9000 personnes auraient été exécutées en France, hors de toute procédure judiciaire, pour la plupart avant le débarquement en Normandie ou pendant la période des combats 1643. Ces exécutions ont frappé « plus durement les ouvriers agricoles, les petits cultivateurs, les artisans que les ouvriers d’industrie et les cadres » et auraient été plus fréquentes en milieu rural 1644 : elles n’ont pas totalement épargné les dirigeants corporatifs, qu’ils soient ou non considérés comme des notables, dans l’entre-deux-guerres ou sous l’Occupation. L’« épuration sauvage » touche notamment Henry de Gailhard-Bancel, syndic régional de la Drôme, abattu le 29 septembre 1944 dans le quartier de l’Épervière à Valence et exposé sur la place Madier de Montjau avec l’écriteau « Justice du Peuple » 1645. Si René Bardin, ex-vice-président de la chambre d’agriculture de la Nièvre, ayant été membre de la COCP, syndic régional de l’URCA de la Nièvre et président du Comité de coordination des groupes spécialisés des productions animales au sein du Conseil national corporatif, a subi un sort comparable, Gilbert Garrier estime que « c’est pour d’autres compromissions » 1646, sans préciser lesquelles : on connaît mal les faits et gestes quotidiens de celui qui fut conseiller national dès janvier 1941. En est-il de même pour André Néron-Bancel, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Loire de 1934 à 1939 puis de 1941 à 1944, et syndic local de Monistrol-sur-Loire en août 1943 1647 ? « Accusé de collaboration, il fut exécuté, sans jugement, par les maquisards » 1648, sans qu’on sache quels actes précis, et accomplis dans l’exercice de quelles fonctions, lui sont reprochés. Peut-on d’ailleurs isoler les uns des autres les agissements des acteurs, tronçonner leur vie publique et privée en secteurs étanches ? Il semble que la période de la Libération se caractérise justement par cette nécessité de considérer les hommes dans la gravité de leurs responsabilités enchevêtrées.
Pour comprendre combien le paysage des organisations professionnelles a changé depuis 1940, il convient d’opérer un retour en arrière, sur les initiatives prises dans le cadre de la Résistance, le plus souvent hors du territoire métropolitain. Si dès 1941, des anciens dirigeants et militants de la Confédération national paysanne (CNP) ou de la Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole (FNMCA) se réunissent clandestinement, la création de la Confédération générale de l’agriculture (CGA) daterait plutôt de la fin de l’année 1943, si l’on en croit les témoignages postérieurs de Pierre Tanguy-Prigent et si l’on considère que le premier numéro de La Résistance paysanne est publié en janvier 1944. Les fondateurs de la CGA disent rechercher « l’unité entière de tous les travailleurs de l’agriculture, … à l’exclusion des hobereaux, des propriétaires non-exploitants, et, bien entendu, des affameurs et des traîtres » 1649. Son principal animateur est Pierre Tanguy-Prigent, dirigeant de la coopérative opposée au puissant Syndicat de Landerneau, député socialiste depuis 1936. Les avancées dans la clandestinité sont modestes et freinées par l’espoir de certains dirigeants que les anciennes organisations ressuscitent, notamment la FNMCA. Les militants communistes de l’ancienne CGPT créent quant à eux un réseau de groupes d’action, les Comités de défense et d’action paysanne (CDAP), nombreux dans le Sud-Ouest et le Centre, ainsi que dans les zones contrôlées par les FTP 1650. Au début de l’année 1944, le Conseil national de la Résistance crée un Comité agricole de cinq membres, représentant les différentes tendances et destiné à élaborer un plan agricole pour l’après-guerre. En août 1944, Pierre Tanguy-Prigent est nommé ministre de l’Agriculture. En 1945, dans le Conseil national provisoire de la CGA, se comptent huit membres de chambre d’agriculture, dont un seul président : Émile Bocquet, président de la chambre d’agriculture du Nord depuis 1940, à la fois syndic adjoint de l’URCA du département en décembre 1943 1651 et député MRP à la Constituante en octobre 1945. Si sa notice de parlementaire passe allègrement sur cet itinéraire sinueux 1652, d’autres travaux 1653 ont pu permettre de mieux comprendre la situation d’un dirigeant local ayant pu être considéré comme résistant – le mot n’est pas écrit à son propos –, tout en endossant les fonctions des corporatistes. Cependant, le constat est limpide : les hommes des chambres d’agriculture de l’entre-deux-guerres sont quasi-absents de l’organisation nationale de l’agriculture légitime, telle qu’elle se profile à la Libération.
« Avant même la libération total du pays, Tanguy-Prigent fait prendre au gouvernement provisoire plusieurs ordonnances qui lui préparent le chemin » 1654 : celle du 26 juillet 1944 déclare que sont « nuls et nul effet l’acte dit loi du 2 décembre 1940 tendant à l’organisation corporative de l’agriculture, ainsi que l’acte dit loi du 29 mars 1941 et les textes complémentaires et d’application ayant le même objet » : sont ainsi dissous « le conseil national corporatif, les URCA et les conseils corporatifs ainsi que tous les autres organismes créés en application des actes visés à l’article 1 er ». Les chambres d’agriculture semblent compter parmi les « organismes transformés ou dissous en vertu des actes dits lois du 2 décembre 1940 et 29 mars 1941 [qui] sont réputés n’avoir jamais cessé d’exister et rétablis dans leurs statuts et leur administration à la date de leur transformation, fusion ou dissolution ». Ce constat est confirmé par le fait que le maintien des coopératives créées depuis 1940 et le recouvrement de leurs biens par les organismes rétablis sont soumis, notamment, à l’avis favorable de la chambre départementale d’agriculture. Il est tout de même précisé que « les membres des chambres départementales d’agriculture ou des conseils d’administration des organismes rétablis par application des dispositions précédentes seront relevés de leurs fonctions lorsqu’ils auront directement favorisé les desseins de l’ennemi ou de l’usurpateur : a. Par arrêté du commissaire chargé de l’agriculture ou par décision de son délégué, lorsqu’il s’agira d’organismes nationaux ; b. Par arrêté du commissaire chargé de l’agriculture ou par décision de son délégué, après avis du comité départemental de libération, lorsqu’il s’agira d’organismes départementaux ; c. Par arrêté du préfet, après avis du comité départemental de libération, dans les autres cas » 1655. On notera ici le rôle central, au niveau local, du comité départemental de Libération.
Cette ordonnance, rédigée dans l’urgence des heures mouvementées de la Libération, à Alger, par le Gouvernement provisoire de la République française, est très amplement modifiée et complétée par l’ordonnance du 12 octobre 1944, qui la remplace. Le long exposé des motifs insiste incessamment sur la nécessité de « réglementer très vite cette réorganisation ». L’urgence est signifiée avec un peu de grandiloquence qui pointe les tensions immenses d’une situation ébranlée : « tout retard en cette matière laisse dans l’incertitude, faute d’une direction indiquée, des amis éprouvés des institutions républicaines, et est exploité habilement dans l’ombre par des individus hier profiteurs d’une bataille perdue et fourriers de l’usurpateur et de l’ennemi, aujourd’hui ralliés en façade à la victoire française, mais espérant néanmoins égoïstement en un retour du sort, fût-ce au détriment de la grandeur de la France. De plus, il n’existe plus rien de réglementaire en cette question : le système d’hier s’est effondré sous le coup des évènements ; celui d’avant 1940 hésite avant de repartir en avant, attendant qu’on l’encourage et le guide ».
