Montée des enjeux…

La domination de la FDSEA, courante par-delà les variations de tendances syndicales et politiques observables d’un département à l’autre, ne masque pas l’évidence de l’apparition de contradicteurs, même parmi les alliés objectifs du syndicalisme majoritaire, décidés à obtenir des places sur les listes de candidats. Dans le Cher, à propos des élections au suffrage des groupements professionnels, le préfet écrit : « Il faut noter que la constitution de la liste complète avait été laborieuse, surtout en raison de la position du CDJA qui aurait souhaité voir M. Lelarge, Président de la FDSEA, s’effacer au profit de M. Dodu, Secrétaire général de la CGA, lequel appartenait déjà à la Chambre d’Agriculture sortante comme représentant des groupements. Le CDJA n’ayant pu parvenir à ses fins décida de présenter un candidat : M. Lamamy, en espérant que par le jeu du panachage ce dernier parviendrait à être désigné » 4119. De part et d’autre, cette compétition est présentée souvent comme un échec au terme de difficiles négociations préalables entre organisations ou du fait d’exigences trop fortes de l’une ou l’autre des parties lors de la constitution des listes.

À l’APPCA, lors de la session de mai 1964, René Blondelle commente rapidement les élections des présidents de chambre d’agriculture et affirme que : « [la] continuité est la meilleure réponse à ceux qui, à l’extérieur ou même à l’intérieur de la profession, prétendent que les chambres d’agriculture ne constituent pas une représentation exacte du monde agricole » 4120. À propos des résultats des élections des représentants des exploitants, Paul M. Bouju annonce d’emblée la tendance globale : « l’impression de stabilité domine ; les listes d’union des sortants l’emportent dans la plupart des circonscriptions où elles sont affrontées à d’autres listes. Les élections de 1964 marquent néanmoins un mouvement beaucoup plus net que pour les élections antérieures qui peut même entraîner un changement de majorité à l’intérieur de certaines chambres d’agriculture ; dans d’autres cas la majorité, pour les sortants, n’a été acquise que de justesse » 4121.

Présentée comme la « surprise de ces élections », la poussée du Mouvement de coordination et de défense des exploitants familiaux (MODEF) est cependant toute relative : si son ampleur étonne, ce n’est que parce que quelques chambres départementales sont désormais composées d’une majorité d’élus du MODEF, ce que les observateurs n’attendaient guère. Créé en avril 1959, ce mouvement est le prolongement de celui né autour de 1953 et du Comité de Guéret. Le MODEF est créé par des exploitants de 23 départements du sud de la Loire, notamment par des adhérents des FDSEA exclues par la fédération nationale au cours des années 1950, qui constituent le gros des troupes. Ses fondateurs « considère[nt] que la politique défendue par les syndicats est préjudiciable aux petites et moyennes exploitations et qu’ils doivent s’organiser pour assurer leur défense » 4122 : nombre d’entre eux sont adhérents au parti communiste, même si ce dernier 4123 se tient à distance : Yves Tavernier estime que « le MODEF joue un rôle important dans cette stratégie du parti communiste à l’égard des paysans qu’il sait condamnés par le progrès technique ; agissant sur le terrain syndical et se déclarant apolitique il peut développer plus facilement les thèses du parti, notamment dans des régions où l’influence de celui-ci est faible » 4124. De 5000 adhérents en 1959, le MODEF aurait en 1962 16 000 encartés 4125. Pour comparaison, d’après Yves Tavernier, la FNSEA totalise 690 570 adhérents en 1963 4126, sans compter les membres du CNJA : ainsi si l’on considère que le MODEF a près de cinquante fois moins d’adhérents que la FNSEA, ses résultats aux élections aux chambres d’agriculture paraissent pharamineux et suggèrent une audience qui dépasse le seul cercle des encartés.

La surprise n’intervient cependant pas au moment des résultats des élections, mais en amont. Dès la constitution des listes, on constate que « lorsqu’une concurrence s’établit, elle est le plus souvent le fait du MODEF […] : dans les 160 circonscriptions où y a affrontement de deux listes ou plus, 109 voient présenter une liste se réclamant du MODEF (71 circonscriptions) ou établies avec la participation ou le soutien du mouvement (38 circonscriptions) ; dans deux cas sur trois, le MODEF est donc l’élément de choix proposé aux électeurs » 4127. Paul M. Bouju considère que « le rétablissement du scrutin par circonscription et collèges a certainement facilité la montée du MODEF, dont les candidats ne sont connus que localement ; il est d’ailleurs plus aisé de constituer une liste locale d’opposition de quatre membres que de trouver 12, 16 ou 20 candidats pour une liste départementale » 4128. En même temps, dans un nombre non négligeable de départements, des listes uniques appuyées par le MODEF sont constituées – c’est le cas dans la Creuse, la Drôme méridionale, la Haute-Vienne, les Alpes-Maritimes, les Pyrénées-Orientales et le Gard.

