections décentralisées qui ont lieu dans chaque commune du département de la Loire, il recueille quatorze voix, concentrées dans quelques communes du Roannais 1446.
Mais le plus souvent, c’est apparemment par le nombre de voix affiché, par la position dans la liste des membres proposés – que celle-ci soit ou non explicitement fonction du nombre de suffrages – que la sélection se fait entre ceux qui sont retenus par le ministre et ceux qui ne le sont pas. Ainsi le président de la chambre d’agriculture du Gers, Gaston Bernès, également président de la Société d’encouragement à l’agriculture du Gers 1447, est-il proposé comme syndic adjoint, en deuxième position et avec beaucoup moins de voix que l’ensemble des membres du conseil, et n’est finalement pas sur la liste des membres du Conseil régional corporatif de l’URCA. Émile Naslin, président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, président d’un comice, de la Caisse de réassurance agricole mutuelle incendie de l’Ouest et du Syndicat des apiculteurs du Poitou 1448, est proposé en tant que suppléant, sur une liste très excédentaire. Les membres de chambre d’agriculture dans ce cas sont nombreux, qui tels Antoine Tarrade, indiqué en 21e position sur la liste des membres « susceptibles de faire partie du conseil régional corporatif agricole qui sera composé de 18 membres » 1449, n’est finalement pas retenu. C’est également le cas de Pierre de Roquette-Buisson et Maurice Salles, membres de la chambre d’agriculture de la Gironde, membres du CROC, proposé à la désignation comme membres du Conseil régional corporatif de l’URCA mais avec respectivement 281 et 313 voix sur 367 votants 1450.
Les annotations sibyllines au crayon rouge sur les pages des procès-verbaux contenant les propositions sont-elles le fait des membres de la COCP ou du ministère ? Il serait bien difficile d’en décider une fois pour toutes. Certaines de ces annotations semblent établir avec certitude que ce sont les « mieux élus » qui ont été retenu : c’est le cas pour l’URCA du Bas-Dauphiné, quand bien même seule une demi-douzaine de voix séparent les individus retenus de ceux qui ne le sont finalement pas. Ces quelques voix pèseraient ainsi bien lourds et pourraient être celles des quelques dirigeants pressentis très tôt et très en phase avec les projets des corporatistes : leur rôle serait-il de départager, dans la quasi-unanimité, les dirigeants « conformes » et les « non-conformes », comme un message à la COCP et au ministère ? Le nombre de voix ne fait pas toujours la différence : en Ardèche, Guy Fougeirol rassemble, comme les autres candidats, 260 suffrages, il n’est pourtant pas désigné in fine. On peut supposer que ses mandats de conseiller général 1451 et de président du Syndicat agricole de Saint-Laurent-du-Pape, affilié à l’Union des syndicats agricoles de l’Ardèche, rivale de la Fédération de l’Ardèche de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles, et présidée par le docteur Marcel Astier 1452, ancien député de la gauche radicale, sénateur inscrit au groupe de la gauche démocratique en 1939 1453, celui des « Quatre-Vingt » qui s’illustra par le cri « "Vive la République quand même !" » après le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il n’est guère possible de savoir quelles sont les informations connues et retenues, dans les préfectures, à Paris et à Vichy, sur chacun des candidats proposés. Cependant, tant que les conseils des URCA ne sont pas officiellement nommés, ce sont en général les délégués des CROC qui restent les interlocuteurs privilégiés de la COCP, même si des réseaux d’informations parallèles peuvent s’être établis, avec des délégués adjoints, avec des délégués provinciaux aussi, ou directement entre le cabinet du ministre et des informateurs locaux : de multiples connivences s’établissent qui aboutissent notamment à un net reflux de la participation des membres des chambres d’agriculture, et a fortiori de leurs présidents, aux conseils des URCA, par rapport à leur participation aux CROC.
