… et « montée des jeunes »  4185

Le 1er février 1964, le journaliste François-Henri de Virieu publie dans Le Monde un long article dans lequel il présente sa vision des enjeux des élections aux chambres d’agriculture. L’un des constats majeurs se résume par ce titre, mis en évidence par la rédaction : « les jeunes sont en minorité dans les collèges électoraux ». Soulignant que « l’âge moyen des chefs d’exploitations et surtout celui des propriétaires non exploitants est assez élevé », l’auteur pointe la contradiction qui existe entre cette situation et le fait que « la tâche essentielle des chambres d’agriculture est de faire de la "prospective" et de prendre des positions engageant l’avenir des jeunes générations ». Or, comme le suggèrent les préconisations de certains – partisans d’une « sévère "politique du cocotier" avec limitation des mandats à douze ans (comme pour les chambres de commerce) et mise à la retraite automatique à soixante-dix ans » – et le saisissement des autres – François-Henri de Virieu conclut ainsi : « on signale déjà de nombreux "oublis" de jeunes lors de la mise à jour des listes ; de nombreux maires ont retenu les listes des précédents scrutins sans y ajouter les fils d’agriculteurs ayant accédé depuis lors à la majorité » 4186, peut-on estimer sans débat qu’il s’agit d’une simple concurrence entre générations pour le contrôle des chambres d’agriculture ?

Car le journaliste signale que « nombreux sont ceux – surtout parmi les jeunes éléments – qui souhaitent, à la faveur des prochaines élections, "mettre la main" sur les "chambres" dans le seul but de pouvoir utiliser leurs immenses ressources pour les tâches qu’ils estiment les plus urgentes » 4187. Cette ambition n’est pas sans poser des questions parmi les proches du CNJA puisque François Maurel 4188 souligne « le risque qu’il y avait de voir des "organisations agricoles à court d’argent", séduites par une formule dont elles ne discernent par les inconvénients, aider le gouvernement dans sa tâche d’"intégration" progressive et de "reprise en main" des services de vulgarisation et de gestion créés par les agriculteurs eux-mêmes » 4189. Alors : question générationnelle ou question politique, celle de l’adhésion à la politique agricole gaulliste et de participation à celle-ci ?

Il a déjà été dit combien l’ampleur du rajeunissement des chambres d’agriculture était difficile à établir. L’âge moyen des membres des chambres d’agriculture oscille entre 40 et 60 ans, sans que l’on puisse comparer ces moyennes aux précédentes. Dans 39 chambres, la moyenne est en dessous de cinquante ans, et elle n’est supérieure à 55 ans que dans une chambre départementale sur dix. On ne compte cependant guère que trois cas où la moyenne est inférieure ou égale à 45 ans, dans les départements de l’Ardèche, de la Lozère et surtout du Finistère 4190. Mais plus que l’âge moyen, c’est la place des élus de moins de 35 ans qui paraît éclairante. Combien de ces « jeunes » élus comptait-on dans les chambres en 1959 ? La question reste ouverte. D’après les données connues 4191, ils étaient au moins 128, soit 6,3 % des quelques 2000 membres alors en fonctions. La plupart venaient de passer le cap de la trentaine, si bien qu’en 1964, seuls 28 d’entre eux ont encore moins de 35 ans. Tous sauf un sont réélus, aux côtés de 272 autres : en 1964, les chambres comptent donc 299 membres de moins de 35 ans, soit 11,3 % des sièges.

Les observations de François-Henri de Virieu, au lendemain de l’installation des membres dans les départements, sont assez éloignées de la réalité qu’il nous est possible d’appréhender. Titrant « 76 sièges seulement sur 2 643 à des "moins de trente-cinq ans" », le journaliste relaye les chiffres fournis par le BIMA, largement erronés, entretenant la confusion entre les élus de moins de 35 ans et ceux qui se présentaient sur une liste patronnée par le CNJA 4192. Considérant que « cette situation s’explique par l’allure générale de la pyramide des âges du milieu paysan, [où] les agriculteurs de moins de trente-cinq ans sont en minorité dans les collèges électoraux », François-Henri de Virieu ajoute que « le CNJA a tenté de combler ce handicap en négociant dans chaque département l’inscription de ses candidats sur la liste soumise au collège des organisations professionnelles : ainsi s’explique que plus de la moitié des jeunes agriculteurs aient été élus par ce quatrième collège » 4193. Or la réalité est bien différente. D’après les données des fiches individuelles des membres des chambres d’agriculture, la majorité des 299 élus de moins de trente-cinq ans – 183, soit 61 % – l’ont été sur les listes des exploitants, 59, soit 20 %, sont des élus des salariés – alors qu’à peine 1 % sont des représentants des propriétaires non exploitants, et 53, soit 18 %, ont été désignés par les délégués des groupements, syndicats et associations agricoles à l’échelle du département.

La place des moins de 35 ans serait-elle néanmoins perçue comme insuffisante, comme ne reflétant pas la société rurale et agricole française du mitan des années soixante ? Si l’on ne compte guère que huit chambres d’agriculture dans lesquelles tous les membres ont plus de 35 ans, les élus n’ayant pas atteint cet âge – qui est aussi celui retenu par le CNJA et ses centres départementaux comme limite d’âge – sont rarement nombreux dans une même chambre. Dans 44 d’entre elles, soit une sur deux, ils sont de un à trois, même si les cas de jeunes élus isolés sont très rares – on n’en dénombre que trois. 35 chambres comptent quatre à six jeunes trentenaires dans leurs rangs, quant elles ne sont qu’une poignée à en accueillir plus – neuf en Morbihan, onze en Finistère, treize en Moselle 4194. Les jeunes élus ne représentent que dans un cas sur dix plus de 20 % des sièges et sont donc peu en mesure, à eux seuls, de peser de façon déterminante sur les orientations de la chambre d’agriculture. Dans 49 chambres d’agriculture, ils constituent toutefois 10 à 20 % des élus. En mai 1964, alors qu’ils représentent 11,3 % des membres, les moins de 35 ans voient élire 42 des leurs aux fonctions de secrétaire-adjoint d’une chambre d’agriculture, soit 18 % des détenteurs de ce mandat, tandis que neuf secrétaires de chambre, soit un sur dix, a désormais moins de 35 ans, quant ils ne sont que 5 % des vice-présidents.