Cet exposé vise d’abord à montrer que « la restitutio in integrum sous le statu quo ante de tous les organismes dissous, fusionnés ou transformés » ne peut être suffisant et satisfaisant, notamment du fait de « la persistance dans les organisations corporatives d’un grand nombre des mêmes individus qui, avant 1940, siégeaient ou travaillent dans des groupements agricoles de caractère privé ou public, fût-ce les chambres d’agriculture de la loi de 1924, et reprendraient ipso facto leurs places si le système antécorporatif était remis en vigueur tel quel ». C’est ainsi qu’il est insisté sur la nécessité d’« épurer », de « prévoir les conditions d’épuration et les modalités du contrôle, en même temps que les sanctions – au sens juridique du mot – de ce contrôle ». Le texte de l’ordonnance est plus précis que celui du 26 juillet : ainsi tous les organismes corporatifs dissous sont énumérés, y compris les « chambres régionales corporatives d’agriculture ». L’article 4 fixe surtout que « d’une façon générale, les conseils d’administration et les cadres du personnel intérieur ou extérieur des organismes […] rétablis dans leur situation ancienne ou remis en activité seront reconstitués selon le statut et la composition propres à chacun d’eaux, tel qu’il existait au 2 décembre 1940 et compte tenu de la législation présente. Toutefois, les membres de ces conseils ou de ces cadres seront relevés de leurs fonctions lorsqu’ils auront directement favorisé les desseins de l’ennemi ou de l’usurpateur, entre autres, lorsqu’ils auront : soit fait l’objet d’une sanction disciplinaire ou d’une mesure administrative prononcée en application de l’ordonnance du 27 juin 1944 1656 , relative à l’épuration administrative ; soit fait l’objet d’une condamnation en application de l’ordonnance du 26 juin 1944, modifiée par l’ordonnance du 14 septembre 1944, relative à la répression des faits de collaboration ; soit été condamnés pour indignité nationale ».
Est de plus destituée des fonctions qu’elle occupait avant 1940 « toute personne ayant été nommée aux fonctions de membre, membre adjoint ou délégué du conseil national corporatif agricole, de la chambre syndicale nationale, de syndic régional ou syndic régional adjoint d’une union corporative agricole, ainsi que de membre ou délégué des groupes spécialisés par production ou catégories de production, membre ou délégué de la commission de l’organisation corporative paysanne ». Ces destitutions découlant strictement des nominations à la tête des organismes corporatifs concernent en théorie 22 individus qui ont occupé le siège de président d’une chambre d’agriculture entre 1940 et 1943, ainsi que de 97 à 109 membres 1657 en fonctions pendant cette même période. Au moins un quart des présidents et 4 à 5 % des autres membres des chambres départementales d’agriculture sont ainsi considérés comme devant être épurés et révoqués, « sauf à être relevées de cette déchéance par décision spéciale du ministre de l’Agriculture ou du préfet prise sur avis du comité national ou départemental d’action agricole » 1658. Cette assimilation des fonctions à la collaboration, ou au moins au fait d’avoir « directement favorisé les desseins de l’ennemis ou de l’usurpateur » a-t-elle été réfléchie en tenant compte du fonctionnement des instances corporatives ? On ne le sait guère mais le fait que l’appartenance aux organismes de la Corporation paysanne trouve la même sanction que les actes définis par les ordonnances du 27 juin 1944, concernant l’épuration administrative, du 26 juin 1944, modifiée par l’ordonnance du 14 septembre 1944, relative à la répression des faits de collaboration, et du 26 août 1944, sur l’indignité nationale, signifie clairement que, pour les membres du gouvernement provisoire, les corporatistes ont collaboré. L’opportunité d’une définition large et ouverte des délits a pu être montrée – au-delà de la « variété infinie d’actes antinationaux dont il était possible de se rendre coupable », « le législateur ne voulait en aucun cas donner à un Français indigne la possibilité de cacher ses actes derrière la lettre de la loi » 1659. Dans le cas des dirigeants des organisations agricoles, il s’est agit surtout d’écarter les principaux dirigeants de la Corporation paysanne, quitte à les réintroduire dans l’organisation en gestation, mais au cas par cas.
Il n’a pas été possible de repérer tout ceux qui, au sein des anciens membres des chambres d’agriculture, ont été destitués d’après les dispositions de l’article 4 de l’ordonnance du 12 octobre 1944, sans avoir occupé de fonctions dans les instances nationales de la Corporation paysanne ou avoir été syndic régional ou syndic régional adjoint d’une URCA. De même que les décisions visant à relever de leur déchéance les membres destitués, les décisions particulières, individualisées, auraient cependant permis d’apprécier en finesse les conceptions divergentes du sens des responsabilités prises sous l’Occupation et des représentations mentales et sociales inhérentes aux fonctions. Ces aspects ne peuvent être qu’effleurés d’après quelques cas affleurant dans les sources.
Certains, comme Félix Garcin, sont condamnés sans qu’il soit besoin de mentionner leur appartenance à la Corporation paysanne, bénigne au vu de l’ensemble des actes qui leur sont reprochés. Né le 13 juillet 1879 à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône), ce fils d’huissier lyonnais, tôt orphelin, entre au collège jésuite de Mongré, à Villefranche, « haut lieu du conservatisme dans la région » 1660, puis à la faculté catholique de droit de Lyon 1661, où il soutient une thèse intitulée La mainmorte, le pouvoir et l’opinion de 1749 à 1901, en 1902, puis La question de l’impôt sur le revenu en France, en 1904. Il y rencontre Joseph Rambaud, fondateur du Nouvelliste, dont il devient, en 1906, l’assistant du cours d’économique politique : il y professe les mêmes thèmes, soit « le libéralisme économique et l’intransigeance religieuse […] en insistant toutefois sur la nécessité d’une politique de la famille et d’une organisation professionnelle » 1662. Membre de la Congrégation des messieurs et confrère de Saint-Vincent-de-Paul 1663, « il oriente ses activités vers un apostolat conforme à la doctrine sociale de l’Église et à ses convictions "leplaysiennes" ».
En 1910, il fonde le Syndicat agricole de Saint-Régis-du-Coin. Deux ans plus tard, il est nommé auditeur au conseil de l’USESA 1664. Prolixe rapporteur et membre de multiples commissions, celui qui s’est déjà largement distingué à l’USESA en est élu administrateur pour trois ans lors de l’assemblée générale de février 1920 1665. En novembre 1923, il est nommé président de l’USESA par ratification à l’unanimité de son assemblée générale 1666. En 1927, il est élu membre de la chambre d’agriculture de la Loire par les groupements agricoles 1667 et en prend aussitôt la présidence, élu avec dix vois sur quinze votants 1668. Élu membre du conseil d’administration de l’APCA dès octobre 1927, il en devient vice-président en mars 1928 : en tant que rapporteur sur la question des « assurances sociales », il y défendra le point de vue des organisations liées à la Société des agriculteurs de France. Cette « figure incontournable de la plupart des congrès nationaux des syndicats agricoles » aurait« réuss[i] sans trop de difficultés à surmonter la crise de 1930 durant laquelle l’Union est confrontée à la contestation des "Jeunes Turcs" du mouvement jaciste ». Élu en 1932 directeur du Nouvelliste de Lyon, ce « catholique intransigeant et foncièrement anticommuniste […] place peu à peu son journal sous la bannière du corporatisme, de même que l’Union devient, lors de la campagne électorale de 1936, un groupe de pression contre le Front populaire » 1669 Conseiller national en 1941 1670, membre de la COCP 1671, il assiste à la cérémonie de fondation de l’URC du Rhône en tant que délégué provincial 1672. Syndic provincial, il démissionne de son poste en avril 1943 1673, mais reste « o bstinément fidèle à Pétain » 1674.