Les assemblées constitutives des URCA se sont tenues d’octobre 1941 à la fin 1942, exception faite du Tarn et du Tarn-et-Garonne, où ces assemblées n’ont lieu qu’à l’été 1943. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que la part des membres des chambres d’agriculture qui rejoignent les conseils régionaux corporatifs des URCA fluctue au fil de la période, il s’avère que ce n’est pas le cas du tout. Avant la fin avril 1942, pendant les six premiers mois de l’organisation corporative définitive, avant que ne soit notamment précisé et durci le rôle des syndics dans la répartition des impositions 1454, la part des membres des chambres d’agriculture qui sont désignés pour faire partie des URCA est en moyenne de 21 %, tout comme pendant la période suivante qui va des premiers jours de mai 1942 au moment de l’occupation totale du pays en novembre 1942, et même au-delà de cette période en 1942 et début 1943. Le poids des membres de la chambre d’agriculture dans le Conseil de l’URCA n’évolue pas non plus sensiblement d’une phase à l’autre. Il reste que nous n’avons pu recenser l’ensemble des candidats à ces fonctions, mais seulement ceux qui sont finalement nommés. C’est ainsi qu’interviendrait alors une autre périodisation, calquée, elle, sur les dates d’entrée en fonction des ministres de l’agriculture, qui impliquent un renouvellement important du personnel ministériel.
Pour l’ex-APPCA et les chambres d’agriculture, cela peut avoir des conséquences importantes : Isabel Boussard note notamment qu’en avril 1942, Jacques Le Roy Ladurie « réalise ses projets de 1940 : prendre le ministère de l’Agriculture et faire de M. Luce Prault, le secrétaire général de ce ministère » 1455. Luce Prault aurait eu carte blanche pour composer son équipe : il recrute notamment François Houillier, sous-chef de service à l’APPCA de 1937 à 1940, puis sous-chef de bureau au ministère de l’Agriculture en 1941-1942, comme chef de cabinet, tandis que Georges Bréart, chef de service à l’APPCA, de 1937 à 1940, devient directeur 1456. Cependant, la part des membres de la chambre qui rejoignent l’URCA et leur poids relatif dans celle-ci n’est pas non plus différente, en moyenne, suivant que les noms des membres ont été validés par l’un ou l’autre des ministres. Des inflexions discrètes sont tout juste repérables : deux jours avant que Pierre Caziot ne quitte le ministère, le 16 avril 1942, les noms des membres de 17 URCA sont publiés au Journal officiel, comme dans la précipitation, et on compte parmi eux 77 membres de chambre d’agriculture. Huit présidents de chambre d’agriculture sont nommés alors que Pierre Caziot est ministre, quatre seulement quand c’est Jacques Le Roy Ladurie qui est au pouvoir, tandis que son secrétaire d’État puis successeur, Max Bonnafous, en nomme dix-huit à partir de septembre 1942. Les évènements ne semblent toutefois pas avoir influé massivement sur la propension des membres et des présidents de chambre d’agriculture à rejoindre le Conseil de l’URCA de leur département.
Toutefois, les aléas de la Corporation paysanne et ses difficiles rapports avec le ministère ont pu avoir un impact que seule une analyse fine de chaque situation départementale permettrait de dévoiler. Le 22 mars 1942, l’assemblée constitutive de l’URCA du Puy-de-Dôme se déroule en présence d’Hervé de Guébriant, président de la COCP, de Richard Desanges, délégué régional du CROC, membre de la chambre d’agriculture depuis 1939, ainsi que d’Henri Côte, membre du CROC et président de la chambre d’agriculture depuis 1927. Aux 50 chefs de district et 410 syndic qui sont présents, s’ajoutent « les membres du Comité régional d’organisation corporative, les membres de la Chambre d’agriculture et un grand nombre de personnalités ». Le détail des opérations électorales n’a pas été consigné : on apprend seulement qu’une « liste de 18 membres composée des représentants des différentes activités et productions agricoles du département […] a été adoptée à l’unanimité par l’assemblée générale ». Parmi eux, six membres de la chambre d’agriculture, dont ses deux vice-présidents et son secrétaire-adjoint. Par ailleurs, « M. H. Cote sera proposé comme délégué régional » 1457, soit comme syndic