Paul M. Bouju insiste sur le cas, très remarqué, de Louis Chopier, seul membre d’une chambre d’agriculture âgé de moins de 35 ans à accéder à la présidence. Avec le soutien du CDJA, le jeune fermier de Paramé, à la tête d’une exploitation « légumière et primeuriste » 4195, a ravi à trente ans, en 1961, la présidence de la FDSEA d’Ille-et-Vilaine à Francis Chouan, son aîné de plus d’un quart de siècle, ancien syndic corporatif de sa commune de L’Hermitage 4196. En 1964, il demande « "une représentation équitable " de la FDSEA au sein de la chambre renouvelée "sans toutefois exiger la majorité " : devant le refus du président sortant, des jeunes listes FDSEA appuyées par deux sortants, dont le président des fermiers, sont alors présentées dans toutes les circonscriptions contre les listes patronnées par le président et la majorité des membres sortants » 4197. Les listes de la FDSEA l’emportent dans les six circonscriptions, mais celles présentées par la chambre d’agriculture sortante rassemblent le plus souvent plus d’un tiers des suffrages exprimés. Louis Chopier est élu président de la nouvelle chambre, avec 31 voix sur 34. L’âge moyen des membres de la chambre reste élevé, approchant 49 ans, mais quatre des cinq membres de moins de 35 ans appartiennent désormais au bureau. Exemple d’un conflit apparemment réductible à un antagonisme générationnel et à la prise d’assaut d’une institution vieillissante par de jeunes responsables ambitieux et intrépides, le cas de l’Ille-et-Vilaine n’est pas isolé. Il pointe la réalité d’une brèche ouverte dans des chambres tenues depuis 1952 par les héritiers de la Corporation paysanne. En cela, le conflit est affaire de génération.

La mise en lumière de ce type de cas est d’autant plus fréquente qu’elle fait écho à la « révolution silencieuse » à l’œuvre dans les campagnes 4198. Transposée à l’échelle de l’APPCA, la question générationnelle est loin de perdre tout son sens. La pyramide des âges confrontant membres et présidents de chambre d’agriculture montre la surreprésentation des sexagénaires parmi les présidents, alors que le profil de la pyramide, côté membres, est assez proche de celle de la population active et inactive agricole masculine 4199. Mais ce sont surtout les 35-45 ans qui, parmi les membres, sont très sous-représentés à l’APPCA : alors qu’ils constituent près d’un tiers des chambres, ils ne sont que sept à l’assemblée permanente, face à l’écrasante majorité des caciques de cinquante ans et plus, dont 26 ont plus de 65 ans. Paul M. Bouju a beau joindre à sa démonstration une pyramide des âges des membres des chambres d’agriculture et des membres du parlement et en conclure que les représentants professionnels sont plus jeunes et se retirent plus tôt que les responsables politiques, l’impression est bien celle d’une APPCA restée le bastion de vieux dirigeants.

Les titres s’en font l’écho avec grandiloquence dans la presse locale : dans la Manche, René de Tocqueville, âgé de 65 ans, membre de la chambre d’agriculture depuis 1936, est battu dans sa circonscription par des candidats issus de la FDSEA et du MFR, considérés par le préfet comme proches du MRP. La confusion sur les appartenances est entretenue par le choix des noms des listes – s’opposent une « liste d’action pour la défense des intérêts de l’agriculture » à une « liste d’action pour la défense des intérêts agricoles » 4200 – et La Manche libre titre « ainsi s’en vont les dirigeants agricoles » 4201. Pour le préfet de la Manche, « cet échec est symptomatique, M. de Tocqueville étant considéré comme le chef de file de la tendance traditionaliste et conservatrice de l’agriculture du département, qui groupe essentiellement les propriétaires terriens ; c’est cette conception de l’économie agricole et des conditions d’existence en milieu rural qui se trouve ainsi condamnée par ce scrutin. Je vous adresse, ci-joint, une coupure de presse extraite du journal hebdomadaire "La Manche Libre", de tendance MRP, qui témoigne de l’importance que la JAC attache à ce résultat » 4202.

Qu’est-ce qui distingue le plus sûrement les plus jeunes membres de leurs aînés ? Les mêmes biais que dans le reste de l’effectif jouent à propos des professions et des exploitations des intéressés. Les légères différences constatées ne sont de ce fait guère exploitables. Tout au plus repère-t-on que les élus de moins de 35 ans semblent moins prompts que les autres à qualifier la nature de leur exploitation en utilisant le terme « polyculture » – 36 % contre 52 % –, de même qu’ils déclarent moins souvent être à la tête d’une exploitation consacrée à l’élevage – 19 % contre 30 %. De même se disent-ils plus fréquemment fermiers – 31 % des jeunes élus du collège des exploitants contre 17 % parmi les plus de 35 ans. Par la confrontation des lieux de naissance et des lieux de résidence on serait en mesure d’attester l’existence d’une génération de jeunes agriculteurs établis ailleurs que sur l’exploitation paternelle, soucieux de s’installer tôt et non de rester les aides familiaux de leur parents, possiblement passés par les voies de l’installation créées par les lois sur les structures – SAFER et ADASEA notamment. Or l’hypothèse d’une disjonction entre commune de naissance et de résidence qui serait croissante au fur et à mesure que l’âge diminue est largement invalidée : au contraire, les plus jeunes élus affichent une propension à résider dans leur commune de naissance légèrement supérieure à celle des élus plus âgés et les effets des diverses mobilités semblent s’accroître avec l’âge 4203. Les jeunes élus sont encore moins nombreux à inscrire une quelconque information dans la rubrique « titres universitaires – 6 % d’entre eux contre 33 % du reste des membres. Cette lacune traduit avant tout le refus de la pertinence de la question posée et la contestation de la légitimité de l’APPCA à formuler cette demande, déjà évoquée à propos de l’exemple de Marcel Cazale.