L’ancien président de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles est « condamné en 1946 par la cour de justice de Lyon à dix ans de prison et à l’indignité nationale à vie "pour attitude démoralisante favorable à la collaboration antirépublicaine, diffamation contre la résistance, injure contre le général de Gaulle, appel au châtiment des patriotes" » 1675. Dans cette sentence, l’appartenance de Félix Garcin à la COCP pèse de peu de poids par rapport à son intense activité de directeur du Nouvelliste de Lyon, dans les pages duquel lui et son équipe distillent sans fin leur complète adhésion à la Révolution nationale, jusqu’aux dernières heures de l’Occupation. « Ainsi, au sortir de la guerre, Félix Garcin est-il contraint de se retirer de la vie publique pour entrer dans une longue retraite de vingt-cinq années qu’il partagea entre son appartement de la place Saint-Jean à Lyon et sa propriété à Saint-Régis-du-Coin (Loire) dont il a été maire de 1919 à 1944 » 1676 :
L’autre ex-vice-président de l’APPCA, Hervé de Guébriant, est, comme l’écrivent certains de ses biographes « inquiété à la Libération bien qu’il ait perdu son fils Alain, maire de Saint-Paul-de-Léon, fusillé par l’occupant le 5 août 1944 » 1677. Le dossier du président de la chambre d’agriculture du Finistère, ancien président de la COCP, recèle toutes les contradictions du traitement réservé aux hommes de la Corporation paysanne. Hervé de Guébriant est certes arrêté le 1er novembre 1944, puis emprisonné à Rennes pendant près de dix mois, certes il y a eu la « décision prise en juin 1945, par le ministre de l’Agriculture, dans le cadre de l’épuration, aux termes de laquelle M. Budes de Guébriant était destitué de ses fonctions de président de la commission d’organisation corporative paysanne – la même décision interdisait en outre à l’intéressé, pour une durée de cinq ans, de participer à la gestion, au conseil ou au contrôle de tout organisme agricole » 1678. Les griefs à son endroit sont nombreux : l’agent des renseignements généraux indique que « durant toute l’occupation, il suivit à la lettre les directives du Gouvernement de Vichy et montra toujours une attitude anglophobe, [que] devenu un personnage important du régime vichyssois, le bruit se répandit qu’il serait vraisemblablement nommé Gouverneur de Bretagne, lors de la division de la France en Provinces, [enfin qu’]il a été cité à la Radio de Londres, en même temps qu’Angeli, ancien Préfet du Finistère ». Dignitaire de la Francisque le 29 août 1942, Hervé de Guébriant aurait encouragé le départ des jeunes pour le STO et l’achat de chevaux pour le compte des Allemands : anticommuniste, il est considéré par certains comme favorable à l’Allemagne nazie contre la Russie communiste 1679.
Ainsi « en conclusion, M. de Guébriant fut incontestablement l’homme du gouvernement de Vichy, mais on n’a relevé à son encontre aucun acte de trahison » 1680 : au début de l’année 1948, le Conseil d’État prononce l’annulation de la décision de juin 1945, au motif que « que M. Budes de Guébriant n’avait pas été admis à présenter sa défense avant d’être frappé de la mesure disciplinaire prise à son endroit » 1681. Et en 1952, il obtient réparation de la part du ministère de l’Intérieur, soit « 500 000 francs de dommages et intérêts aux dépens de l’État » 1682. On le voit à la lecture de son volumineux dossier des renseignements généraux : au fil des années, les récriminations à son encontre se font moins vives et sont contrebalancées par la présomption de persécutions de la part de Pierre Tanguy-Prigent, considéré comme partial du fait de la rivalité des deux hommes via leurs organisations d’appartenance dans l’entre-deux-guerres, mais surtout par la molle acceptation des arguments de la défense 1683. En 1944, lors de son audition, Hervé de Guébriant monologuait ainsi, pour expliquer ses choix de 1941 et des années suivantes :
« Peut-on s’étonner même que ce que le Gouvernement du Maréchal Pétain ait fait appel au Président de l’Union des Syndicats Agricoles du Finistère et des Côtes du Nord, pour présider à la Commission Nationale l’Organisation Corporative paysanne, chargée de construire la Corporation en application de la loi du 2 décembre 1940 ?
En refusant ce poste, j’aurais trahi la confiance paysanne, désavoué tout mon passé, puisqu’il s’agissait de réaliser l’œuvre consacrant le travail de soixante années de syndicalisme, travail auquel j’ai consacré ma vie.
En l’acceptant, ai-je fait un acte de collaboration avec l’ennemi ?
Pour dissiper pareil soupçon, il me suffirait de rappeler que la Corporation Paysanne Française diffère d’une façon fondamentale avec des Corporations agricoles des pays totalitaires ; il serait aisé de le prouver.
Je pourrais aussi invoquer les différends, graves parfois qui se sont élevés entre la Corporation Paysanne à ses échelons national et régional, et les puissances d’occupation.
A Paris, entre le Majestic et la rue Scribe, d’ardentes discussions eurent lieu, le premier s’efforçant d’arracher des quantités de plus en plus considérables de produits agricoles, la seconde défendant âprement le point de vue français et paysan.
Le conflit prit à certains moments un caractère tel, que les allemands ont envisagé, m’a-t-on affirmé, de dissoudre la Corporation jugée rebelle à leurs exigences, et d’emprisonner ses chefs » 1684
Cette oblitération de la période vichyste d’un homme, qui aurait été « chef du PSF » 1685, considéré comme « partisan de la politique du Maréchal Pétain » 1686 est entérinée depuis qu’« après une période d’inactivité, M. de Guébriant soit "revenu à la surface" et préside à nouveau – depuis 1948 – l’Office central de Landerneau. Il y a lieu de noter d’ailleurs qu’il n’a jamais cessé d’être le "conseiller" de cet organisme et qu’il y a toujours conservé le même prestige » 1687. De fait, dès 1946, les plus obstinés des partisans de l’épuration administrative se lassent et bien peu de dirigeants de la Corporation paysanne semblent avoir été inquiétés longtemps. Bien vite, l’ancien ministre de Pétain, Jacques Le Roy Ladurie, bénéficie d’un non-lieu : le 12 décembre 1945, la Haute-cour de justice décide de l’arrêt des poursuites. Des responsables plus obscurs ont parfois été poursuivis. André Rostand, président de la chambre d’agriculture de la Manche depuis 1933, conseiller national en 1941, syndic régional de mars 1942 à la Libération, a certes été, à la Libération, « en résidence surveillée pendant 3 mois pour sa sympathie à l’égard du Gouvernement de Vichy » 1688, mais il est, dès le début de l’année 1946, membre du conseil d’administration de la FDSEA de son département, en dépit de sa surdité 1689. Comme d’autres, Pierre de Monicault, président de la chambre d’agriculture depuis 1937, a été déclaré inéligible, en tant que conseiller national 1690 : il faudrait connaître les démarches individuelles des uns et des autres, comme celles des parlementaires déclarés inéligibles, pour faire lever ces condamnations, démarches susceptibles de trahir une volonté de reprendre des responsabilités dans des organisations professionnelles agricoles notamment.