régional suivant l’appellation en vigueur ensuite. Les tensions entre le ministère et la Corporation s’accentuent, notamment entre le nouveau ministre, Jacques Le Roy Ladurie, et Pierre Caziot, devenu président de la Corporation paysanne, tandis qu’Alain de Chantérac, proche du ministre, a été nommé commissaire du gouvernement auprès de la Corporation. Isabel Boussard cite « des incidents locaux, des retards dans l’organisation du statut financier, dans les fusions concernant la Mutualité, la coopération, [et en conclut qu’]il semble qu’on fasse tout, au ministère, pour entraver l’action du président de la Corporation » 1458. Pour exemple de la dégradation de la situation au niveau national et de ses répercussions locales, elle mentionne la lettre de démission de Henri Côte, syndic régional du Puy-de-Dôme, en date du 8 août 1942, « dans laquelle ce dernier se plaint du retard d’homologation de son URCA, ce qui l’empêche de fonctionner normalement, et ajoute que la situation générale se dégrade au point qu’il a été traité fort cavalièrement lors d’une réunion publique : "Je n’ai jamais été traité ainsi depuis quarante-deux ans de la longue carrière, et même sous le Font Populaire" » 1459. Ainsi, l’engagement de certains présidents a-t-il pu être fluctuant et certains évènements rester invisibles au chercheur qui l’envisage à partir des listes telles qu’elles ont été homologuées par le ministre. En février 1943, après une seconde assemblée constitutive tenue en janvier 1943, Henri Côte est en effet nommé simple membre du Conseil de l’URCA, tandis que Richard Desanges devient syndic régional 1460. L’interprétation proposée par Isabel Boussard nous semble cependant faire la part belle aux facteurs nationaux, susceptibles de tout expliquer, y compris au village ou dans les préfectures.
Si les chambres d’agriculture dont aucun des membres n’entre au Conseil de l’URCA sont rares – on en compte quatre seulement 1461 –, il ne se rencontre pour ainsi dire aucune situation où la majorité de la chambre aurait rallié le Conseil de l’URCA, en excluant le cas du Territoire de Belfort, non significatif. Dans 13 % des départements, moins d’un membre sur huit entre à l’URCA, dans 41 % des cas, un huitième à un quart des membres et dans 29 % des cas, 26 à 48 % des membres en fonctions. Est-ce à dire que les chambres d’agriculture de 1942 sont constituées d’une minorité de corporatistes ? Cela signifierait-il que les trois quarts des chambres d’agriculture sont, dès 1939, investies par une solide minorité d’hommes favorables à un régime corporatif pour l’agriculture et prêts à construire cette nouvelle organisation dans le cadre du régime de Vichy et sous la tutelle allemande ? Ce serait nier les motivations et les formes très diverses de l’engagement dans les instances corporatives. Il eut fallu également repérer les débats éventuels qui ont pu avoir lieu entre les membres des chambres d’agriculture réunis en sessions en 1941, 1942 et 1943, sur l’opportunité de rejoindre l’équipe de l’URCA : les rares procès-verbaux de la période auxquels nous avons accédé ne contiennent pas la transcription de ce type d’échanges, susceptibles d’avoir opportunément échappé au sténographe.
Un muet consensus se serait-il établi entre syndics locaux, délégués régionaux, membres de la COCP et hommes du ministère pour limiter l’accès des membres des chambres d’agriculture aux structures corporatives départementales ? Il apparaît en effet qu’alors que les membres de la chambre d’agriculture étaient majoritaires dans le CROC d’une poignée de départements en 1941, ce n’est le cas dans aucune des URCA. Les membres de la chambre d’agriculture représentent – mais forment-ils un groupe d’acteurs uni ou mobilisable ? – moins d’un huitième du Conseil de l’URCA dans 16 % des cas, un huitième à un quart dans 38 % des cas, enfin 36 à 48 % dans un tiers des cas, soit une consistante minorité, susceptible de se muer en majorité en cas d’absentéisme des autres membres. Le repli est certes évident depuis l’étape provisoire des CROC, mais dans la plupart des départements, les chambres d’agriculture assurent une présence significative dans les instances corporatives, sans pouvoir y peser de manière certaine.