Certains critères distinguent indubitablement les plus jeunes élus de ceux qui appartiennent à la même génération que les présidents de chambre et les dirigeants de l’APPCA. Une césure existe entre ceux nés avant les années 1920, qui ont pu prendre part aux organisations mises en place par le gouvernement de Vichy dans le cadre de la Corporation paysanne, et ceux qui sont devenus adultes après la Libération. Les hommes nés dans les années 1930 ont été nombreux à compter parmi les quelques 1 300 000 appelés ou rappelés du contingent, envoyés en Algérie entre 1954 et 1962 pour les opérations dites de « maintien de l’ordre », expérience commune à cette génération, d’autant plus décisive que sa violence extrême a constitué pour la plupart d’entre eux une rupture 4204. Face à eux, parmi les présidents de chambre, se trouvent seize parlementaires ou anciens parlementaires, dont quatorze ont été considérés comme « indépendants paysans » 4205, pour qui « sauvegarder l’Algérie française » devient le leitmotiv des années 1950 4206. Au tournant des années 1960, le secrétaire général du CNI, Roger Duchet, « anime une tendance, sans doute majoritaire, très hostile à la politique algérienne du gouvernement » 4207, et conduit son parti à refuser de donner des consignes à ses électeurs pour les référendums de janvier 1961 et avril 1962 sur la politique d’autodétermination et les accords d’Évian. Parmi les présidents de chambre d’agriculture figure également l’un des « animateurs du Comité de Vincennes qui milite en faveur du maintien de l’Algérie dans l’unité française » 4208 : Fernand Vangraefschepe, président de la chambre d’agriculture du Nord depuis 1952, qualifié de « leader d’extrême droite » 4209, est membre suppléant du CPG depuis 1955.

L’APPCA, en tant qu’institution, est discrète sur ce sujet jusqu’en 1962, date à partir de laquelle elle vote plusieurs délibérations sur « les agriculteurs d’Algérie » 4210. Aux lendemains des accords d’Evian, le CPG se préoccupe de la situation d’« insécurité » dans la région de Mostaganem, dont lui fait part le président de la chambre d’agriculture de cette ville, suite au meurtre de plusieurs propriétaires d’exploitation agricole originaires de la métropole 4211. Dès les années 1930 4212, des chambres d’agriculture ont été créées en Tunisie et en Algérie. Les présidents des chambres d’Alger, Batna, Bone, Constantine, Medea, Mostaganem, Oran, Orléansville, Sétif, Tiaret, Tizi-Ouzou et Tlemcen siègent avec les représentants des chambres d’agriculture métropolitaines. Quoique l’Assemblée permanente des présidents des chambres d’agriculture soit, depuis 1935, l’organe consultatif et représentatif des intérêts généraux et spéciaux de l’agriculture exclusivement métropolitaine, en mai 1962, René Blondelle tient à affirmer que « l’APPCA représente aussi les agriculteurs d’Algérie » et, à l’occasion de la discussion sur l’accueil de ceux-ci, il « constate que le [projet de délibération] emploie le mot "rapatrié" qui a justement choqué le président du Sénat, car un rapatrié revient de l’étranger pour rejoindre sa Patrie. Or comme lors de l’exode de 1940, il ne s’agit pas là de gens qui ont quitté une terre étrangère : le président Monnerville a donc raison de préférer le mot de "réfugiés" » 4213. Dans les années qui suivent, les dirigeants de l’APPCA distillent par petites touches cette nostalgie propre aux ultras de l’Algérie française, tout en prétendant jouer un rôle dans l’accueil des agriculteurs algériens. Lors du 44e congrès national de la mutualité, de la coopération et du crédit agricole, une motion a été votée qui charge l’APPCA de coordonner les questions relatives au « reclassement professionnel [des] agriculteurs d’Algérie et des collaborateurs de leurs organisations » 4214. En janvier 1963, un « bureau des questions algériennes » est créé, dirigé par Louis Montoyo, ancien directeur de la chambre d’agriculture d’Alger. Son rôle est de « se préoccuper du reclassement de[s] agriculteurs [français d’Algérie] et de leur situation matérielle et morale, cette activité ayant, dès le début, été étendue aux agriculteurs rapatriés des autres territoires d’Outre-Mer, [et de] procéder à l’affectation dans les chambres d’agriculture métropolitaines des agents des chambres d’agriculture d’Algérie » 4215.

Cette digression montre cependant combien sont difficiles à isoler les éléments qui caractérisent la génération des plus jeunes membres des chambres d’agriculture face aux plus anciens. Si « une génération est caractérisée par un événement, ou une série d’évènements marquants son identité, ses activités, sa reconnaissance dans un ensemble démographique », il convient de noter qu’« une période agitée peut être productive de plusieurs générations, dans la mesure où les dates choisies marquent des différences significatives dans les réseaux formels ou informels, l’outillage mental, les modèles d’action » 4216.

D’après les informations données par l’annuaire des chambres d’agriculture, 123 des 299 élus de moins de 35 ans, soit 41 %, seraient des responsables d’organisations affiliées au CNJA, centre cantonaux, régionaux mais surtout départementaux de jeunes agriculteurs (CDJA). 45 % de ceux qui sont élus par les exploitants et 10 % des élus du collège des salariés mentionnent un mandat dans un CDJA ou CRJA, et 68 % des élus des groupements semblent l’avoir été au titre du CDJA ou CNJA. On ne compte que 19 chambres départementales dans lesquelles aucun responsable d’une organisation affiliée au CNJA ne serait identifié. Dans un tiers des chambres, un seul jeune dirigeant signale cette affiliation ; dans un autre tiers ils sont deux. Dans une dizaine de chambres, trois à quatre membres issus du CDJA sont présents. En Morbihan, en Moselle et dans les deux départements alsaciens, ce sont cinq à sept « jeunes agriculteurs » qui sont recensés. À l’évidence, ces incursions du CNJA dans les chambres d’agriculture ne sont jamais suffisantes pour être majoritaires, mais ces têtes de pont peuvent permettre de faire basculer de fragiles majorités. Pour les contemporains, l’élection de certaines « figures » du CNJA a une signification symbolique très forte, comme celle de l’élection de Marcel Deneux, président du CNJA depuis 1961, comme membre de la chambre d’agriculture de la Somme.