Le MODEF ébranle-t-il les grandes organisations professionnelles agricoles ? Les listes estampillées MODEF ne l’emportent guère que dans trois circonscriptions de la Charente, et dans quelques circonscriptions isolées, dans l’Indre, le Vaucluse, le Loir-et-Cher 4129. Quelques candidats MODEF sont élus en Charente-Maritime. Paul M. Bouju souligne que « des pourcentages importants sont recueillis dans des "régions difficiles" : Aube 18,4 %, Ain, 21,6 %, Finistère 17,4 %, Yonne 31,2 %, Nord 13 %, Haute-Loire 11,4 %, mais il s’agit souvent de circonscriptions éparses et présumées favorables au départ » 4130. Cependant le MODEF ne présente des candidats que dans 21 départements. Si 71 listes MODEF ont été constituées, le pourcentage des votants ayant choisi ces candidats n’excède pas 4,2 %, dans l’ensemble des départements, et le nombre de sièges obtenus ne serait que de 28, soit une infime part – 1% – de l’ensemble des membres de chambre d’agriculture 4131. Mais alors que le professeur mandaté par l’APPCA pour étudier les résultats des élections en amplifie la portée en prenant en considération les listes proprement MODEF comme les listes uniques auxquelles le mouvement a apporté son soutien ou a participé, un jeune étudiant de la Sorbonne 4132 qui publie dans les Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez exclut de son analyse les « apparentés » et donne l’impression d’une bien moindre avancée du MODEF, minimisée par une vision rétrospective à l’aune des pourcentages bien plus importants des années 1970. Somme toute, les avancées du MODEF sont bien modestes mais on ne peut réduire l’effroi, le raidissement de l’APPCA et son silence à l’effet saisissant des chiffres. La menace qu’elle lit dans ces quelques victoires isolées est d’une autre sorte. L’irruption d’une compétition électorale remettrait-elle en cause, à moyen terme, les buts et les formes de l’action de l’assemblée permanente ?

Alors que Paul M. Bouju s’en tient aux arguments de l’étude de sociologie électorale classique, cherchant des rapprochements avec les élections politiques, d’autres auteurs, comme Sylvain Maresca, vont chercher au-delà le ressort d’oppositions plus complexes. Observant qu’en Charente, « la concurrence entre l’UDSEA et la FDSEA 4133 est rythmée par les élections à la chambre d’agriculture, occasions privilégiées de mener le combat contre l’adversaire et de mesurer l’audience relative des forces en présence telle, du moins, que ces élections permettent de la mesurer ». L’auteur de ces lignes pointe le fait si « l’enjeu constitutif de la concurrence syndicale est l’imposition d’une certaine identité paysanne », « la connaissance objective de chacun des deux syndicats est partie intégrante de la lutte qui les oppose » 4134. Il met en évidence le hiatus entre « le désengagement syndical de la moitié des agriculteurs charentais » et la vigueur de « l’opposition des états-majors » 4135.

Si à l’évidence « le vote ne sert pas de substitut à l’adhésion syndicale » 4136, on ne peut faire fi, en analysant les élections aux chambres d’agriculture, de l’importance pour les organisations en présence de « se compter » 4137. Les protagonistes, les préfets et une bonne part des commentateurs, contemporains ou non, n’y voient guère que la manifestation d’oppositions strictement politiques. Pour la FNSEA, mais également pour l’APPCA, il est crucial, dans le discours, de réduire le MODEF à un mouvement politique, cheval de Troie du parti communiste 4138. Les préfets vont dans ce sens lorsqu’en commentant les élections, ils consacrent une bonne part de leurs rapports à répartir les différents élus sur l’échiquier politique. Ce faisant ils cherchent surtout à dénoncer ici une « emprise socialiste » 4139, là les avancées de la « tendance gauchisante du syndicalisme agricole » 4140, mais le plus souvent leur tableau des opinions politiques supposées ou attestées des membres des chambres d’agriculture ne dévoilent que de timides avancées des représentants de la gauche. Ces points de vue permettent de ne pas oublier combien peuvent être grandes les différences entre tendances syndicales et politiques d’une FDSEA à l’autre, dans la complexité des scissions intervenues depuis 1953. Les préfets sont également capables de décrire assez longuement les éventuels rapprochements locaux entre chambres d’agriculture et MODEF, sans toutefois énoncer toujours clairement si ceux-ci se font sur la base d’un antigaullisme partagé de part et d’autre du spectre politique 4141 ou à partir d’un socle plus vaste.

L’approche bourdieusienne a pourtant permis de dévoiler, avec d’infinies nuances, que les dirigeants de la FDSEA-MODEF charentaise étaient certes les héritiers d’un certain capital idéologique et politique, à la fois laïc, anticlérical et républicain, qu’ils étaient souvent membre d’un parti politique de gauche, mais également qu’ils étaient issus de familles à la limite de la paysannerie et de l’artisanat, de l’activité indépendante et du salariat, de familles rurales modestes ou même pauvres, passées rapidement du statut d’ouvrier agricole à celui de métayer, fermier, puis propriétaire. Sylvain Maresca isole chez les dirigeants de la FDSEA-MODEF un « rapport distancié à l’activité agricole qui se double d’un rapport distancié au groupe villageois » 4142 et découvre qu’ils sont relativement plus âgés et que leurs pratiques d’agriculteurs sont assez différentes de celles de leurs adversaires de l’UDSEA 4143.

D’après les données connues, il est possible de compter 59 élus MODEF. Ils sont douze en Charente, dans trois circonscriptions, vingt en Dordogne, dans cinq circonscriptions, huit en Gironde, dans deux circonscriptions, et douze dans trois circonscriptions des Landes. Le panachage a permis l’élection de trois élus MODEF en Loir-et-Cher, deux en Vaucluse et deux dans l’Indre. 45 sont de nouveaux élus, alors qu’un est élu depuis 1936, huit depuis 1952, deux depuis 1955 et trois depuis 1959. Sur les pages de l’annuaire des chambres d’agriculture publié en juin 1965, ils ne sont qu’une dizaine à être présentés comme responsables du MODEF. Si les 59 élus MODEF ont en moyenne 50,2 ans – contre 50,6 ans pour l’ensemble des membres des chambres d’agriculture – deux sur cinq ont moins de cinquante ans et aucun n’a plus de 80 ans – 42 membres de chambre d’agriculture dont trois présidents font partie de ces doyens de l’institution. Ils sont 31 sur 59, soit 52 %, à résider dans la commune où ils sont nés, alors que parmi l’ensemble des membres de chambre d’agriculture cette proportion n’excède pas 36 %. Six seulement évoquent un parcours scolaire ou universitaire – soit 10 %, contre 17 % de l’ensemble des membres. Un élu bordelais et un charentais évoquent qui le baccalauréat qui un brevet d’enseignement primaire supérieur. Jacques Large, membre du Syndicat viticole de l’Entre-Deux-Mers, précise qu’il était « admissible à l’INA en 1940 » 4144. Deux ingénieurs agricoles et un ingénieur des Arts et Métiers : ce sont les seuls indices d’une distance à l’agriculture qui, si toutefois elle était partagée, n’est guère revendiquée. Serait-elle masquée ? Les attaques contre Raymond Mineau, secrétaire général du MODEF, membre de la chambre d’agriculture de Charente et ingénieur agricole – fustigé pour n’être « pas souvent sur sa ferme », dont on écrit que « les gens du village ne le connaissent même pas » et considéré par ses opposants comme un « "permanent" du parti politique auquel il appartient » – sont largement postérieures à 1964 4145 : sont-elles déjà à l’ordre du jour ? Les responsables du MODEF font-ils déjà preuve de méfiance à cet égard ?

