Encart biographique : deux exemples contrastés

C’est au gré des sources que la figure de Gustave Sicot s’est imposée : c’est le parcours d’un homme sorti du rang, marqué par la Première Guerre mondiale, aux accointances établies avec la mouvance de gauche du syndicalisme agricole dans l’entre-deux-guerres, devenu, après une éclipse sous l’Occupation, président de la FDSEA des Deux-Sèvres dès la Libération, proche du comité du Guéret en 1953, puis président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres de 1960 à 1970, mais resté très peu influent au niveau de l’APPCA. Pour établir sa notice biographique, on dispose en effet d’une source presque aussi riche que la biographie de Xavier Bernard par Victor Boret, mais radicalement différente. Le personnel du service de documentation de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres nous a fait parvenir, en 2008, un volume des Mémoires d’activité de son ancien président. Rédigées dans les années 1970, à la première personne du singulier, ces mémoires mêlent éléments de la vie privée et de l’engagement public, histoire individuelle et collective : la manière est un peu brouillonne mais si le récit y perd en rigueur, notamment sur la chronologie, il y gagne en spontanéité et regorge de réflexions et anecdotes qui tranchent avec l’habituelle vacuité policée de ce type d’écrits.

Son portrait tranche avec celui de Louis Richier, qui se distingue par sa longévité comme membre et comme président de la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes, ainsi que par sa tenace présence au bureau de l’APPCA – quinze années, de 1954 à 1969. Son parcours est assez différent : héritier d’une position de petite notabilité, en tant que fils du maire, il devient dirigeant agricole, fondateur de syndicats, membre de la chambre d’agriculture dès sa création, puis à la fois syndic adjoint de l’URCA des Hautes-Alpes et « résistant » ou du moins reconnu par certains comme tel, avant de rallier Paul Antier. Son ascendant à l’APPCA pourrait à lui seul résumer la crispation anachronique de celle-ci, si il ne révélait aussi une forme de cooptation détournée à la tête de l’institution.