En Bretagne, en Alsace, en Rhône-Alpes, dans le Sud-Ouest, l’arrivée des responsables CNJA dans les chambres d’agriculture semble refléter l’importance numérique des effectifs du CNJA dans les départements 4217, et s’inscrit dans les traces des premières expériences jacistes des années 1930 4218. Dans le Nord et une partie du Bassin parisien, en revanche, il semble que le caractère récent de l’engagement massif des jeunes agriculteurs ait retardé leur entrée dans les chambres d’agriculture, à moins que ne s’y opposent des forces puissantes au sein des appareils syndicaux, notamment par le biais des associations spécialisées qui y sont très influentes. L’examen des listes de candidats malheureux montre que « c’est le plus souvent par le biais des Fédération départementales d’exploitants que s’opère la montée des jeunes, soit que d’anciens ou actuels dirigeants des CDJA aient été appelés à participer à la direction, soit qu’ils aient opéré un lent "grignotage" et conquis la majorité de certaines fédérations départementales » 4219. Paul M. Bouju considère que « c’est donc par la reconnaissance, à l’intérieur des organismes agricoles, du CNJA qu’accèdent ainsi aux chambres d’agriculture un bon nombre de présidents ou de vice-présidents ou de secrétaires-généraux. Si dans quelques cas, toujours remarqués, il y a eu "conquête" des organisations ou de l’appareil syndical, dans la plupart des cas c’est par le jeu des mécanismes de la cooptation, que se fait l’insertion progressive des jeunes (fort normale étant donné le poids des travailleurs familiaux dans le collège des exploitants) dans les organes dirigeants des chambres d’agriculture » 4220.

Interviennent alors à la fois le lent ballet des négociations antérieures aux élections, avant que ne se profilent les alliances ultérieures, au moment de l’élection du bureau de la chambre d’agriculture. En Moselle, où treize agriculteurs de moins de 35 ans sont élus, dont six membres du CDJA, le préfet commente l’élection ainsi : « Le 2 février 1964 se sont déroulées les élections à la Chambre d’Agriculture. La campagne préparatoire à cette consultation s’est déroulée dans le plus grand calme en Moselle et n’a pas soulevé d’intérêt particulier. Les organisations agricoles telles que la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, des Organismes de Coopération, de Crédit et de Mutualité, le Cercle Départemental des Jeunes Agriculteurs, ont présenté des listes d’union dans l’ensemble des circonscriptions, à l’exception d’une seule. Dans l’arrondissement de Thionville-Ouest en effet, la liste d’Union Professionnelle s’est trouvée en concurrence avec celle du Comice Agricole. Ce sont les candidats de cette dernière qui ont d’ailleurs été élus. Le résultat du Scrutin dans son ensemble n’a pas causé de surprise et ne doit pas apporter de changement notable dans la vie des organisations professionnelles » 4221. Les exemples locaux – l’âpreté et la durée du conflit entre Roland Viel et Michel Debatisse dans le Puy-de-Dôme ou la chute spectaculaire de René de Tocqueville, vice-président de la Confédération européenne de l’agriculture (CEA), dans la Manche – montés en épingle, font ainsi écran à un phénomène sans heurts et tissé de complicités multiples.

Il ne faudrait oublier que l’alliance avec la FNSEA est constitutive de l’histoire du CNJA. Depuis 1956, le CNJA est adhérent à la FNSEA : il est « partie composante de la FNSEA » qui lui garantit « son autonomie juridique, administrative et financière, ainsi que sa liberté d’action et d’expression dans le cadre des règles et des disciplines générales de l’organisation » ; cependant ses ressources lui sont versées par la FNSEA et « les jeunes agriculteurs ne peuvent pas adhérer directement à leur organisation, ils doivent préalablement faire partie d’un syndicat local de la FNSEA » 4222. Yves Tavernier précise que « la "barrière des trente cinq ans" crée localement une instabilité des effectifs » et « entraîne un renouvellement automatique [et] la rotation des cadres » 4223 : dans les faits, s’opère chaque année un large mouvement d’intégration à la FNSEA des dirigeants du CNJA ayant atteint la limite d’âge. Juste après les élections aux chambres d’agriculture, lors du congrès de la FNSEA sur la régionalisation, qui se tient les 25-27 février 1964, Michel Debatisse accède au poste de secrétaire général adjoint de la FNSEA, nomination qui illustre à la fois le fait que les jeunes agriculteurs imposent au syndicalisme paysan leur aspiration au changement et qu’ils s’y recyclent avec aisance.