Mais même les plus hauts dirigeants de la Corporation paysanne n’ont pas été écartés définitivement de la vie publique. Adolphe Pointier, membre et suppléant délégué, « est incarcéré au fort de Ham » 1691 – au moment de sa mort, en 1954, Jean Viaux-Cambuzat, ancien secrétaire de l’AGPB dont Adolphe Pointier était le président, écrit : « malgré la confiance que ne cessait de lui conserver l’agriculture, il subit à la libération [sic] une longue et injuste détention » 1692. Dans les années qui suivent, on ne pointera jamais assez la connivence des anciens corporatistes, unis dans la même dénonciation d’une épuration abusive et criminelle. Ainsi, Étienne Berthé et Jean de Bruchard, syndics régionaux des URCA de la Creuse et de la Haute-Vienne, arrêtés en 1944 1693, prennent la défense d’Adolphe Pointier : « son courage, sa fermeté, eurent pour récompense sont incarcération à la Libération – d’abord à la prison de Péronne, puis à la citadelle d’Amiens. Il y passa huit mois au milieu des repris de justice de droit commun. Et ce n’est qu’après de multiples enquêtes et interrogatoires que finalement, en présence de l’inanité des accusations portées contre lui, il fut libéré. Une telle injustice, les souffrances morales et physiques résultant de longs mois d’incarcération, l’avaient profondément marqué d’une profonde blessure morale dont il s’est ressenti jusqu’à la fin de sa vie » 1694.
Cette connivence a sans doute beaucoup pesé dans la progressive normalisation des itinéraires de retour aux responsabilités des corporatistes. Si l’ordonnance du 12 octobre 1944 laissait entrevoir une assimilation de la participation à la Corporation paysanne à un acte de collaboration, la pénalisation de celle-ci à la Libération na pas été effective. Il semble plutôt que c’est la combinaison des fonctions corporatives, du zèle ou de l’obstruction dont il a été fait preuve pendant que ces fonctions ont été remplies, du niveau hiérarchique d’exercice de ces fonctions, et bien évidemment de leur cumul avec des activités relevant plus directement de la collaboration ou de la résistance, qui finalement emportent la décision finale. Laquelle est fortement dépendante des réseaux préexistants et en reformation dès les prémisses de la Libération, au sein des Comités départementaux de Libération et des CDAA.
Cependant, cette position n’est pas celle de tous les agriculteurs et responsables agricoles. Louis Dumont, né à Buxières-les-Mines (Allier) le 24 juillet 1894, fermier à Vieure et militant politique « allé du Parti socialiste (SFIO) au Parti communiste lors de la scission : sur une liste paysanne, il enleva en 1925 la mairie de Vieure au châtelain qui la détenait comme une sorte de propriété de famille. Il fut ensuite élu la même année conseiller d’arrondissement du canton de Bourbon-l’Archambault ». Il est « l’un des fondateurs de l’union départementale de l’Allier de la Confédération générale des paysans travailleurs qui groupait 3500 adhérents dans 45 syndicats locaux en 1930 » 1695. Élu membre de la chambre d’agriculture en 1936 dans la circonscription de Moulins, il en devient aussitôt l’un des vice-présidents 1696. En mars 1939, il est membre de la commission administrative élue à l’issue du IVe congrès de la CGPT tenu à Brive. Sa déchéance – en tant que maire et conseiller d’arrondissement communiste – est prononcée au début de l’année 1940. Louis Dumont aurait été « interné pendant plusieurs années » au cours de la guerre 1697 et serait notamment passé par le centre de séjour surveillé de Mons (Puy-de-Dôme) avec d’autres militants communistes 1698, tandis que son homologue de la chambre d’agriculture, Jean Gaby, a été déporté à Buchenwald et y serait décédé 1699. Le 4 septembre 1944, Louis Dumont est de ceux qui fondent l’Union départementale de la CGA de l’Allier, par fusion de la CGPT, de la CNP et de l’Union départementale des comités agricoles et de défense paysanne (UCADP) 1700 : c’est au titre de la CGA qu’il siège ensuite au Comité départemental de Libération 1701. En janvier 1945, il publie un retentissant éditorial dans Le Réveil paysan de l’Allier, où il exprime sa vision peu consensuelle de l’unité paysanne :
« Si nous sommes des fervents de cette unité, et nous l’avons montré, nous voulons quand même prendre certaines garanties qui s’imposent pour l’avenir. Nous voulons, avant la remise en place des syndicats, une épuration des cadres de ces syndicats. Ceux qui, délibérément, ont accepté des postes de confiance dans l’ancienne Corporation paysanne, dont ils ont été les chefs, les dirigeants, les animateurs de ce mouvement anti-national, ceux qui ont collaboré avec Vichy, qui se sont faits les plats valets de Pétain, Caziot, Laval et consorts doivent être écartés de tous les postes dirigeants.
Il faut, Messieurs les ex-Chefs de la Corpo, être loyal et franc. Si vous êtes contre le nouveau Régime, dites-le : nous acceptons le défi et l’unité se fera sans vous. Mais si, comme je le pense, beaucoup se sont laissés entraîner par des paroles mensongères, ou parfois se sont laissés griser d’orgueil, si vous êtes restés des démocrates, des partisans de cette quatrième République que nous venons d’instaurer, réfléchissez, et à tous je dis "Rentrez dans le rang", cédez la place à ceux qui se sont montrés plus fermes, plus clairvoyants ; en soldats disciplinés, vous reprendrez votre place par en bas pour continuer à mener avec nous le bon combat pour la défense des intérêts de la Paysannerie tout entière.
Nous vous reprochons d’avoir été les Chefs, les animateurs, les propagandistes de cette Corpo qui a trahi les véritables intérêts de la Paysannerie et du Pays tout entier » 1702.