Si l’on considère les seules indications relatives à leurs pratiques d’agriculteur et à leur métier, les élus MODEF montrent des réticences à présenter leurs exploitations plus évidentes encore que dans le reste du vaste groupe des membres des chambre d’agriculture. Si deux élus de Charente, un de Gironde et un de l’Indre se disent fermiers ou propriétaires-fermiers, les autres se disent tous ou sont tous dits « propriétaire-exploitant » ou « exploitant ». Notons toutefois que les élus des Landes n’ont pas rempli de fiche individuelle, mais que la chambre d’agriculture s’est contentée d’envoyer à l’APPCA une liste des membres élus, légèrement étoffée – ce qui explique le fait que l’activité des gemmeurs reste imperceptible. Si une vingtaine d’élus MODEF n’inscrivent que le terme « polyculture » dans la rubrique « nature éventuelle de l’exploitation », onze évoquent l’élevage, et l’on ne repère guère qu’en Dordogne de combinaison du type « élevage-polyculture-tabac », telles qu’évoquent Jean Aymard ou Léopold Delpech 4146. Claude Robert, en Loir-et-Cher, à la tête d’une exploitation en « tabac, asperges, maraîchage, fleurs » 4147, fait figure d’exception. Sans surprise, comme pour l’ensemble du corpus, aucune de ces informations ne filtre dans l’annuaire. Aucun des quelques neuf viticulteurs n’est présenté comme tel. En revanche, l’APPCA semble avoir cherché à publier surtout des informations pouvant amener les lecteurs à situer les élus MODEF à la lisière du monde agricole – le charentais Marcel Simonnet, membre du comité directeur du MODEF 4148, n’est pas présenté comme « propriétaire exploitant » en « polyculture et viticulture », comme il le faisait lui-même sur sa fiche individuelle 4149, mais comme « conseiller technique de la caisse locale de Crédit agricole de Rouillac » 4150. L’invisibilité des exploitants adhérents ou militants du MODEF dans leur spécificité s’inscrit dans la logique, plus vaste, d’occultation de l’existence d’intérêts rivaux et de « modèles » 4151 d’agriculteurs inégalement défendus par l’APPCA et par ses alliés.

Trois élus MODEF nouvellement élus deviennent secrétaires-adjoints, dans les Landes et en Dordogne, un autre devient secrétaire, cinq deviennent vice-présidents, en Charente, Dordogne et Landes. Le cas de Charles Prat – membre de la chambre d’agriculture des Landes depuis 1936, président du Syndicat des résiniers métayers de Lévignacq depuis 1924, secrétaire général de la Fédération des gemmeurs et métayers du Sud-Ouest depuis 1934, président et directeur-général de l’Union régionale corporative des résineux depuis 1944 – vice-président de la chambre départementale depuis 1939, est totalement exceptionnel mais montre la possible continuité locale entre les mouvements de l’entre-deux-guerres et ceux qui émergent au tournant des années 1960. Un seul président de chambre est directement lié au MODEF. Marcel Sintas, « fils d’agriculteur », « adhéra au parti communiste français au lendemain de la Libération et fut à l’origine de la création de la Confédération générale de l’agriculture dans ce département des Landes – où se posaient de façon aiguë les problèmes de métayage et de fermage » 4152. En 1946, le préfet des Landes dira de celui qui est alors vice-président de la FDSEA qu’il est « inscrit au parti communiste [et] très actif et influent du fait de sa popularité dans les milieux agricoles » 4153. « Cofondateur (1952) [sic] du MODEF », il devient en cette même année 1952 membre de la chambre d’agriculture des Landes, élu par les agriculteurs de la circonscription de Dax, « tout en poursuivant ses activités syndicales » 4154, notamment en restant trésorier du MODEF, fonction qu’il occupe depuis 1959 4155. En 1964, il est secrétaire de la Fédération départementale des syndicats agricoles des Landes, fédération dissidente et exclue par la FNSEA depuis le début des années 1950, devenue constitutive du MODEF. Élu dans la circonscription de Dax le 2 février 1964, il recueille 7 433 voix sur 10 576 votants – et 18 101 inscrits. Le 25 mai 1964, les membres de la chambre l’élisent président, avec 22 voix sur 28 : il est alors le seul candidat déclaré 4156. À l’APPCA, il n’est pas candidat aux fonctions de membre du CPG.