Pour Pierre Grémion, « la création du Centre national des jeunes agriculteurs n’a pas, à cette époque, au niveau de la modification du réseau, les effets que son audience dans la société globale permettrait de supposer. La représentativité accordée aux dirigeants du Centre des jeunes agriculteurs est fonction du conservatisme des caciques qui sont aux commandes des organisations professionnelles. Ils constituent une élite de rechange pour prendre leur succession. Mais l’excédent de représentativité qui leur est accordé par opposition à leurs aînés n’est pas une garantie de transformation des mécanismes de représentation eux-mêmes. Leur soudaine percée permet, au départ, une ouverture du jeu entre l’État et la profession agricoles. Mais elle les place immédiatement en posture de succession et à ce titre les jeunes sont très vite intégrés au treillis des caciques et perdent du même coup leur capacité potentielle de rénovation du système » 4224. Séduisante, cette idée d’une « élite de rechange » pose la question du devenir des « anciens jeunes » 4225 dans le « syndicalisme aîné » 4226 comme dans les chambres d’agriculture où dès 1964, 82 % des élus de moins de 35 ans ont déjà plus de 30 ans et approchent donc de la limite d’âge du CNJA. Leur élection est-elle à considérer comme une étape sur la voie de leur reclassement, de leur intégration aux organisations fondées par leurs prédécesseurs ? Se pose la question de la part entre continuité et rupture de la JAC au CNJA et du CNJA à la FNSEA. Pour Sylvain Maresca, l’expérience jaciste est l’instrument et l’occasion de « légitimation d’une bourgeoisie agricole » qui à travers la JAC, peut « fonder sa position dirigeante sur les mérites personnels de ses représentants et transmuer ainsi en qualités individuelles ce qui était dû en fait, pour une large part, à ses privilèges économiques » 4227. Le poids des jacistes parmi les dirigeants du CNJA et l’impact des idées portées par la JAC sur sa vision du monde n’est guère contestable. En mai 1964, les relations entre FNSEA et CNJA sont stabilisées, provisoirement, comme elles semblent l’être à la tête de l’APPCA : lors de la session de mai 1964, René Blondelle précise, à propos des réunions de coordination entre les OPA (FNSEA, CNCMCA, CNJA), que les représentants du CNJA « ne viennent guère aux réunions, faute de temps sans doute, plutôt que par réticence systématique. Pourtant, aussi bien du côté des organisations professionnelles que de celui de l’APPCA, les légères réserves des premiers temps sont oubliées et tout le monde travaille d’un même cœur à la tâche commune » 4228.

Les circonstances de la réélection du septuagénaire président de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, Henry Magne, montrent la complexité d’alliances qui évidemment transcendent les générations. Au lendemain des élections de 1959, la chambre d’agriculture aveyronnaise comptait 25 membres, dont onze qui venaient d’être élus, onze autres qui l’avaient été en 1952, et trois qui étaient entrés à la chambre avant 1940. Au moment des élections de 1964, deux membres de la chambre sont décédés et trois sortants, élus en 1952, ne se représentent pas – dont Roland Boscary-Monsservin, député indépendant, ancien ministre de l’Agriculture 4229, président de la commission de l’Agriculture de l’Assemblée parlementaire européenne 4230. Neuf sièges étant créés, ce sont quatorze nouveaux membres qui sont élus. Pour le collège des exploitants – dans quatre circonscriptions sur cinq – comme au scrutin des groupements, c’est une liste unique qui est proposée aux électeurs. Dans la circonscription de Rodez, une liste incomplète de trois candidats, « liste sans étiquette officielle », s’oppose à la « liste présentée par les organisations professionnelles » 4231 : selon le préfet, elle serait constituée « sur l’initiative de la fédération départementale UNR » et « comprend le beau-frère d’un ennemi personnel de Marcel Bruel, un maire CNI d’un petit village, et un sympathisant poujadiste, inéligible au demeurant, pour être inscrit sur les listes de la chambre de commerce et d’industrie ». On retrouve la même dichotomie de présentation dans les collèges des propriétaires et des salariés : dans ce dernier cas, face à la liste « d’obédience FO » se présente une liste « présentée par le syndicat des travailleurs de la terre, [qui] se réclame en fait de CFTC [et qui] est suscitée et soutenue par la FDSEA : la presse locale a publié sa profession de foi où l’on retrouve la vigueur de style de ses inspirateurs, soucieux semble-t-il, de faire pièce aux tentatives d’infiltration communiste dans les milieux agricoles aveyronnais » 4232.

Le préfet le souligne au lendemain des élections : « en vue de la préparation des scrutins, les dirigeants des organisations agricoles qui poursuivent une action militante vivante et audacieuse, d’une part, et les représentants d’une tendance professionnelle modérée, sachant faire la part entre les revendications légitimes et les exigences impératives, et attachés à la solution des problèmes agricoles dans la prudence et la pondération, d’autre part, avaient engagé le dialogue. Un compromis a abouti à la présentation de listes patronnées par les deux tendances, aussi bien pour les collèges des électeurs individuels que pour les groupements. De ce fait, les élections n’ont donné lieu à aucune confrontation passionnée » 4233. Ce type de négociations et d’accords pré-électoraux est typique des élections aux chambres d’agriculture depuis les débuts de celles-ci : la situation aveyronnaise montre combien FDSEA, CDJA et chambre d’agriculture sont capables de faire bloc pour décourager toute alternative.

Mais le préfet a beau écrire que « la représentation des agriculteurs à leur chambre professionnelle est placée sous le signe de l’homogénéité », une certaine diversité est facilement lisible. Cinq membres étaient membres de l’URCA aveyronnaise en décembre 1943, dont le président de la chambre, Henry Magne, alors également syndic corporatif de Villefranche-de-Rouergue, sous-préfecture du département de 9000 habitants. Élu membre de la chambre en 1927, Henri Magne n’en est plus membre en 1933, il a alors 39 ans. Élu à nouveau en 1952, au suffrage des agriculteurs de la circonscription de Villefranche, il devient président de la chambre. En 1959 et 1964, il est réélu sur les listes des candidats à désigner par les groupements agricoles. Administrateur de la FDSEA en 1959, il ne semble plus l’être en 1964 mais reste président de la Coopérative agricole d’approvisionnement et de stockage de céréales de Villefranche. Si, comme le décrypte le préfet, « les novateurs de la profession agricole, qui comptaient déjà dans l’ancienne représentation M. Marcel Bruel, secrétaire général de la FNSEA  4234 et André Laur, vice-président national de la Mutualité sociale agricole, voient leur phalange renforcée par l’arrivée d’un jeune vice-président de la FDSEA délégué à l’action sociale, militant MRP et surtout du président départemental des Jeunes agriculteurs, désigné au titre des groupements professionnels » 4235, comment le septuagénaire Henry Magne, figure type de notable rural, entre coopérative et caisse locale de crédit agricole, a-t-il pu être réélu président ?