La représentation cartographique n’éclaire que très peu sur les processus à l’œuvre 1462. La tendance des membres des chambres à rejoindre les conseils des URCA et le poids qu’ils y pèsent est inégal d’un département à l’autre, dans une mosaïque de cas particuliers aussi peu unie en zone occupée qu’en zone libre. Les quelques départements organisés après l’occupation totale du pays, survenue en novembre 1942, n’échappent pas à ces constats de diversité irréductible. Tout au plus peut-on repérer des zones de plus fort engagement des membres des chambres d’agriculture dans les bassins d’influence de certaines grandes organisations professionnelles : c’est le cas autour de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles, de la Confédération générale des vignerons du midi, de l’Union du Centre-Est, dans le Bassin parisien dominé par l’AGPB, en Bretagne méridionale et dans le Finistère. On devine également une large zone de désaffection dans le Sud-Ouest, mais qui n’est pas si nette que ne l’eut laissé espérer un raisonnement envisageant ces terres avant tout comme acquises au radicalisme et au socialisme, notamment au travers du prisme des luttes des métayers et résiniers par exemple.
La confrontation d’une liste des secrétaires généraux des URCA 1463 et du répertoire tenu par Luce Prault en 1938-1940 1464 permet de repérer cinq secrétaires administratifs de chambre d’agriculture qui deviennent secrétaires généraux d’une URCA. Il faut préciser que sur 83 secrétaires administratifs recensés par Luce Prault, quinze étaient des femmes, et treize étaient par ailleurs directeur des services agricoles (DSA), deux « catégories » peu susceptibles d’être nommées dans le cadre du régime de Vichy. Deux d’entre eux sont ingénieurs agronomes. François-Marie Jacq, né en 1897, « fils de paysans » 1465, il est issu de la promotion 1919 de l’Institut national agronomique 1466. Après avoir été professeur d’agriculture du département de l’Eure, il entre à l’office central de Landerneau en 1926 comme secrétaire général adjoint puis secrétaire général : « il entreprit de développer le programme d’enseignement de l’Office central jusqu’à en faire le principal instrument de recrutement d’une "élite paysanne" et se chargea, en général, du "côté social" des activités de l’organisation » 1467. Dans les années 1930 et toujours à la veille de la guerre, il est le secrétaire administratif de la chambre d’agriculture du Finistère 1468. Enfin, en mars-avril 1941, il est choisit puis nommé délégué responsable du CROC du Finistère et des Côtes-du-Nord. Sa conception semble être celle d’une continuité entre l’action de l’Office central de Landerneau et de l’URCA du Finistère et des Côtes-du-Nord puisqu’en mars 1944, il déclare être entré à l’URCA en juillet 1924 1469. Marcel Demar, né en 1911, entré à l’Institut national agronomique en 1930 1470, est secrétaire de la chambre d’agriculture et de la Fédération des associations agricoles de l’Yonne depuis 1934. Entré en fonctions « à la création de l’URC », en tant que secrétaire général, il y côtoie six membres de la chambre d’agriculture. Maurice Bouton, ingénieur agricole formé à l’École nationale d’agriculture de Rennes, promotion 1909 1471, est directeur de la Société des agriculteurs de l’Oise avant la guerre 1472 et le secrétaire administratif de la chambre d’agriculture 1473, dont le président Henry, est aussi vice-président de la Société des agriculteurs de l’Oise 1474 : Maurice Bouton a une petite cinquantaine d’années quand il rejoint l’URCA de son département en tant que secrétaire général. Jacques Levesque du Rostu et Édouard Fargues sont tous deux licenciés ès-lettres et titulaires d’une licence de droit. Le premier, secrétaire général de la chambre d’agriculture, est âgé de 39 ans quand il rejoint l’URCA de la Loire-Inférieure comme secrétaire général. Le second, né en 1888, cumule les postes administratifs dans les organisations professionnelles agricoles de l’Hérault des années 1930 : « secrétaire administratif depuis 1934 de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, de la Chambre régionale d’Agriculture, du Syndicat des vignerons de Montpellier-Lodève, de la Fédération départementale des caves coopératives, du Syndicat central des distilleries de Montpellier-Lodève, du Syndicat des Raisins de table de l’Hérault et, depuis 1941, de la Confédération nationale des Caves Coopératives et du Comité d’organisation corporative de l’Hérault », ce qui, selon le délégué régional de l’Hérault, plaidant sa cause auprès du président de la COCP, « montrer[ait] quelle est l’estime dont il jouit dans [les] milieux [agricoles] et qui justifient amplement sa candidature » 1475. Nous aurons l’occasion, au fil des chapitres, de développer la question des relations qui unissent les élus des organisations agricoles et leurs secrétaires administratifs, directeurs et agents techniques, dont les mondes ne sont pas clivés.