Sous la plume de Louis Dumont, qui est alors président du Comité départemental d’action agricole (CDAA) 1703, c’est bel et bien le seul fait d’avoir été un dirigeant de la Corporation paysanne qui est considéré comme un motif d’épuration, présentée ici comme un retrait volontaire. C’est l’un des rôles effectivement conférés aux CDAA d’après les termes du préambule de l’ordonnance du 12 octobre 1944 qui doivent « sanctionner efficacement l’observation des règles d’épuration ; le cas échéant même, éviter que ces règles ne soient tournées par la mise en place d’hommes de paille des ex-chefs de file frappés ». Car ce texte ne préconise pas seulement la dissolution et le rétablissement contrôlé des organismes dissous par la loi du 2 décembre 1940 : pour ses rédacteurs, s’arrêter là, « ce serait négliger l’élément important constitué par la résistance paysanne, creuset où se sont découverts, où se sont forgés, en nos campagnes et en celles de notre Empire, des caractères et des vocations professionnelles purement paysannes. N’importe-t-il pas de promouvoir ceux-ci et celles-ci au premier rang, à côté de ce qui reste des vieilles élites agricoles françaises ? Faut-il rejeter aussitôt dans le néant, dès que la liberté reparaît, ces hommes qui ont payé de leur personne et pris au cours d’un immense travail souterrain pleine conscience de leurs responsabilités ? Nul n’oserait souscrire à de telles décisions. Il faut donc, à côté de la résurrection des nés avant 1940 [sic], faire place au courant nouveau, et même donner à ceux qui l’animent, par des aménagements appropriés, les moyens de pourvoir plus complètement à leur formation et à l’augmentation de leur valeur » 1704. Comment ne pas remarquer l’agrarisme sous-jacent qui cohabite avec la conscience de contribuer à la « régénération des élites professionnelles agricoles » ? S’étonnera-t-on d’une volonté de déjouer d’éventuels complexes de classe, de contrer la « cryptocratie » qui règnerait dans le milieu des élites agricoles, de contrecarrer le « sentiment d’indignité ressenti par les "incompétents" » 1705 ?
Le caractère provisoire de l’organisation annoncée est fortement souligné : il s’agit de faire en sorte que « demain, quand tous les fils et toutes les filles de ce pays seront rassemblés enfin et seront appelés à se donner librement la constitution de leur choix, sur le plan constitutionnel comme sur le plan professionnel, ce choix puisse, s’il est jugé utile, être porté sur de nouvelles personnalités, dont ce sera l’honneur de nos mesures provisoires de les avoir mises en pleine lumière […] ; il s’agit simplement de mettre, à la place d’un système déchu, et taré par là-même qu’il a voulu s’imposer sous le couvert d’une défaite, une organisation de transition entre quelque chose que nous connaissons trop et quelque chose que nous ne connaissons pas encore ». L’ancrage dans le quotidien mouvementé des départements tout juste libérés est patent : on entend ainsi mettre en place « dans l’ensemble du pays, une organisation provisoire dont la création sera d’autant plus rapide qu’en de nombreux points elle s’est déjà créée d’elle-même (Comités départementaux d’action agricole) ». Sont-ce les comités de défense et d’action paysanne (CDAP) organisés par les communistes dès la fin de l’année 1943 qui sont ainsi évoqués ?
Par l’ordonnance du 12 octobre 1944, sont créés un Comité national d’action agricole (CNAA) et, dans chaque département, un comité départemental d’action agricole (CDAA). Le CNAA « assure l’information du ministre de l’Agriculture sur toutes les questions qui lui sont soumises, et notamment celles relatives à l’organisation professionnelle de l’agriculture. Il donne son avis sur les opérations de liquidation des organismes de la corporation nationale paysanne et propose au ministre les mesures de révision concernant les transformations, fusions ou dissolutions de groupements agricoles. Il coordonne l’activité des comités départementaux d’action agricole ». Chacun des CDAA, composé de huit à douze membres, « est chargé, sous le contrôle de l’administrateur provisoire de la corporation nationale paysanne et pour le compte du comité national d’action agricole prévu à l’article 7 […] de gérer et de liquider tous services corporatifs dans le département. Ce comité étudie toutes les questions qui lui sont soumises par le préfet, le comité national d’action agricole ou le ministre de l’Agriculture, et notamment celles relatives à l’organisation professionnelle de l’agriculture dans le département » 1706. Avant d’évoquer la composition de ces comités, notons leur importance dans les décisions relatives aux destitutions de fonctions, aux côtés du ministre pour le CNAA, du préfet et des comités départementaux de Libération (CDL), pour les CDAA. Le caractère provisoire justifie l’absence de liberté syndicale : ainsi, selon l’article 11, « à titre provisoire, toute création, reconstitution, reprise ou continuation d’activité, à l’échelon départemental, de syndicats agricoles, d’associations professionnelles agricoles ou d’unions de ces différents organismes, de groupements agricoles publics ou privés, est soumise à une autorisation préfectorale après avis du comité départemental d’action agricole. De même, à titre provisoire, toute création, reconstitution, reprise ou continuation d’activité, d’un groupement agricole public ou privé à cadre régional ou national, est soumise à l’autorisation du ministre de l’Agriculture, donnée après avis du comité national d’action agricole » 1707.
Les données concernant les CDAA ne sont pas exhaustives et ne permettent guère que d’identifier un minimum d’une vingtaine de membres de chambre d’agriculture dans ces comités, dont cinq présidents. Trois des présidents de chambre en fonctions en 1943 président un CDAA. Joseph Aveline, qui en 1939 présidait le Syndicat d’élevage et contrôle laitier du Perche ornais 1708 et règne sur la chambre d’agriculture depuis 1930, est vu par le préfet comme « radical indépendant, ex-député ornais, très influent milieux agricoles départementaux, [qui] travaille en parfaite collaboration avec Pouvoirs publics » 1709. Henri de Menthon, président de la chambre d’agriculture de Haute-Saône, âgé de 78 ans, préside le CDAA sis au 14, rue du Palais à Vesoul : comme Joseph Aveline, il était syndic communal en août 1943, mais lui a également pris part à la mise en place de l’organisation corporative au niveau départemental, au sein du CROC de Haute-Saône, puis comme membre de l’URCA, mais seulement au moment de son renouvellement de décembre 1943 1710. La renommée de sa famille 1711 et son rôle de premier plan parmi les catholiques sociaux fondateurs des organisations agricoles de Franche-Comté et du Centre-Est 1712 peuvent expliquer qu’il reste incontournable en 1945, tout comme a pu jouer en sa faveur la position de son fils, François de Menthon, grand résistant, « l’un des principaux fondateurs du mouvement Liberté » 1713 – commissaire à la Justice du Comité français de libération nationale en septembre 1943, il est nommé ministre de la Justice un an plus tard et y « est chargé de la tâche redoutable d’organiser l’épuration, le châtiment des traîtres et de rétablir la légalité et la justice républicaines » 1714 et sera à ce titre vivement critiqué, notamment par les communistes et les socialistes, avant que le général de Gaulle ne mette fin à ses fonctions, en mai 1945.