C’est que dès début mars, on pouvait estimer que « la question de la présidence, qui sera résolue en mai lors de la constitution du nouveau bureau, ne présente plus, dès lors, qu’un intérêt mineur » 4236. Intérêt mineur pour l’observateur extérieur, mais enjeu de taille pour les membres de la chambre – la procédure d’élection du nouveau bureau dure deux heures. Marcel Bruel y renonce à se présenter, se résout à une candidature d’Henry Jaudon, puis se voit imposer par le sénateur indépendant Robert Laurens, âgé de 54 ans et membre de la chambre depuis 1952, et avec l’accord des jeunes agriculteurs, la réélection d’Henry Magne, répondant à l’intervention de celui-ci qui accusait les membres de l’assemblée de « "vendre la peau" d’un président qui n’avait pas renoncé et méritait quelques égards de par ses références au service de la chambre d’agriculture du département ». Le préfet y voit un double échec pour Marcel Bruel et le résultat des menées des « jeunes agriculteurs en particulier, groupés autour [du] vice-président national de la Mutualité sociale agricole, [qui] ont finalement favorisé la réélection d’une personnalité qui, par son âge ou les milieux traditionalistes qu’elle représente, apparaît ainsi doublement comme un élu de transition » 4237. Autour du président, un bureau constitué de trois secrétaires-adjoints de moins de 35 ans – dont Raymond Lacombe, ancien président national de la JAC, de 1955 à 1957, et Gabriel Romiguière, président du CDJA – et d’un quatrième de 66 ans, représentant des propriétaires non-exploitants, de trois vice-présidents jeunes quadragénaires – dont Marcel Bruel et Henry Jaudon – et d’un secrétaire incarnant également la continuité, ancien membre de l’URCA de l’Aveyron et vice-président de la Caisse régionale 1900. Ainsi « à la chambre d’agriculture, le temps travaille pour les représentants de la jeune profession agricole : ces derniers ont su faire preuve de modération en ne revendiquant pas tout en même temps, mais ils influencent en fait de plus en plus une Assemblée qui restait il y a peu de temps encore un bastion de la droite classique » 4238. Le pas de temps de la « montée des jeunes » est grand et il l’est d’autant plus si l’on tente d’en évaluer les répercussions à l’APPCA : ce n’est que dans les années 1967 et 1970 que les « effets-retards » des élections de 1964 se feront peut-être sentir.

Ainsi le seul constat de la « montée des jeunes » face à l’« inertie des vieux »ne peut être pertinent, masque d’autres débats et cherche à donner l’illusion d’une solution de continuité qui n’est pas si claire. Il conviendrait de lui redonner du contenu. Pour Paul Houée, « le conflit de générations se double rapidement d’un conflit d’idéologies entre des responsables marqués par le corporatisme et de jeunes militants épris d’efficacité et de rigueur » 4239, mais on ne peut nier l’existence de lignes de fracture internes à la tendance moderniste du syndicalisme agricole du début des années 1960 4240 : le courant des jeunes agriculteurs est lui-même divisé, de plus il ne gagne l’APPCA que modestement et au moment où ses tenants approchent la quarantaine et s’immergent dans le « syndicalisme aîné » 4241.

Les élections de 1964 peuvent être lues autrement que comme elles l’ont été jusque-là, à condition de déplacer légèrement le regard. Au-delà des tendances locales et de leur irréductibilité, au-delà des micro-évolutions des rapports de force entre organisations, se joue pour l’APPCA la prise en compte d’une nouvelle donne apportée à la fois par la concurrence électorale et par la représentation des électeurs par collèges fondés sur les catégories sociales. L’APPCA s’oblige à intégrer la composante des élus MODEF, qui sont pourtant ultra minoritaires dans l’institution, tout en n’exhibant que ses représentants les moins représentatifs et les plus « présentables », tel Olivier Desbarats. Les salariés et les propriétaires sont maintenus à distance et leur conformité au profil attendu est soigneusement entretenue. Dans ces deux cas, il s’agit de réaffirmer contre vents et marées l’unité paysanne, de nier l’existence de tout conflit procédant de la lutte des classes dans l’institution.

Mais dans le même temps, les chambres d’agriculture et l’APPCA font peu de place aux « jeunes agriculteurs », ou du moins ont-elles des réticences à mettre en avant ceux de leurs représentants les plus en phase avec la politique de « modernisation » gaulliste. L’APPCA censure la dimension pratique et économique du métier d’agriculteur lorsqu’elle présente les membres des chambres d’agriculture dans son annuaire : ce faisant elle nie la réalité d’identités contrastées sur lesquelles se fondent des oppositions durables qui ne sont pas le résultat du téléguidage des partis politiques qu’elle accuse souvent d’instrumentaliser les agriculteurs. Sylvain Maresca a bien montré que dans ces années 1960, « l’imposition d’un nouveau rapport à l’activité agricole [est] au centre de la politique agricole qui, avec la suppression de l’indexation des prix agricoles et l’adoption des mesures en faveur de l’amélioration des structures […] a joué les "agriculteurs" contre les "paysans", pour reprendre une opposition de vocabulaire schématique mais suggestive : la création du MODEF, en 1959 précisément, apparaît comme l’affirmation syndicale d’une certaine paysannerie traditionnelle en réaction contre la promotion officielle d’une agriculture moderniste » 4242. En 1964, il n’y a pas eu d’élections depuis la fondation du MODEF et surtout depuis les lois d’orientation agricoles, auxquelles le syndicalisme « officiel » 4243 ou « majoritaire » 4244 a donné sa caution sans réserve, tandis que l’APPCA a alors inauguré – rôdé ? – une attitude de duplicité structurelle, en maintenant un discours de défense de l’exploitation familiale qui se cantonne strictement à la posture idéologique puisque l’engagement des présidents de chambre d’agriculture est, simultanément, celui de la participation à la politique de modernisation.

