C. Les chambres d’agriculture « dans la tourmente »  1612  ?

L’historien ne saurait trop insister à la fois sur le caractère inachevé de la Corporation paysanne et sur le poids des incertitudes qui dominent la période de l’Occupation. Pierre Laborie excelle à décrire ces tensions contradictoires : « l’attentisme de résignation est induit par l’existence de l’État français, il en est le produit inévitable. L’attente ambiguë, plus exactement l’imaginaire de l’attente avec son cortège d’illusions et de malentendus, est une des marques spécifiques du régime. Divers effets favorisent et entretiennent dans les têtes, presque mécaniquement, une véritablement culture de l’ambivalence » 1613. On se tromperait donc lourdement en envisageant le tournant de l’année 1944-1945, la Libération, comme celle de la fin d’une période, ressentie comme telle par les acteurs : c’est bien plutôt un bouleversement de plus, voire une révolution 1614, dont on ne sait sur quoi il va déboucher. Quel sens peut-on alors donner aux trajectoires des individus, telles qu’elles ont pu être identifiées, entre 1940 et 1944 ?

Notes
1612.

Gilles LE BÉGUEC et Denis PESCHANSKI [dir.], Les élites locales dans la tourmente… ouvrage cité.

1613.

Pierre LABORIE, L’opinion française sous Vichy, ouvrage cité, p. 296.

1614.

Jean-Marie GUILLON, La Libération du Var : résistance et nouveaux pouvoirs, Cahiers de l’IHTP, n° 15, Paris, CNRS, 1990, 113 p.