On est moins surpris de trouver à la tête d’un CDAA le résistant Henry de Rouville, président de la chambre d’agriculture du Tarn depuis 1936, également responsable du ravitaillement au Comité départemental de Libération (CDL) 1715. Il aurait été éclairant de connaître les appartenances des membres des chambres d’agriculture à ces comités départementaux. Créés à l’initiative du Conseil national de la résistance (CNR), dans le cadre de l’ordonnance du 21 avril 1944 portant organisation des pouvoirs publics en France à la Libération, les CDL sont chargés des missions suivantes : « action immédiate dans la clandestinité, préparation de l’insurrection, préparation de l’action prochaine et publique dans le cadre du département, telles sont les tâches actuelles et permanentes des comités départementaux de libération ». Ils doivent tout d’abord préparer la libération, trouver des solutions aux problèmes qui se poseront, et après la Libération, ils deviennent des auxiliaires des autorités dans de nombreux domaines, en premier lieu dans le cadre de l’épuration au côté des cours de justice et des chambres civiques. On a estimé que pour y appartenir il faut s’être fait remarquer par les risques courus et le refus de la défaite. Ainsi, les comités départementaux regroupent les forces résistantes du département. Ils sont composés des représentants des mouvements de résistance, des grandes organisations ouvrières, des représentants des grandes tendances politiques locales ou des partis, et éventuellement, des personnalités locales non engagées dans un mouvement ou dans un parti, mais dont l’attitude patriotique aura été irréprochable 1716. Les itinéraires de leurs membres sont cependant parfois complexes, comme celui d’André Demory, syndic de Hautefontaine en mars 1942 – tandis que son père, membre de la chambre d’agriculture et propriétaire d’une exploitation de 455 hectares 1717, en est vice-président –, membre du Conseil de l’URCA de l’Oise en décembre 1943 1718, est nommé membre du Comité départemental de Libération en septembre 1944 : il y représente « les grosses exploitations » et est aussitôt désigné pour siéger à la commission des municipalités au sein du CDL – laquelle est chargée d’éliminer des conseils municipaux ceux qui sont accusés de collaboration 1719.
L’Annuaire national de l’Agriculture. 1945-1946 contient, outre la liste des CDAA et de leurs dirigeants, celle des FDSEA et de leur premier bureau, ou le seul nom du président. Du moins ces informations sont-elles présentes, a minima, pour 63 des 90 départements métropolitains. Ainsi 25 membres et deux présidents de chambre d’agriculture sont présents dès 1945 à la tête d’une FDSEA. Parmi les membres d’une chambre, onze sont présidents d’une FDSEA, neuf sont vice-présidents, trois sont trésoriers et deux sont secrétaires généraux. Joseph Aveline, déjà président du CDAA de l’Orne, préside également la FDSEA, tout comme Joseph Desnoyès, ancien membre de l’URCA des Pyrénées-Orientales dont le préfet estime qu’il « ne s’est pas compromis sur le plan politique » 1720. Sur les 190 individus identifiés à la tête des premières FDSEA grâce à l’annuaire publié par le ministère de l’Agriculture, les membres des chambres d’agriculture ne représentent que 14 %. À noter que 17 d’entre eux appartenaient à l’URCA de leur département au moment de son renouvellement : se trouve-t-on en face de coups de force d’hommes liés à la Corporation et à son projet pour prendre les rênes de l’organisation syndicale dès ses prémisses de 1945, comme le fait René Blondelle dans l’Aisne 1721 ?
Au début de l’année 1946, les agriculteurs sont appelés aux urnes : « il y avait eu à Paris de grandes controverses pour savoir qui pourrait voter ; selon certaines estimations, pas plus du tiers des cultivateurs du pays n’avaient formellement adhéré à la CGA. Il fut finalement décrété que tous les exploitants pourraient voter et que leur participation au vote les ferait automatiquement membres de la FNSEA » 1722. Les résultats ont été interprétés comme un « retour des évincés », et pas seulement par Pierre Barral 1723. Gordon Wright évoque deux aspects des résultats, suggestifs, soit le fait que près de 80 % des élus aient refusé de prendre aucune part à la CGA avant ces élections et l’évidence d’un « violent mouvement de reflux au détriment de la gauche, excepté dans le centre et le midi de la France, où les socialistes et les communistes disposaient de la majeure partie de leur force rurale » 1724. Paul Houée est encore plus lapidaire : « au cours de l’hiver 1945-1946, les élections syndicales dans les départements marquent partout un net recul de la Gauche et le retour massif des cadres de la Corporation ; le congrès constitutif de la FNSEA, le 14-15 mars 1946, apparaît comme le contrepoids de l’emprise socialiste de la CGA » 1725. La dispersion des données 1726 n’a pas permis un repérage exhaustif des dirigeants des FDSEA à l’issue des élections de 1946 ; cependant, la possibilité d’identifier les responsables dans 66 départements permet d’oser quelques conclusions. 55 membres et 7 présidents de chambre d’agriculture sont dans ce cas seulement. Parmi ces derniers, seuls Joseph Aveline et Joseph Desnoyès, déjà rencontrés, en sont les présidents. Les deux tiers de ces dirigeants des FDSEA débutantes ont appartenu à l’URCA de leur département, au moment de sa fondation ou à son renouvellement.
En ce sens, même notre regard biaisé, s’attardant presque exclusivement sur les dirigeants agricoles passés par les chambres d’agriculture, permet d’éclairer la réalité du « retour des évincés ». Si ce seul constat évacue la question des oubliés et des retours plus tardifs 1727 et est donc largement sous-tendu d’une vision téléologique, il souligne l’impression d’alors, soit celle d’un retour massif des dirigeants corporatistes les plus impliqués, quand bien même les mesures prises en 1944 avaient cherché à rendre celui-ci impossible. Ainsi 37 présidents de chambre d’agriculture sur 90, soit 41 %, et 10 à 14 % des membres des chambres d’agriculture en fonctions jusqu’en 1943, ont pu être identifiés comme responsables d’organisations agricoles en 1945, 1946 ou 1947 1728. Or on constate que 27 % de ceux qui ont appartenu à l’URCA de leur département – 128 sur 472 – sont mentionnés comme responsables d’une organisations agricole entre 1945 et 1947. Et 21 des 43 présidents de chambre d’agriculture membres d’une URCA entre la fin de l’année 1941 et 1944, soit près de la moitié, ont refait surface en 1947. Pis encore, sur 109 membres de chambre d’agriculture considérés comme devant être destitués d’après l’ordonnance du 12 octobre 1944, 50, soit 46 %, ont pu être identifiés comme responsables d’organisations agricoles en 1945, 1946, ou 1947. Le constat est encore plus clair lorsqu’il s’agit des présidents de chambre d’agriculture : des 22 qui auraient dû être destitués, quatorze, soit les deux tiers, sont en fonctions moins de trois ans plus tard. En clair, plus les responsabilités dans l’organisation corporative ont été importantes et visibles, plus le retour est massif, ce qui n’a pu manquer de marquer les esprits.
D’après les enquêtes du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale : voir notamment La Libération de la France. Actes du colloque international tenu à Paris du 28 au 31 Octobre 1974, organisé par le Comité d’histoire de la 2 e Guerre mondiale, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1976, 1054 p. ; ainsi que Henry ROUSSO, « L’épuration en France une histoire inachevée », dans Vingtième siècle. Revue d’histoire, n°33, janvier-mars 1992, pp. 78-105.
Jean-Pierre RIOUX, La France de la Quatrième République. Tome 1 : L’ardeur et la nécessité, 1944-1952. Nouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Éditions du Seuil, 1980, 309 p., p. 54.
D’après le récit qu’en fait : Philippe BOURDREL, L’épuration sauvage, 1944-1945, Paris, Perrin, 2002, 569 p., pp. 267-268.
Gilbert GARRIER, « La Corporation paysanne et le régime de Vichy », dans Églises et chrétiens dans la II e Guerre mondiale. Tome 1, La Région Rhône-Alpes. Actes du Colloque tenu à Grenoble du 7 au 9 octobre 1976, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1978, 384 p., pp. 107-113.
Arch. nat., F10 5011, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de la Haute-Loire, [1941-1944].
