Chapitre 7. 1960, une APPCA anachronique

Le développement qui va suivre vise à dévoiler l’existence d’un hiatus grandissant entre les chambres d’agriculture et leur assemblée permanente. Tandis que les premières sont profondément changées grâce au renouvellement général de leurs membres en 1959, l’APPCA semble se crisper dans le maintien en place d’hommes parvenus aux responsabilités avant les années 1950. Selon Le Robert, est anachronique ce qui « est déplacé à son époque, qui est d’un autre âge », ce qui est désuet, obsolète, périmé. L’anachronisme est une « confusion de dates, l’attribution à une époque de ce qui appartient à une autre ». Ainsi l’APPCA peut être considérée comme anachronique si l’on observe l’évolution de la société, et notamment « la révolution silencieuse » 3312 en cours – des revendications des fils et filles d’agriculteurs en quête d’autonomie au foisonnement d’organisations nouvelles et innovantes 3313 – et les infléchissements de la « République gaullienne » 3314, et leurs répercussions sur la composition des chambres d’agriculture. C’est la confrontation entre ces évolutions dissonantes qui produit un effet d’anachronisme.

Notes
3312.

Michel DEBATISSE, La révolution silencieuse : le combat des paysans, Paris, Calmann-Lévy, 1963, 275 p.

3313.

Même s’il conviendrait de réexaminer la « révolution silencieuse » et sa construction comme lecture puis interprétation scientifique univoques d’un phénomène qui n’est peut-être pas si brutal et nouveau.

3314.

Pierre VIANSSON-PONTÉ, Histoire de la République gaullienne. 1, La fin d’une époque, mai 1958-juillet 1962, Paris, Fayard, 1971, 578 p.