Le cas d’Olivier Desbarats est assez différent. Celui qui est élu secrétaire-adjoint de l’APPCA en mai 1964 est né le 5 octobre 1908 à Cassaigne, dans le Gers. Descendant de propriétaires-cultivateurs installés dans cette commune depuis au moins quatre générations 4157, il y réside toujours en 1964. Quoiqu’en 1946 le préfet du département qualifie celui qui est alors vice-président de la jeune FDSEA du Gers d’« ancien militant de la CNP (Corporation Nationale Paysanne) 4158 », le fait qu’il lui accole la mention « SFIO » et qu’aucune mention d’Olivier Desbarats ne puisse être trouvée dans les archives de la corporation paysanne, tant au niveau local que départemental ou national – au sein du CROC, de l’URCA à sa constitution ainsi qu’à son renouvellement, de la chambre régionale d’agriculture instituée en janvier 1944, de la COCP, du comité permanent provisoire de la Corporation paysanne, ainsi que du Conseil national corporatif institué en mars 1943 –, qu’au niveau local 4159, incite à penser qu’il s’agit d’une erreur d’un préfet peu au fait des activités de celui qui est en 1946 vice-président de la FDSEA du Gers. Avant 1940, le jeune Olivier Desbarats – il a 32 ans en 1940 –, était vraisemblablement un militant de la CNP, la Confédération nationale paysanne de Calvayrac fondée en 1933, sans qu’on puisse l’attester. En 1951, il est toujours président de l’Union départementale de la CGA 4160. En 1952, il est élu membre de la chambre d’agriculture du Gers, dont il devient le président : il accède aussitôt aux fonctions de membre titulaire du CPG de l’APPCA, et est choisi par ses pairs comme vice-président de l’assemblée en 1953, avant de quitter ces fonctions en 1954. En 1955, il est à la fois président de la coopérative de meunerie agricole et de la cave coopérative agricole de Condom, ainsi que de la Fédération des vignerons de l’Armagnac, de l’UD-CGA, mais aussi administrateur de la Fédération de la mutualité agricole du Gers et de la FDSEA, et enfin conseiller économique. En 1959, il a ajouté à son curriculum vitae des fonctions de vice-président de la Coopérative départementale d’insémination artificielle.

En 1964, les listes de la chambre d’agriculture sortante, considérées par le préfet comme procédant d’une « alliance PC-SFIO » 4161, l’emportent sur celles de la FDSEA, qui n’obtient que cinq élus sur 34. Situation complexe que celle du Gers où le MODEF ne s’est implanté que depuis 1961-1962 et où « l’unité » de la FDSEA n’a été rétablie qu’en 1960. Alors que « le président sortant de la chambre d’agriculture Desbarats aurait […] souhaité réaliser l’union des tendances, mais l’intransigeance des positions jointe encore aux rivalités de personnes, va entraîner la constitution de quatre listes » 4162 : une liste de tendance poujadiste soutenue par les négociants en céréales, une liste PSU liée à la Fédération de la Mutualité sociale agricole du Gers et à son président, Alexandre Baurens, député socialiste de 1945 à 1958 4163, ancien résistant, une liste patronnée par la FDSEA avec l’appui des jeunes du CDJA « et une certaine bienveillance de la Mutualité 1900 » 4164, et, enfin, une liste de la chambre d’agriculture sortante, autour d’Olivier Desbarats, et avec le soutien du MODEF, qui s’y voit offrir trois place sur vingt 4165. Ici, l’élection se règle déjà avant le scrutin, au cours de ces négociations et renégociations d’alliance.

L’implication de la Mutualité sociale agricole aux côtés des candidats PSU provoque des remous : « lors de la première réunion du conseil d’administration de la Mutualité ayant suivi le scrutin, M. Desbarats et six de ses amis ont donné leur démission du conseil, après avoir fait entendre une très violente protestation ». Avant cette rupture, un observateur de l’APPCA note que « M. Desbarats avait conclu une entente avec les dirigeants de la Mutualité 1900, de tendance "modérée" (c’est-à-dire, dans le Gers, de tendance "Bruel") et avait assuré l’élection au titre des groupements de trois personnalités qui lui sont favorables » 4166. La Mutualité 1900, initialement favorable à la liste conduite par la FDSEA et le CDJA, rallie les candidats d’Olivier Desbarats. Rien n’est cependant joué avant le scrutin, où les quatre listes se maintiennent 4167, et où les listes de la chambre sortante et de la FDSEA sont parfois au coude à coude, comme dans les circonscriptions de Mirande et de Lectoure. Le préfet commente en isolant quatre « faits significatifs : 1. Fort pourcentage d’abstentions traduisant déso... [sic] désintéressement de la masse à l’égard d’un organisme semblant trop académique et pas assez syndical. 2. Multiplicité des listes et candidatures traduisant séparation des cadres et interférences des clans politiques. 3. Redressement spectaculaire de l’équipe actuelle sortante et victoire du président Desbarats sur à la fois la FDSEA et le PSU mais acquis au prix large concession au PC stop. 4. Réélection du président Desbarats à la présidence de la nouvelle chambre semble assurée stop et fin » 4168.

En 1964, Olivier Desbarats a gardé la plupart de ses fonctions antérieures, est demeuré administrateur de la FDSEA, mais il est également président du Comité de défense des vins du Sud-Ouest, du Comité départemental des céréales ainsi que de la Caisse locale de crédit agricole. Si Olivier Desbarats était déjà conseiller économique et social – mandat qu’il conserve – et membre titulaire du CPG de l’APPCA, il fait son apparition en tant qu’administrateur d’organisations nationales, au sein du Bureau national de l’Armagnac ainsi de que l’Institut des vins de consommation courante (IVCC) et de l’Office national interprofessionnel des céréales (ONIC) 4169. L’explication de son élection aux fonctions de secrétaire-adjoint de l’APPCA en mai 1964 réside-t-elle dans la stature du dirigeant dont l’influence gagne tous les types d’organisation, y compris les organismes parapublics et de crédit, dans des secteurs aussi différents que les céréales et le vin 4170 ? Pour Paul M. Bouju, c’est « la forte position du président de la chambre, président entre autres de la Fédération des vignerons de l’Armagnac, du comité départemental des céréales, etc., [qui] lui permet d’arbitrer cette compétition encore plus embrouillée au sein du collège des groupements où pratiquement tous les dirigeants d’organisation s’affrontent » 4171. Il semble en effet que cette position originale du président sortant ait pu contribuer à asseoir son autorité à l’APPCA : pour l’assemblée permanente, il ferait ainsi office de caution de gauche, manière d’entériner a minima les avancées électorales du MODEF, en même temps qu’il aurait joué le rôle de symbole de la quête d’une « unité », dans la neutralisation du MODEF par l’alliance électorale.

