Considérant les tendances dégagées à partir des résultats des élections, Paul M. Bouju examine les uns après les autres les élus des quatre catégories d’électeurs que sont les exploitants, les propriétaires, les salariés et les groupements. Ce faisant il ne retient pour son analyse que le seul prisme des appartenances syndicales et politiques, oblitérant complètement la dimension professionnelle, sauf pour évoquer « l’interprétation souple des textes » 4021 ou les incertitudes quant à la catégorie d’inscription de certains aides familiaux déclarés comme salariés. Certes, on a vu déjà combien le voile était malaisé à lever sur ces réalités professionnelles souvent tues : à tel point qu’il nous paraît évident de conclure à une invisibilité de ce type d’information au niveau des élections aux chambres d’agriculture, comme si le fait de citer des mandats professionnels dans les OPA du département dispensait de présenter ceux qui ont d’ores et déjà été « désignés au respect des autres producteurs par leur maîtrise des pratiques agricoles, fondant une part importante de leur autorité sur l’à-propos de leurs innovations techniques ou économiques ; ils bénéficient d’une promotion au rang des représentants de la profession qui est inséparable de leur intérêt à imposer la légitimité de l’innovation et à se poser en promoteurs des innovations légitimes » 4022, comme le démontre Sylvain Maresca. Loin de telles analyses, Paul M. Bouju montre bien qu’il adopte le point de vue des dirigeants qu’il étudie lorsqu’il évoque les « références professionnelles » 4023 des candidats aux élections des chambres d’agriculture : par là il entend les fonctions électives exercées dans des organisations professionnelles agricoles, et non des preuves de leurs compétences d’exploitants agricoles. Cependant certaines sources conservées à l’APCA peuvent être d’un précieux secours pour approcher cette dimension. Si l’annuaire des chambres d’agriculture publié en 1965 n’offre guère plus d’indications que les précédentes éditions, il permet de dresser un tableau des professions qui y sont indiquées. Les fiches dactylographiées et manuscrites complétées dans les chambres en vue de l’établissement de cet annuaire se trouvent dans les archives de l’assemblée : leur consultation permet notamment d’examiner comment s’articulent taxinomies professionnelles et « nature éventuelle de l’exploitation » – rubrique renseignée sur ces fiches mais ne figurant plus dans l’annuaire –, ainsi que l’appartenance à un collège électoral et le contenu de la rubrique « élu en qualité de » 4024.
Qui fait que certains bailleurs se présentent au suffrage des exploitants et qu’« à l’inverse en Vendée, un des candidats des propriétaires non exploitants exploite lui-même 75 hectares, mais a préféré solliciter les électeurs d’un collège plus restreint ». Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 34.
Sylvain MARESCA, « L’excellence professionnelle chez les dirigeants agricoles », article cité, p. 51.
Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 55.
Arch. APCA, Élections 1964, [9 cartons, fichiers classés par départements], fiches individuelles des membres.