Gaston JOUBERT, Dictionnaire biographique de la Haute-Loire, Yssingeaux, Éditions "Per lous chamis", 1982, 398 p., p. 283.
La Résistance paysanne, n° 1, janvier 1944.
Paul HOUÉE, Les étapes du développement rural. Volume 1 : Une longue évolution (1815-1950), ouvrage cité, p. 161.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, nouvelles listes des membres des URCA et du Conseil régional corporatif, 1944.
Assemblée nationale, Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, tome 2 : B, Paris, La Documentation française, 1992, 549 p., pp. 413-414.
Jean-Marie Mayeur et Yves-Marie Hilaire le présentent comme le « président-fondateur de l’Union des producteurs de lait du Nord, il siège à la chambre départementale d’agriculture. Au congrès national du lait, en 1934, il intervient contre la menace de main-mise des trusts sur l’ensemble de la production laitière. A partir de 1935, il organise, avec les municipalités ouvrières des grandes villes, la distribution gratuite de lait dans les écoles publiques et privées. En juillet 1940, à la demande des pouvoirs publics, il veille à l’approvisionnement des citadins en lait et en beurre. Les Allemands ne pourront jamais saisir, dans le Nord, plus de 5% de la production laitière. L’attitude ferme du président faillit entraîner son internement. A Prémesques même, il assure le ravitaillement de réfractaires, et s’occupe de la distribution du blé aux consommateurs de la région. Dès septembre 1944, il entreprend la remise sur pied de la Fédération des syndicats agricoles, visite tous les cantons et revendique la liberté syndicale, rétablie le 6 juin 1945, pour les paysans ». Jean-Marie MAYEUR et Yves-Marie HILAIRE [dir.], Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, volume 4 : Lille-Flandres, Paris/Lille, Beauchesne Editeur/Centre d’histoire de la région du Nord et de l’Europe du Nord-Ouest, 1990, 497 p., pp. 74-75.
Ibidem.
Journal officiel de la République française, samedi 5 août 1944, Ordonnance du 26 juillet déclarant nuls les textes relatifs à l’organisation corporative de l’agriculture, p. 674.
Peter Novick décrit les délits susceptibles d’être punis tels qu’ils étaient définis dans l’ordonnance du 27 juin 1944 : « tout acte, écrit, ou attitude personnelle susceptible d’aider l’ennemi, de nuire à l’effort de guerre français ou allié, ou de mettre en danger les institutions constitutionnelles ou les libertés publiques fondamentales, ainsi que toute tentative de tirer un avantage matériel des nouvelles réglementations de Vichy ». Peter NOVICK, L’épuration française… ouvrage cité, p. 143.
Certains sont décédés entre 1939 et 1949, sans qu’on connaisse la date exacte du décès.
Journal officiel de la République française, vendredi 13 octobre 1944, Ordonnance du 12 octobre 1944 déclarant nuls et de nul effet les actes et textes tendant à l’organisation corporative de l’agriculture, remplaçant l’ordonnance du 26 juillet 1944 relative au même objet, et prévoyant une organisation professionnelle provisoire de l’agriculture, pp. 924-926.
Peter NOVICK, L’épuration française… ouvrage cité, p. 144.
Claude LÉVY, « Un grand patron de presse entre Saône et Rhône : Félix Garcin », dans Presse, radio et histoire. Actes du 113 e Congrès national des Sociétés savantes, Strasbourg, 1988, Section d’histoire moderne et contemporaines, tome 1, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1989, pp. 45-57.
Jean-Marie MAYEUR et Yves-Marie HILAIRE [dir.], Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, volume 6 : Le Lyonnais-Le Beaujolais, ouvrage cité, pp. 194-195.
Ibidem.
Voir notamment : Catherine PELLISSIER et Bruno DUMONS, « La Congrégation des Messieurs et la Société de Saint-Vincent de Paul à Lyon sous la Troisième République. Sociologie comparée », dans Revue d’histoire de l’Église de France, 1992-vol 78, n° 200, pp. 35-56 ; Alexandre FOURNIER, Les réseaux conservateurs à Lyon, à la fin du 19 e siècle (1880-1900), Mémoire de fin d’études de l’IEP de Lyon, soutenu en septembre 2000.
« USE. Communications. Conseil du 14 mars », dans Bulletin de l’Union du Sud-Est, n° 4, avril 1912, p. 75. (Informations communiquées par Pierre Chamard).
« Assemblée générale », dans Bulletin de l’USESA, mars 1920, p. 71. (Informations communiquées par Pierre Chamard).
« Compte rendu de la XXXIe assemblée générale de l’USE (suite) », dans Bulletin de l’USESA, janvier 1924, pp. 16-17. (Informations communiquées par Pierre Chamard).
Arch. dép. Loire, 7 M 6, Élections du 27 février 1927 : instructions, candidatures, correspondance ; procès-verbaux des opérations des assemblées électorales arrondissement de Montbrison), 1926-1927. (Informations communiquées par Pierre Chamard).
Arch. dép. Loire, 7 M 12, Session de la chambre d’agriculture de la Loire, 1927-1933. (Informations communiquées par Pierre Chamard).
Jean-Marie MAYEUR et Yves-Marie HILAIRE [dir.], Dictionnaire du monde religieux… ouvrage cité, pp. 194-195.
Journal officiel de l’État français, 24 janvier 1941, Décret portant nomination des membres du Conseil national de Vichy, 23 janvier 1941.
Journal officiel de l’État français, 22 janvier 1941, décret portant nomination des membres de la commission de l’organisation corporative paysanne, 21 janvier 1941.
Élizabeth MORFIN, L’Union du Sud-Est des syndicats agricoles et l’expérience corporative, 1940-1944, ouvrage cité, pp. 85-86.
Ibidem.
Jean-Marie MAYEUR et Yves-Marie HILAIRE [dir.], Dictionnaire du monde religieux… ouvrage cité, pp. 194-195.
Ibidem.
Ibidem.
Jean-Loup AVRIL et Michel MOHRT, 1000 Bretons : Dictionnaire biographique, ouvrage cité, pp. 179-180.
Le Monde, 13 février 1948.
Arch. nat., F7 15746, Personnalités décédées du monde politique, syndical, artistique et scientifique : dossiers individuels classés par n° de dossiers (1941-1974), dossier 9017 (Hervé Budes de Guébriant). Note du 2 septembre 1946.
Arch. nat., F7 15746,, Lettre du Commissaire principal, chef de service des Renseignements généraux à Brest, au préfet du Finistère, le 31 janvier 1948.
Le Monde, 13 février 1948.
Arch. nat., F7 15746, Personnalités décédées du monde politique, syndical, artistique et scientifique : dossiers individuels classés par n° de dossiers (1941-1974), dossier 9017 (Hervé Budes de Guébriant). Biographie, 3 juillet 1967.
Arch. nat., F7 15746, notes d’audition de Guébriant, 1944 :
Ibidem.
Arch. nat., F7 15746, Note du 2 septembre 1946.
Arch. nat., F7 15746, Notice individuelle, 7 juin 1949.
Arch. nat., F7 15746, Notice individuelle, 7 juin 1949.