L’intrication des mandats entre les chambres d’agriculture et les fédérations départementales affiliées à la FNSEA est légèrement amoindrie. Le nombre de présidents de chambre d’agriculture identifiés dans les appareils des FDSEA chute de 48 à 35 entre 1959 et 1964 4172 : majoritaires à l’APPCA en 1959 avec 53 % des sièges, les présidents potentiellement influents dans les FDSEA ne représentent plus que 39 % de l’assemblée. Alors qu’en 1959 73 présidents de FDSEA étaient membres d’une chambre d’agriculture, dont 18 en tant que président et trente comme vice-président, ils ne sont plus que 67 en 1964, dont seulement 10 à la présidence de la chambre départementale. Cette évolution pointe l’acmé que représente l’année 1959 au regard de la proximité entre chambres d’agriculture et FDSEA – l’évolution constatée ne peut être entièrement liée à un effet de source et l’annuaire publié en 1965, nettement plus complet que la précédente édition, donnant des informations sur chaque membre, aurait dû contribuer à identifier plus de membres des fédérations de syndicats. Les suppléants-délégués à l’APPCA sont moins souvent des dirigeants de FDSEA. Aucun secrétaire-général de FDSEA n’est président d’une chambre départementale. Il faut clairement voir ici l’accentuation maximale d’une tendance déjà visible au début des années 1950 et visant à dissocier position de pouvoir au sein de la FDSEA et présidence de la chambre d’agriculture.

Cependant, si la proportion de membres de chambre d’agriculture identifiés comme dirigeants d’une FDSEA diminue depuis 1959, passant de 27 à 22 %, leur importance numérique augmente légèrement – de 544 à 567. L’évolution constatée pour les postes de présidents des deux organisations masque des formes d’intrications plus étroites à d’autres niveaux. Certes le fait que les chambres d’agriculture comptent parmi leurs membres deux fois plus de présidents d’honneur de FDSEA, dont onze comme présidents, qu’en 1959 n’est pas réellement significatif, puisque l’honorariat ne correspond guère à une position de pouvoir, en règle générale, et que le nombre de présidents d’honneur de FDSEA augmente continuellement depuis la Libération, ce qui est plus une distinction qu’une fonction ne cessant le plus souvent qu’avec le décès de l’intéressé. Les secrétaires-adjoints, les vice-présidents et surtout les secrétaires-généraux de FDSEA sont en revanche plus nombreux dans les chambres d’agriculture, mais ne semblent pas avoir eu le temps ou l’opportunité d’en investir les bureaux. De même, les secrétaires-adjoints et les vice-présidents des chambres d’agriculture sont souvent des dirigeants de la FDSEA locale.

L’étude de Pierre Grémion débute avec la mise en place des institutions régionales et la mise en œuvre de la régionalisation du 5e Plan, en 1964. Il y observe que « la détention du poste de président de chambre d’agriculture est l’enjeu essentiel de la compétition ou des groupes en lutte pour le pouvoir : cette cristallisation de la représentativité de la profession sur ce rôle privilégié n’est pas la seule composante de la structure de pouvoir des notables agricoles, [puisque] quels que soient les clivages idéologiques ou professionnels, il existe dans chaque département un treillis serré d’inter-connaissance et d’inter-contrôle entre quatre institutions [qui sont] la chambre d’agriculture, la FDSEA, le Crédit agricole mutuel et la Mutualité sociale agricole ». Il note que « la liaison entre représentation et représentativité dans ces quatre institutions de la profession est assurée par quelques caciques inamovibles [et que] les successions sont les seuls évènements susceptibles de modifier la structure du treillis » 4173. La description est certes extrêmement pertinente, mais notre point de vue semble permettre d’en modifier certains éléments.

En effet, dans la limite d’une étude rapide, la présence de nombreux présidents d’honneur de FDSEA dans les chambres d’agriculture est lourde de sens. Si l’on considère également les 39 autres présidents de chambre d’agriculture qui occupaient des fonctions dans les FDSEA en 1959, voire en 1955, dont une vingtaine n’en mentionnent plus dans les pages de l’annuaire, les cursus sont malaisés à reconstituer, puisqu’à l’échelle nationale le chercheur peut difficilement faire mieux que de poser des jalons au fil des trajectoires des individus. La tendance qui apparaît serait caractérisée par la succession de trois phases : d’abord, assez fréquemment dans les départements, le président de la FDSEA, ou l’un de ses vice-présidents, est élu président de la chambre d’agriculture, ensuite, pendant quelques mois ou années, il cumule ces deux fonctions, avant que ne s’amorce la dernière phase, celle du retrait de ce dirigeant des sphères dirigeantes de la FDSEA, dans le cadre d’un protocole répandu, celui qui décerne la présidence d’honneur, tandis que son détenteur demeure président de la chambre d’agriculture pendant quelques années encore, parfois jusqu’à une quinzaine d’année. Ce fonctionnement relativement répandu depuis les années 1950 semble persister pour les trente présidents de chambre d’agriculture ayant accédé à ce poste depuis 1960. Et les positions des membres du bureau de l’APPCA sont encore plus claires : Marc Ferré, Hugues de Kerret et Olivier Desbarats sont en retrait de la nébuleuse FNSEA, tandis qu’Henri Chatras, Louis Richier et Pierre Collet ne sont plus que présidents d’honneur de la FDSEA de leur département, et que René Blondelle, président d’honneur de la FNSEA, cherche à se démarquer d’elle depuis 1954.