Qui sont les trente présidents de chambre d’agriculture qui sont désignés pour faire partie du Conseil des URCA à sa constitution ? La comparaison, suivant les mêmes critères que ceux utilisés pour comparer les présidents membres des CROC et ceux qui sont restés en dehors, du groupe des présidents membres des URCA et de ceux qui n’y sont pas révèle quelques menues évolutions 1476. Les présidents de chambre d’agriculture devenus membres du Conseil d’une URCA sont âgés en moyenne de 63 ans, contre 69 pour ceux qui sont restés à l’écart de ces structures. Les deux seuls quadragénaires présidents de chambre d’agriculture, Victor Joly, des Bouches-du-Rhône, et Jacques Le Roy Ladurie, sont membres d’une URCA, mais l’un comme l’autre groupe comptent des septuagénaires et mêmes des octogénaires, reléguant aux oubliettes l’hypothèse d’une ligne de partage fondée avant tout sur l’âge. Légèrement plus nouveaux dans l’institution, en moyenne, sans que cela soit significatif, ils sont un peu moins nombreux, en proportion, à pratiquer l’élevage, selon le recensement de l’Annuaire national de l’Agriculture publié en 1939 1477. Si leur implication à l’APPCA – à ses sessions, par l’appartenance aux CPG ou au bureau et par la présentation de rapports – est la même que celle de l’ensemble des présidents, il apparaît que les présidents de chambre d’agriculture qui étaient parlementaires en 1940 ou qui l’avaient été avant cette date, ont été totalement exclus des instances corporatives départementales.
En 1942, onze présidents de chambre d’agriculture sont syndics régionaux 1478. Notons d’emblée que près de la moitié des syndics régionaux sont issus des chambres, puisque 31 autres en sont membres au moins depuis 1939, comme c’est le cas de près d’un tiers des 125 syndics adjoints. L’hypothèse d’une exclusion des membres des chambres d’agriculture est ainsi invalidée puisque ceux-ci sont plus présents aux postes les plus hauts placés de la hiérarchie de la Corporation paysanne. La question de leur légitimité et des conséquences de leurs fonctions de président de la chambre d’agriculture sur celle-ci reste entière : l’évidence de conceptions plus nuancées et moins catégoriques qu’au sein de la COCP s’impose cependant. Quoiqu’il ne participe qu’officieusement à la Corporation paysanne, Jacques Guilhem est vu de manière singulière par les autorités de Vichy : considérant à son sujet son « influence conservée à l’intérieur du département [elles estiment qu’]en sa qualité de Président de la Chambre d’Agriculture, M. le Docteur Guilhem jouit toujours d’un prestige inentamé » 1479.
Les onze présidents qui deviennent syndics régionaux présentent quelques caractéristiques communes. Âgés de 55 ans en moyenne, ils sont donc relativement jeunes pour des présidents de chambre d’agriculture, dont la moyenne d’âge avoisine 66 ans en 1942. Si tous sauf deux sont membres de leur chambre d’agriculture depuis 1927, peu en sont les présidents depuis cette date. Font exception les présidents des chambres d’agriculture bretonnes, soit Hervé de Guébriant – par ailleurs président de la COCP, rappelons-le –, Louis Le Léannec et Roger de La Bourdonnaye, présidents des chambres du Finistère, du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine depuis 1927 ou 1928. Ils sont, à différents degrés, proches du syndicalisme de la rue des Pyramides. Joseph Boulangé, Hervé de Guébriant et Jacques Le Roy Ladurie étaient respectivement président, président-adjoint et secrétaire général de l’UNSA en 1939 1480. Louis Le Léannec, Roger de La Bourdonnaye, André Rostand et Henri Gindre, des chambres du Morbihan, d’Ille-et-Vilaine, de la Manche et du Cher, présidaient ou comptaient en 1939 parmi les membres du bureau d’une union ou fédération de syndicats affiliée à l’UNSA 1481. Auguste Lacroix président de la chambre d’agriculture de Haute-Savoie est le secrétaire-trésorier de l’Union des associations agricoles de la Haute-Savoie, affiliée à l’Union du Sud-Est. Dans d’autres cas, comme en Eure-et-Loir, c’est semble-t-il à la faveur de l’opposition irréductible entre le Syndicat agricole départemental d’Eure-et-Loir, ex-Syndicat de Chartres, républicain, et le Syndicat agricole du Dunois, conservateur 1482, que Léon Parmentier, président de la chambre d’agriculture et du comice agricole de Dreux 1483, est devenu délégué régional du CROC, en décembre 1941, puis est élu syndic régional en juillet 1942, nomination publiée au Journal officiel en septembre de la même année.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, anciennes listes des membres des URCA et du Conseil régional corporatif, 1942. Voir Annexes. Dossier n° 5. Tableau 7.