Arch. nat., F1a 4034 : Réponse des préfets à la circulaire n° 287 du Ministère de l’Intérieur sur la composition des fédérations départementales du syndicat des exploitants agricoles, février-mars 1946, Lettre du préfet de la Manche, le 6 mars 1946.
Ibidem.
Arch. APCA, CA Ain, 1949-1965, lettre de Pierre de Monicault, président de la chambre d’agriculture de l’Ain, à Luce Prault, le 16 décembre 1948.
Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 359.
Arch. APCA, Dossiers personnalités, [coupure de presse non identifiée], 15 juillet 1954.
Isabel BOUSSARD, Vichy et la Corporation Paysanne… ouvrage cité, p. 359.
M. de BRUCHARD et E. BERTHÉ, « La paysannerie en deuil. Adolphe Pointier n’est plus », dans L’Unité paysanne, 17 juillet 1954.
Jean MAITRON et Claude PENNETIER [dir.], Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français… ouvrage cité, p. 181.
Arch. nat., AD XIX C 115 Allier : Chambres départementales d’agriculture. Travaux des chambres. Délibérations. Procès-verbaux des séances. Département de l’Allier, 1927-1940, Compte rendu des travaux de la chambre, séance du 18 mai 1936.
Journal officiel. Débats parlementaires, samedi 3 juin 1950, séance du 2 juin 1950 à l’Assemblée nationale, p. 4181. (intervention de M. Marcel Pouyet, député socialiste de l’Allier).
Georges ROUGERON, Le département de l’Allier sous l’État français, 1940-1944, Moulins, Préfecture de l’Allier, 1969, 498 p., p. 265.
http://www3.ac-clermont.fr/etabliss/college-emile-guillaumin-moulins/Concours%20Resistance%20Mano n/ Images/003.pdf
André TOURET, Montluçon après la tourmente, 1944-1977, Nonette, Créer, 2003, 350 p., p. 34.
Jean MAITRON et Claude PENNETIER [dir.], Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français… ouvrage cité, p. 181.
Louis DUMONT, « Unité et épuration », dans Le Réveil paysan de l’Allier, 1er janvier 1945.
Annuaire national agricole 1945, p. 103.
Journal officiel de la République française, vendredi 13 octobre 1944, Ordonnance du 12 octobre 1944 déclarant nuls et de nul effet les actes et textes tendant à l’organisation corporative de l’agriculture, remplaçant l’ordonnance du 26 juillet 1944 relative au même objet, et prévoyant une organisation professionnelle provisoire de l’agriculture, pp. 924-926.
Pierre BOURDIEU, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Les Éditions de Minuit, 1979, 670 p., chapitre 8 : Culture et politique, pp. 463-542.
Journal officiel de la République française, vendredi 13 octobre 1944, Ordonnance du 12 octobre 1944.
Ibidem.
Annuaire national agricole 1939, p. 232.
Arch. nat., F1a 4034 : Réponse des préfets à la circulaire n° 287 du Ministère de l’Intérieur sur la composition des fédérations départementales du syndicat des exploitants agricoles, février-mars 1946. Télégramme du préfet d’Alençon (Orne), le 5 mars 1946.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, nouvelles listes des membres des URCA et du Conseil régional corporatif, 1944.
« Il appartenait à une illustre lignée puisque c’est dans le château de Menthon, au bord du lac d’Annecy, actuellement propriété de son fils François, député de la Haute-Savoie, ancien ministre, qu’est né, il y a dix siècles, saint Bernard de Menthon, fondateur des hospices du Grand et du Petit Saint-Bernard ». Joseph LIGIER, « Les Pionniers », dans La Terre de chez nous, 9 novembre 1952.
« Dès son installation à Saint-Loup-les-Gray, Henri de Menthon fit équipe avec les fondateurs du syndicalisme agricole haut-saônois, MM. de Bellaigue, Fournier-Sarlovèze et Alexis Champy. Henri de Menthon se trouve aussi à l’origine de toutes les autres organisations agricoles de l’arrondissement de Gray et de la Haute-Saône dans tous les domaines : syndicalisme, mutualité, coopératives, crédit. Pendant un demi-siècle, il ne faillit jamais à la tâche qu’il s’était assignée » Ibidem.
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/menthon-de-francois-08011900.asp
Ibidem.
Maurice GRESLE-BOUIGNOL [dir.], Les Tarnais : dictionnaire biographique… ouvrage cité, p. 282.
Voir notamment la présentation des archives de la Vienne : http://www.archives-vienne.cg86.fr/IMG/pdf/0112_W.pdf
Arch. nat., F10 5024, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de l’Oise, [1941-1944], liste des membres de l’URCA, 10 juillet 1942.
Arch. nat, F10 4972, archives de la Corporation paysanne, nouvelles listes des membres des URCA et du Conseil régional corporatif, 1944.
Jean-Pierre BESSE, « La famille Demory, de la Chambre d’agriculture au Comité départemental de Libération », dans Annales historiques compiégnoises modernes et contemporaines, volume 24, n° 83-84, 2001, pp. 53-56.
Arch. nat., F1a 4034 : Réponse des préfets à la circulaire n° 287 du Ministère de l’Intérieur sur la composition des fédérations départementales du syndicat des exploitants agricoles, février-mars 1946. Lettre du Préfet des Pyrénées-Orientales, 3 mars 1946. Au sujet de Joseph Desnoyès, voir les paragraphes consacrés à son itinéraire : Chapitre 3. B. Cinq biographies. Joseph Desnoyés, p. 493.
Voir infra. Chapitre 4. B. Encart biographique : Trajectoires des membres du bureau élu en 1952, p. 479.
Gordon WRIGHT, La révolution rurale en France… ouvrage cité, pp. 155-156.
Pierre Barral évoque notamment à ce propos les résistances aux avancées socialistes et communistes dans les campagnes, en un mot le processus en cours de reconstitution des droites. Surtout, il écrit : « Le vent tourna au début de 1946 quand furent organisées des élections pour la formation définitive des fédérations de syndicats d’exploitants. Tous les cultivateurs y furent appelés, adhérents ou non. Dans la plupart des départements, ils donnèrent la majorité aux anciens de la Corporation, dont quelques-uns avaient rallié le MRP, mais qui se situaient généralement plus à droite : il existait bien une inéligibilité syndicale, mais limitée aux plus hauts responsables ». Pierre BARRAL, Les agrariens français de Méline à Pisani… ouvrage cité, p. 289.
Gordon WRIGHT, La révolution rurale en France… ouvrage cité, p. 156.
Paul HOUÉE, Les étapes du développement rural… ouvrage cité, tome 1, p. 166.
Aux Arch. nat., les listes des membres des FDSEA sont inégales d’un département à l’autre, suivant le degré de précision des informations fournies par le préfet. On les trouve sous les cotes F1a 4034 et F1cIII 1205 à 1233 [Rapports de Préfets, fin 1944, 1945, 1946. (Classement départemental)], ces dernières correspondant à des cartons qui durant la période de nos recherches étaient partiellement exclues de la consultation pour cause de numérisation en cours. Nos dépouillements sont donc incomplets.
Voir infra Chapitre 4. B. Les élections de 1952 : un second « retour des évincés » ?, p. 469.
Dans les pages de l’Annuaire de la CGA, publié en 1947, figurent 115 membres de chambre d’agriculture, dont 17 présidents.