Dans cette optique, l’irruption du MODEF signifie avant tout que cette tranquille continuité, même si elle occasionne des conflits de personnes et de tendances, est menacée. Surtout, elle clame haut et fort que la proximité entre FDSEA et chambres d’agriculture, et donc entre FNSEA et APPCA, repose sur une idéologie, celle du « mythe de l’unité » 4174 entretenu stratégiquement par les organisations dominantes dans le but de rester les seuls interlocuteurs des pouvoirs publics, et plus largement sur le « paradigme agrarien » 4175. Si « le postulat de l’agrarisme [repose sur] cette identité interclassiste de la "paysannerie", puis du "monde agricole", supposés avoir plus d’intérêts communs face à l’industrialisme urbain que d’éléments de division en leur sein […], c’est bien la périodisation de l’agrarisme qui constitue la clé de compréhension de sa signification historique et de son articulation à la question sociale, [et on ne peut nier que] l’intégration ou non de la période d’hyper-sélection monofonctionnelle des acteurs de l’agriculture dans le paradigme agrarien a des conséquences majeures sur sa définition » 4176. Pour le MODEF, la question semble entendue, l’est-elle ? La tentative de prise d’assaut dont sont l’objet les chambres d’agriculture signifierait-elle pour l’APPCA la nécessité de clarifier ses positions quant à sa complicité dans la « caution du syndicalisme majoritaire officiel à la loi d’orientation », principal reproche du MODEF qui considère qu’il est né dans « la période historique où les "modernistes" du CNJA conquièrent la majorité de la FNSEA en mettant en avant les notions de productivité, rentabilité, en opposant ces thèmes à ceux de la défense de l’exploitation familiale » 4177 ?

En 1964, les chambres d’agriculture et l’APPCA mettent en avant les corporatistes, tandis qu’elles relèguent au second plan les élus politiques. Selon Paul M. Bouju, « tous les parlementaires agriculteurs sont loin d’avoir brigué un mandat professionnel et les chiffres paraissent d’ailleurs en régression par rapport aux chambres précédentes » 4178. La diminution est évidente et après 1962, se produit bien une sorte d’éclipse partielle de la « présence parlementaire » des chambres, mais surtout de l’APPCA, à l’Assemblée nationale et au Sénat 4179. Si comme le précise Paul M. Bouju, deux anciens « députés paysans » et ministres de l’Agriculture 4180 ne se représentent pas aux élections des membres des chambres d’agriculture en février 1964, on observe aussi quelques cas de parlementaires battus en 1962 qui restent ou entrent dans les chambres d’agriculture.

Aucun président de chambre d’agriculture n’est député depuis 1962 et ils ne sont guère que six membres à siéger à l’Assemblée nationale : parmi eux, on dénombre quatre députés du groupe des républicains indépendants (RI) et deux du groupe Union pour la nouvelle république, la formation gaulliste désormais alliée à l’Union démocratique du travail (UNR-UDT). Seul le député UNR-UDT René Rousselot 4181, membre de la chambre d’agriculture de la Meuse depuis 1952, est élu membre du bureau de celle-ci, en tant que vice-président. Parmi les sept présidents qui sont sénateurs en 1964, figurent cinq membres du groupe du Centre républicain d’action rurale et sociale (CRARS), un sénateur RI et un autre encore siégeant avec les Républicains populaires de la formation du centre démocratique. La moitié des membres de chambre d’agriculture qui sont également sénateurs font partie des RI, deux se retrouvent sur les rangs des Républicains populaires et quatre à la Gauche démocratique. Un seul membre côtoie les présidents de chambre au CRARS. Les autres siègent sans leurs homologues des chambres d’agriculture, qui chez les socialistes, qui au MRP, qui à l’UNR. Ainsi la distorsion semble un peu différente de celle que l’on observait en 1960.

Au Sénat, tandis que les présidents sont regroupés autour de René Blondelle au sein d’un CRARS qui ne représente qu’à peine 7 % des sièges, les membres sont plus majoritairement présents parmi les RI, groupe le plus nombreux d’un Sénat très éclaté, avec 65 sièges, soit 24 %. À l’Assemblée nationale, l’APPCA n’est plus directement présente depuis les élections de 1962. Le 4 octobre 1962, les trois présidents de chambre qui sont députés 4182 siègent tous trois parmi les Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) : lors du vote de la motion de censure contre le gouvernement Pompidou – suite à l’annonce, par le général de Gaulle, en septembre 1962, de la tenue d’un référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel direct –, ils votent pour, comme la grande majorité des Indépendants, entraînant le vote de la motion qui conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais « contrairement aux prévisions du Cartel des non, le premier tour des législatives, le 18 novembre, se révèle désastreux pour la droite non gaulliste et tout particulièrement pour le CNI » : les trois présidents de chambre font partie des sortants non réélus et le groupe des IPAS disparaît. Se pose dès lors la question de la survie du CNI et des voies de celle-ci : « rejoindre la majorité pour l’influencer de l’intérieur ; s’allier aux anciens partis de la troisième force pour tenter à nouveau de disputer le pouvoir aux gaullisme ; conserver son autonomie et cultiver son identité, au risque de s’anémier peu à peu, se rapprocher, comme au temps de la guerre d’Algérie, de l’extrême droite contestataire » 4183. Sur le plan politique, l’APPCA n’est-elle pas condamnée à opérer la même clarification ? La tendance à la prime aux corporatistes, notamment dans les instances dirigeantes de l’APPCA, relève-t-elle de la seule inertie ou révèle-t-elle un glissement vers la droite ?