En 1965, Paul M. Bouju concluait à une aspiration à la stabilité des électeurs lors des élections très commentées de 1964 et liait ce fait au rôle technique des chambres d’agriculture : « nous en voyons la preuve dans l’analyse des thèmes électoraux. Il semble même qu’elle soit particulièrement vive au niveau départemental, la chambre d’agriculture apparaissant comme un lieu de convergence, dans une action directement perceptible et proche de l’utilisateur ou du bénéficiaire. Toute division ou tentative d’opposition risque d’être perçue souvent comme une perte d’efficacité, voire un "sabotage". Le caractère "technique" des réalisations des chambres paraît devoir entraîner plus aisément l’accord, sans qu’aient à influer des éléments extra-professionnels (options politiques, confessionnelles etc…). Il est symptomatique de voir que la plupart des candidats exerçant un mandat de caractère politique : sénateurs ou députés, conseillers généraux même, ne font état devant leurs électeurs que de leurs qualifications syndicales ou administratives agricoles » 4245 : l’auteur nie la contradiction qui existe entre le spectaculaire développement des activités de services des chambres départementales – pratiquement ex nihilo si l’on considère les expériences isolées des années 1930 et encore du début des années 1950 – et l’apparition d’une compétition électorale. S’il faut le suivre dans son raisonnement, ce serait plutôt pour s’interroger sur le lien entre l’apparition de la concurrence dans le cadre des élections aux chambres d’agriculture et les nouveaux rôles que les chambres d’agriculture et l’APPCA sont amenés à jouer au cours des années 1960.

Notes
4185.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 59.

4186.

François-Henri de VIRIEU, « Trois millions neuf cent mille exploitants, propriétaires ruraux et salariés agricoles vont renouveler la totalité des chambres d’agriculture », dans Le Monde, 1er février 1964.

4187.

Ibidem.

4188.

Auteur de nombreux articles dans la revue Paysans dont François MAUREL, « Quel est le rôle des Chambres d’Agriculture », dans Paysans, n° 44, octobre-novembre 1963, pp. 11-19.

4189.

François-Henri de VIRIEU, « Trois millions neuf cent mille exploitants… », article cité.

4190.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Carte 6.

4191.

Lesquelles concernent surtout les membres réélus en 1964, année pour laquelle les sources indiquent la date de naissance.

4192.

Paul M. Bouju le remarque et constate que « les correspondants du ministère ne paraissent par avoir utilisé partout les mêmes critères. […] Les candidats "jeunes agriculteurs " surtout dans la catégorie exploitants n’ont pas dû faire état, sur les bulletins de vote ou de propagande, de leurs responsabilités – très souvent cantonales – au sein du CNJA ». Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 104.

4193.

François-Henri de VIRIEU, « La leçon des élections aux chambres d’agriculture », dans Le Monde, 29 mai 1964.

4194.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Carte 7.

4195.

Arch. APCA, Élections 1964. Gard à Isère, 1964, Fiches individuelles des membres.

4196.

Arch. nat., F10 5004, archives de la Corporation paysanne, Unions régionales corporatives agricoles (suite), département de l’Ille-et-Vilaine, [1941-1944], liste des syndics communaux, 11 septembre 1943.

4197.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 62.

4198.

Au-delà du célèbre titre du livre de Michel DEBATISSE, La révolution silencieuse : le combat des paysans, Paris, Calmann-Lévy, 1963, 275 p., l’expression renvoie notamment à l’ensemble des bouleversements de l’époque, dont des questions telles que le refus de la cohabitation par les jeunes ménages d’agriculteurs ou la mise en place de l’indemnité viagère de départ (IVD) ne sont pas sans alimenter les discours et les fantasmes qui lient et opposent les générations d’agriculteurs.

4199.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Graphique 5 et document 4.

4200.

CAC, 850070, 6 CA 3-5. Élections de 1964. Dossier Manche.

4201.

La Manche libre, 9 février 1964. Voir Annexes. Dossier n° 11. Document 3.

4202.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, lettre du préfet de la Manche, au ministère de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 10 février 1964.

4203.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Tableau 12.

4204.

À ce sujet voir notamment : Laurent GERVEREAU, Jean-Pierre RIOUX et Benjamin STORA [dir.], La France en guerre d’Algérie, Nanterre, Musée d’histoire contemporaine/BDIC, 1992, 320 p. ; Jean-Charles JAUFFRET, Soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Paris, Autrement, 2000, 365 p. ; Claire MAUSS-COPEAUX, Appelés en Algérie. La parole confisquée, Paris, Hachette Littératures, 1999, 333 p.

4205.

Suivant les indications des dictionnaires des parlementaires et des bases de données du Sénat et de l’Assemblée nationale. Onze d’entre eux sont recensés comme membres du CNIP dans les annexes de la thèse de : Gilles MARTINEZ, Le Centre national des Indépendants et Paysans de 1948 à 1962, ouvrage cité.

4206.

Ibidem, p. 236.

4207.

Serge BERSTEIN, La France de l’expansion, Tome 1 : La République gaullienne, 1958-1969, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Éditions du Seuil, 1989, 379 p., p. 99.

4208.

Michel GERVAIS, Marcel JOLLIVET et Yves TAVERNIER, Histoire de la France rurale, tome 4… ouvrage cité, p. 629.

4209.

Yves TAVERNIER, « Le syndicalisme paysan et la politique agricole du Gouvernement… », article cité, p. 618. En 1946, le préfet du département écrivait à son propos : « Marié. Sans enfants. Ex-syndic communal d’Oxelaere. Ex-syndic du canton d’Hazebrouck. Membre de la Fédération des Exploitants agricoles du Nord. Délégué départemental agricole. Ex-militant du parti Dorgères. ex-PSF. Actuellement partisan du mouvement républicain de la Liberté. Opportuniste, assez ambitieux. Bon orateur très actif, élément d’avenir de la Fédération des exploitants agricoles du Nord. Ne jouit pas de la sympathie de tous les milieux agricoles de l’arrondissement ». Arch. nat., F1a 4034 : Réponse des préfets à la circulaire n° 287 du Ministère de l’Intérieur sur la composition des fédérations départementales du syndicat des exploitants agricoles, février-mars 1946, Lettre du préfet du Nord, 3 mars 1946.

4210.