Arch. nat., F10 5022, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département du Morbihan, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, le 27 mai 1942.
Désigné par les initiales « BP ».
Arch nat., F10 4981, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de l’Ariège, [1941-1944], lettre de Charles Donnat à Foix, le 13 avril 1942.
Arch nat., F10 4976, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de l’Ain, [1941-1944], liste des membres de l’URCA, 27 avril 1942. Voir Annexes. Dossier n° 5. Document 6.
Arch nat., F10 5024, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de l’Oise, [1941-1944], liste des membres de l’URCA, 10 juillet 1942.
La Terre rouergate, décembre 1941.
Arch. nat., F10 5010, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département du Loir-et-Cher, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 9 avril 1942.
Deux mentions en tout et pour tout et en notes infrapaginales chez Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité.
Robert O. Paxton le désigne comme « sénateur radical » et « ancien patron des organisations agricoles du département avant la guerre », alors qu’il n’a jamais été sénateur et était loin de présider toutes les organisations agricoles du département. Robert Owen PAXTON, Le temps des chemises vertes… ouvrage cité, p. 195.
Arch. nat., F10 5026, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département du Pas-de-Calais, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 31 mars 1942.
Martine PAUTREL, « Le syndicalisme agricole en Mayenne… », article cité, pp. 310-311.
Arch. nat., F10 5020, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de la Mayenne, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, le 22 novembre 1941.
Journal officiel de l’État français, 24 janvier 1941, Décret portant nomination des membres du Conseil national de Vichy, 23 janvier 1941.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, listes des Comités régionaux d’organisation corporative (CROC), [1940-1941].
La Défense paysanne de la Corrèze, mai 1944.
http://www.minefi.gouv.fr/a_votre_service/informations_pratiques/calculs/francs/francs.htm
Joseph Faure, 1875-1944… ouvrage cité.
Annuaire national agricole 1939, pp. 414-416.
Who’s who in France, 1971-1972, p. 483.
Joseph Faure, 1875-1944… ouvrage cité.
Who’s who in France, 1971-1972, p. 483.
Annuaire national agricole 1930, p. 232.
Annuaire national agricole 1939, p. 415.
Arch. nat., F10 4998, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles, (suite), département du Finistère et des Côtes-du-Nord, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 28 octobre 1941.
Arch. dép. Loire, 7 M 11, Élections des 5 et 26 février 1939 : instructions, candidatures, professions de foi, correspondance ; procès-verbaux des opérations des assemblées électorales (arrondissements de Montbrison et Roanne), 1939.
Arch. nat., F10 5010, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de la Loire, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 31 mars 1942.
Annuaire national agricole 1939, p. 356.
Ibidem, p. 296.
Arch. nat., F10 5043, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de la Haute-Vienne, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 19 mai 1942.
Ibidem, F10 5002, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de la Gironde, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 18 mai 1942.
Arch. APCA, CA Ardèche à Ardennes, 1949-1965, Liste des membres à la suite de l’élection de février 1939, commentaires de 1949.
Annuaire national agricole 1939, p. 623.
Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français … ouvrage cité, p. 402.
Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, pp. 176-182.
Isabel BOUSSARD, La Corporation paysanne… ouvrage cité, pp. 272-273. Voir également la version de Jacques Le Roy Ladurie dans ses mémoires : Jacques LE ROY LADURIE, Mémoires, 1902-1945… ouvrage cité, pp. 311-312.
Who’s who in France, Paris, éditions Jacques Lafitte, 1965.
Arch. nat., F10 5027, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département du Puy-de-Dôme, [1941-1944], procès-verbal de l’assemblée constitutive de l’URCA, 22 mars 1942.
Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 143.
Cité par Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 144. Extrait d’une note pour M. le Président Laval, chef du gouvernement, par M. Pierre Caziot, président de la Corporation nationale paysanne, 19 août 1942. AGII 548 CC 149 B1.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, anciennes listes des membres des URCA et du Conseil régional corporatif, 1942.
Voir Annexes. Dossier n° 5. Tableaux 8 et 9.
Voir Annexes. Dossier n° 5. Cartes 8 et 9.
Arch. nat., F10 4975, archives de la Corporation paysanne. Action syndicale (suite). Secrétaire généraux : correspondance, commission nationale du 28 septembre au 2 octobre 1942, session de mars 1944. Bulletins d’inscription à la session des secrétaires généraux d’URC en 1944.
Arch. APCA, Répertoire des chambres d’agriculture établi par Luce Prault, secrétaire de l’APPCA, 1938-1940.
Suzanne BERGER, Les paysans contre la politique… ouvrage cité, p. 106.
Annuaire INA 1935 , p. 277.
Suzanne BERGER, Les paysans contre la politique… ouvrage cité, p. 106.
Annuaire INA 1935 , p. 277.
Arch. nat., F10 4975, archives de la Corporation paysanne. Action syndicale (suite). Secrétaire généraux : correspondance, commission nationale du 28 septembre au 2 octobre 1942, session de mars 1944. Bulletins d’inscription à la session des secrétaires généraux d’URC en 1944.
Annuaire INA 1935 , p. 236.
Annuaire des ingénieurs agricoles1935, p. 265.
Arch. nat., F10 4975, archives de la Corporation paysanne. Action syndicale (suite). Secrétaire généraux : correspondance, commission nationale du 28 septembre au 2 octobre 1942, session de mars 1944. Bulletins d’inscription à la session des secrétaires généraux d’URC en 1944.
Arch. APCA, Répertoire des chambres d’agriculture établi par Luce Prault, secrétaire de l’APPCA, 1938-1940.
Annuaire national agricole 1939, p. 115.
Arch. nat., F10 4975, archives de la Corporation paysanne. Action syndicale (suite). Secrétaire généraux : correspondance, commission nationale du 28 septembre au 2 octobre 1942, session de mars 1944. Bulletins d’inscription à la session des secrétaires généraux d’URC en 1944. Copie d’une lettre de Gabriel Dehan, délégué régional de l’URCA de l’Hérault, au président de la COCP, le 1er juillet 1942.
Voir Annexes. Dossier n° 5. 1. Les chambres d’agriculture assistent à l’organisation corporative, comparer les tableaux 3 et 10.
Annuaire national agricole 1939.
Voir Annexes. Dossier n° 5. Tableau 7.
Arch. nat., F7 15484, Police générale. Dossiers des renseignements généraux : personnalités décédées du monde politique, syndical, artistique et scientifique : dossiers individuels classés par n° de dossiers (1941-1974), dossier 2243 (Jacques Guilhem) Notice, sans date [1941-1944 ; autorités de Vichy].
Annuaire national agricole 1939, p. 43.
Arch. nat., F10 4972, archives de la Corporation paysanne, liste des unions régionales affiliées à l’Union nationale des syndicats agricoles en zone occupée, [1941] ; Annuaire national agricole 1939.
Voir à ce sujet : Rémy LEVEAU, « Le syndicat de Chartres (1885-1914) », dans Pierre BARRAL [dir.], Aspects régionaux de l’agrarisme français avant 1930.– Le Mouvement social, n° 67, avril-juin 1969, pp. 61-78.
Annuaire national agricole 1939, p. 182.