Ainsi la compétition électorale, qui provoque un malaise dans les rangs de l’APPCA, consisterait en une mise en évidence du caractère fictif du mythe agrarien de l’unité paysanne et de l’instrumentalisation de celui-ci par des organisations qui ont intérêt à ce qu’il perdure : l’APPCA figurerait parmi celles-ci, car quoiqu’en écrive Paul M. Bouju, qui considère que la diversité des parlementaires présents dans les chambres d’agriculture confèrent à celles-ci des gages de représentativité, la distorsion constatée, ainsi que le maintien aux plus hautes fonctions des corporatistes des années 1940, pointe le fait que c’est bien parce que sur le plan politique, l’APPCA doit expliquer sa position vis-à-vis de la politique gaulliste, notamment agricole, que l’irruption du MODEF, somme toute modeste, fait mouche. Néanmoins, nombre d’observateurs attribuent à un autre acteur la responsabilité de l’ouverture du système 4184.

Notes
4119.

Ibidem, lettre du préfet du Cher au ministre de l’Intérieur, le 23 février 1964.

4120.

Chambres d’agriculture, 1er-15 juillet 1964, p. 18.

4121.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 93.

4122.

Yves TAVERNIER, « Le Mouvement de défense des exploitants familiaux », dans Yves TAVERNIER, Michel GERVAIS et Claude SERVOLIN [dir.], L’univers politique des paysans dans la France contemporaine, Cahiers de la fondation nationale des sciences politiques, Paris, Armand Colin, 1972, 650 p., pp. 467-497, p. 473.

4123.

À l’origine de la constitution, en 1956, du Comité d’action pour la sauvegarde de l’exploitation familiale.

4124.

Yves TAVERNIER, « Le Mouvement de défense des exploitants familiaux », article cité, p. 493.

4125.

Francisco TELLO, « Données sur l’origine et l’implantation du MODEF », dans Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez, 12e année, n° 28, 1978, pp. 39-80, p. 80. En 1965, ce nombre s’élève à 35 000.

4126.

Yves TAVERNIER, Le syndicalisme paysan : FNSEA, CNJA… ouvrage cité, p. 65.

4127.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 54.

4128.

Ibidem, f° 56.

4129.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Document 1.

4130.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 93.

4131.

Francisco TELLO, « Données sur l’origine et l’implantation du MODEF », article cité, p. 76.

4132.

Qui vient de soutenir le mémoire suivant : Francisco TELLO, État-Agriculture : les relations pouvoirs publics-FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) dans la V e  République, mémoire de DEA en science politique, Université Paris 1, 1977, 179 f°.

4133.

Depuis 1953, dans ce département, la FDSEA n’est plus affiliée à la FNSEA : cette année-là, a été créée l’UDSEA, qui s’est alignée sur les positions nationales de la centrale syndicale. En 1959, la FDSEA de la Charente est rattachée au MODEF.

4134.

Sylvain MARESCA, La formation de l’élite paysanne : étude sociologique des dirigeants paysans, Thèse de 3e cycle en Sociologie, sous la direction de Pierre Bourdieu, Paris, EHESS, 1981, 2 vol., 375 f°, f° 217 et 218.

4135.

Ibidem, f° 220.

4136.

Dominique ANDOLFATTO, L’univers des élections professionnelles… ouvrage cité, p 200.

4137.

Ainsi, un observateur de l’APPCA note-t-il, à propos des élections des membres de la chambre d’agriculture de l’Eure-et-Loir, l’existence d’une liste des petits exploitants face à celle des sortants et précise : « mais les candidats des deux listes sont loin d’être des ennemis ». Arch. APCA, Elections 1964, Eure-et-Loir, note intitulée : « tendance des listes électorales, complément [par ou pour] M. Bouju », 1964.

4138.

Sylvain Maresca exprime avec justesse que « l’accusation de communisme constitue probablement la remise en cause la plus extrême, car il n’est apparemment rien de plus extérieur ni de plus opposé à la paysannerie que le parti révolutionnaire de la classe ouvrière ». Sylvain MARESCA, Les dirigeants paysans, ouvrage cité, p. 184.

4139.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, lettre du préfet de la Creuse au ministre de l’Intérieur et au ministre de l’Agriculture, le 27 mars 1964.

4140.

Ibidem, lettre du préfet de l’Ain au ministre de l’Intérieur et au ministre de l’Agriculture, le 13 février 1964.

4141.

Hypothèse de Bernard BRUNETEAU, Les paysans dans l’État… ouvrage cité, p. 74.

4142.

Sylvain MARESCA, Les dirigeants paysans, ouvrage cité, p. 177.

4143.

Selon ses observations, « les dirigeants du MODEF pratiquent plutôt des spéculations traditionnelles de l’agriculture locale ; vigne, viande bovine, polyculture avec des céréales, du tabac, des oléagineux. L’intensification de leurs exploitations, plutôt moyennes, passe moins par l’élevage que par les cultures spéculatives comme celles que nous venons de mentionner. Plutôt que de développer la production du lait ou celle du porc, ils cherchent à valoriser leur récolte de vin et se mettent à distiller et/ou à vendre à la bouteille ». En face d’eux, « des agriculteurs modernistes, habitués de la vulgarisation, de la commercialisation par voie coopérative, des groupements de producteurs, plutôt fortement endettés, souvent fermiers ou, du moins, possédant moins de terres qu’ils n’en louent, accordant autant voire plus d’importance à l’amélioration de leur productivité et de leur structure d’exploitation qu’à la défense des prix, attendant du syndicalisme (UDSEA/FNSEA) davantage de services tangibles que d’actions revendicatives ». Sylvain MARESCA, La formation de l’élite paysanne… ouvrage cité, f° 228 et 232.

4144.

Arch. APCA, Élections 1964. Gard à Isère, 1964, Fiches individuelles des membres.

4145.

« À la télévision, M. Mineau avoue ne pas être exploitant agricole », dans La vie charentaise, n° 277, 1er mai 1970.

4146.

Arch. APCA, Élections 1964. Corse à Finistère, 1964, Fiches individuelles des membres.