En mai 1962, une délibération de ce type est votée à l’unanimité : elle souligne « la situation dramatique de l’Algérie et l’état lamentable des populations qui quittent ces départements » et mentionne « les appels des plus hautes autorités morales et politiques et ceux de l’Association nationale des français d’Afrique du Nord et du Mouvement d’entraide et de solidarité pour les français d’Outre-Mer ». Évoquant enfin « l’exode des agriculteurs algériens », l’APPCA « tient à manifester aux populations agricoles d’Algérie sa profonde sympathie dans les circonstances douloureuses qu’elles traversent et qui rendent si difficile l’accomplissement de leurs tâches professionnelles ». Chambres d’agriculture, 1-15 juillet 1962, p. 12

4211.

Arch. APCA, Comité Permanent Général, mars 1962 à juillet 1962. Procès-verbal de la réunion du 3 avril 1962. Dossier Algérie, 10 p.

4212.

Suite au décret du 19 février 1929 sur l’application à l’Algérie de la loi du 3 janvier 1924 sur les chambres d’agriculture.

4213.

Chambres d’agriculture, 1-15 juillet 1962, p. 51

4214.

Ibidem, p. 12

4215.

Doc. APCA, Rapport sur l’activité des services, année 1963-1964.

4216.

Jean-François CHOSSON, Les générations du développement rural, 1945-1990, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1990, 291 p., p. 18.

4217.

Voir Annexes. Dossier n° 11. Carte 8 et document 6.

4218.

En 1935, « c’est ainsi que "ça gaze" par exemple dans le Nord, que "ça avance" dans la Manche, que "ça va" dans l’Ille-et-Vilaine, que "ça part" dans la Somme ou le Tarn, que "ça vient" dans les Landes ». Jean CONQ, Charles-Henri GUILLOTEAU, François LEPRIEUR et Bernard VILBOUX, JAC/MRJC. Origines et mutations…, ouvrage cité, p. 82.

4219.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 60.

4220.

Ibidem, f° 105.

4221.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964-, lettre du préfet de la Moselle aux ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 11 février 1964.

4222.

Yves TAVERNIER, Le syndicalisme paysan : FNSEA, CNJA… ouvrage cité, pp. 142-144.

4223.

Ibidem, p. 172.

4224.

Pierre GRÉMION, Le pouvoir périphérique… ouvrage cité, pp. 224-226.

4225.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 105.

4226.

Expression récurrente, employée notamment dans Bernard BRUNETEAU, Les paysans dans l’État… ouvrage cité, p. 112.

4227.

Sylvain MARESCA, « Grandeur et permanence des grandes familles paysannes… », article cité, p. 36.

4228.

Chambres d’agriculture, 1-15 juillet 1964, p. 21.

4229.

Du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958.

4230.

CAC, 850070, 6 CA 3-5. Élections de 1964. Dossier Aveyron. Lettre du préfet de l’Aveyron au ministre de l’Agriculture, le 3 mars 1964.

4231.

Arch. APCA, Élections 1964 Dossier Aveyron. Résultats donnés par la chambre d’agriculture.

4232.

CAC, 850070, 6 CA 3-5. Élections de 1964. Dossier Aveyron. Lettre du préfet de l’Aveyron au ministre de l’Agriculture, le 30 janvier 1964.

4233.

Ibidem.

4234.

Marcel Bruel, « un des leaders et animateurs de la JAC » est devenu secrétaire général de la FNSEA en 1961 : « Capdenac. Marcel Bruel, une figure du syndicalisme agricole, est mort », dans La Dépêche, 19 novembre 2007. Gilles Luneau résume à grands traits sa situation au mitan des années 1960 : « Un Bruel qui s’appuie sur le courant Debatisse pour défendre la filière viande et qui ne s’entend pas du tout avec le président Courau. Lequel président, de par ses positions "Algérie française", fait de plus en plus l’unité… contre lui ». Gilles LUNEAU, La forteresse agricole… ouvrage cité, p. 421.

4235.

Il s’agit d’Henry Jaudon, ingénieur diplômé de l’Institut agricole de Toulouse, maire de Salmiech, âgé de 44 ans et de Gabriel Romiguière, 30 ans, président du CDJA, désigné par les groupements professionnels. Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, lettre du préfet de l’Aveyron aux ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 6 mars 1964.

4236.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, lettre du préfet de l’Aveyron aux ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 6 mars 1964.

4237.

Arch. nat., F1cII 489 : Élection des Chambres d’Agriculture. Landes à Yonne (plus résultats). Ain à Vosges, 1964, lettre du préfet de l’Aveyron au ministre de l’Intérieur et de l’Agriculture, le 8 mai 1964. Voir Annexes. Dossier n° 11. Document 5.

4238.

Ibidem.

4239.

Paul HOUÉE, Les étapes du développement rural. Volume 2 : La Révolution contemporaine (1950-1970), ouvrage cité, p. 18.

4240.

Lesquelles conduiront à une série de scissions internes au sein du CNJA comme de la FNSEA, dont la fondation du Centre régional des jeunes agriculteurs de l’Ouest (CRJAO) par les jeunes paysans de neuf départements de l’Ouest en janvier 1965 peut être considérée comme une première étape.

4241.

Bernard BRUNETEAU, Les paysans dans l’État … ouvrage cité, p. 212.

4242.

Sylvain MARESCA, La formation de l’élite paysanne… ouvrage cité, f° 235.

4243.

Francisco TELLO, « Données sur l’origine et l’implantation du MODEF », article cité, p. 48.

4244.

Quoiqu’employée à propos des années 1960 par Bernard Bruneteau, on peut se demander si cette expression n’est pas anachronique et si elle ne devrait pas être réservée à la période suivant la prise en considération par la ministre de l’Agriculture Edith Cresson des syndicats « minoritaires ».Bernard BRUNETEAU, Les paysans dans l’État … ouvrage cité, p. 230 ; voir la synthèse de Ivan BRUNEAU, « La Confédération paysanne », dans Regards sur l’actualité, mars 2001, n° 269, p. 17-27.

4245.

Paul M. BOUJU, Les élections aux Chambres d’agriculture en 1964…, ouvrage cité, f° 48-49.