4147.

Arch. APCA, Élections 1964. Jura à Maine-et-Loire, 1964, Fiches individuelles des membres.

4148.

CAC, 850070, 6 CA 4. Élections de 1964. Dossier Charente.

4149.

Arch. APCA, Élections 1964. Aude à Corrèze, 1964, Fiches individuelles des membres.

4150.

Annuaire APCA 1964.

4151.

Dans la logique de Pierre COULOMB et Henri NALLET, Le syndicalisme agricole et la création du paysan modèle… ouvrage cité. Les auteurs notent que « l a question de savoir "quel est le bon producteur agricole" est constamment présente dans le débat sur l’agriculture » et montrent que « plusieurs couches de paysans incarnent successivement les précurseurs et les modèles de l’agriculture moderne », soit dans un premier temps le « grand propriétaire châtelain » de la Société des agriculteurs de France, le « grand exploitant du Bassin Parisien » des associations spécialisées, puis le « jeune agriculteur » du syndicalisme agricole moderne, objet de leur étude. Se contenter de ces catégories reviendrait à ne retenir que celles qui se sont imposées comme la norme : le MODEF cherche à étoffer l’image de son « paysan modèle » et ce n’est qu’a posteriori que celui-ci est considéré comme un agriculteur condamné par l’évolution de l’agriculture.

4152.

http://www.histoiresocialedeslandes.org/bio_sintas_win.asp

4153.

Arch. nat., F1a 4034 : Réponse des préfets à la circulaire n° 287 du Ministère de l’Intérieur sur la composition des fédérations départementales du syndicat des exploitants agricoles, février-mars 1946. Lettre du Préfet des Landes, le 5 mars 1946.

4154.

http://www.histoiresocialedeslandes.org/bio_sintas_win.asp

4155.

Philippe BUTON, « Le Parti communiste français depuis 1985. Une organisation en crise », dans Communisme. Revue du centre d’études d’histoire et de sociologie du communisme, 2e et 3e trimestres 1988, n° 18-19, pp. 8-17, p. 15 : « Marcel Sintas est décédé annonce L’humanité, le 1.12.1987. Résistant, communiste depuis la Libération, ancien conseiller général des Landes, il fut un des fondateurs du MODEF et le trésorier national de cette organisation de 1959 à 1976 ».

4156.

Arch. APCA, Élections 1964.

4158.

Arch. nat., F1CIII 1218, Rapports de préfets, fin 1944-fin 1946, lettre du secrétaire général de la préfecture du Gers au Ministre de l’Intérieur, le 2 mars 1946.

4159.

D’après la fiche du syndicat corporatif de Cassaigne, Olivier Desbarats ne figure pas parmi les membres du bureau, seuls nommés sur ce document. Arch. nat, F10 5001, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département du Gers, [1941-1944], fiche d’homologation du syndicat corporatif de Cassaigne, 14 juin 1942.

4160.

Guide national agriculture 1951-1952.

4161.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, télégramme de Jacques Roy, préfet du Gers, aux ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 3 février 1964.

4162.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 57-58.

4163.

C’est à tort qu’Alexandre Baurens a pu être présenté comme président de la chambre d’agriculture du Gers dans les années 1950 : il n’en devient membre qu’en 1970. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/baurens-alexandre-sylvain-justin-20021900.asp

4164.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 58.

4165.

L’Humanité daté du 15 février 1964 considère ainsi qu’il s’agit plus d’un soutien à des listes d’union que d’une participation directe du MODEF.

4166.

Arch. APCA, Élections 1964, [dossier Gers, note du 13 février 1964].

4167.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Document 2.

4168.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, télégramme de Jacques Roy, préfet du Gers, aux ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 3 février 1964.

4169.

Annuaire APCA 1964.

4170.

À la question de la nature de son exploitation, Olivier Desbarats répond lui-même et écrit : « polyculture (à prédominance viticole) ». Arch. APCA, Élections 1964. Gard à Isère, 1964, Fiches individuelles des membres.

4171.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 58.

4172.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Tableau 11. À confronter à Dossier n° 9. Tableau 18.

4173.

Pierre GRÉMION, Le pouvoir périphérique… ouvrage cité, pp. 224-226.

4174.

Ronald HUBSCHER et Rose-Marie LAGRAVE, « Unité et pluralisme… », article cité.

4175.

Pierre CORNU et Jean-Luc MAYAUD, « Le temps retrouvé de l’agrarisme ?... », article cité.

4176.

Ibidem, pp. 15-16.

4177.

Francisco TELLO, « Données sur l’origine et l’implantation du MODEF », article cité, p. 48 et p. 62.

4178.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 109.

4179.

Voir Annexes. Dossier n° 12. Tableau 2 et graphiques 14 et 15.

4180.

Camille Laurens, ministre de l’Agriculture du 21 novembre 1951 au 28 juin 1953, et Roland Boscary-Monsservin, ministre de l’Agriculture du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958.

4181.

Ancien député IPAS qui, en 1960, « ne s’associe pas à ceux des Indépendants et paysans qui prennent fait et cause pour l’Algérie française », désaccord qui explique son ralliement à l’UNR pour les élections législatives de 1962. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/rousselot-rene-05121899.asp

4182.

André Begouin, Jean Deshors et Jacques Le Roy Ladurie.

4183.

Pierre LÉVÊQUE, Histoire des forces politiques en France. Tome 3 : 1940 à nos jours, Paris, Librairie Armand Colin, 1997, 511 p., pp. 334-335.

4184.

Ainsi Pierre Grémion écrit-il : « Au milieu des années soixante, les deux seules variables introduisant un degré de liberté dans les relations locales entre l’État et la profession étaient la présence des coopératives et l’implantation du Centre national des jeunes agriculteurs ». Pierre GRÉMION, Le pouvoir périphérique… ouvrage cité, pp. 224-226.