Document 2 : Article de Luce Prault dans La Renaissance agricole, juillet 1948 4574

« Le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale a déposé le 14 mai 1948 une proposition de loi n° 4212 tendant à l’organisation (la création) des Offices agricoles départementaux 4575.

Dans l’exposé des motifs de cette proposition on peut lire la phrase suivante :

"La CGA a été d’abord seule à représenter la grande majorité des agriculteurs, mais, aujourd’hui, de nombreux syndicats de défense paysanne sont nés et la CGA ne peut plus représenter l’ensemble du monde paysan".

Parmi les signataires nous trouvons le nom du créateur de la CGA : M. Tanguy-Prigent.

Et que proposent M. Tanguy-Prigent et ses collègues socialistes ? Ils proposent en bref la suppression des Chambres d’Agriculture et de l’Assemblée Permanente des Présidents des Chambres d’Agriculture et leur résurrection sous le nom d’Offices Agricoles Départementaux et d’Assemblée Permanente des Présidents d’offices agricoles départementaux.

Nous félicitons le groupe socialiste et singulièrement M. Tanguy-Prigent d’avoir eu le courage de constater que « la CGA ne peut plus représenter l’ensemble du monde paysan », de reconnaître que l’agriculture a besoin d’une « représentation » valable, et de le proposer. Nous ajoutons que le nom de l’institution représentative nous importe peu. Mais nous ferons observer :

1°. Que les Chambres d’Agriculture et l’Assemblée Permanente des Présidents des Chambres d’Agriculture existent en vertu de lois en vigueur (loi du 3 janvier 1924, notamment) et qu’il suffit que le Gouvernement comme il en a le devoir, prenne les dispositions nécessaires à la reprise de l’activité de ces institutions professionnelles publiques de l’agriculture ;

2°. Que c’est une singulière méthode, celle qui consiste à proposer la suppression d’institutions publiques existantes pour les remplacer (dans quel délai ?) par d’éventuelles institutions qui n’en différeraient guère que par le nom.

3°. Que l’on ne saurait refuser plus longtemps la reprise d’activité des Chambres d’Agriculture et de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture alors que fonctionnent les Chambres de Commerce et les Chambres de Métiers…

Nous voulons croire que la proposition du parti socialiste n’a pas pour but de retarder, de s’opposer à la remise en marche des Chambres d’Agriculture.

Nous demandons au Gouvernement d’appliquer les lois de la République et de remettre en fonctionnement les Chambres d’agriculture. »

Notes
4574.

Luce PRAULT, « Suppression et résurrection des Chambres d’Agriculture », dans Renaissance agricole, 3ème année, n° 7, juillet 1948, p. 1.

4575.

Les organismes actuellement appelés OAD (Offices agricoles départemanaux) ont pour titre exact « Conseils agricoles départementaux ». Ces Conseils n’ont aucune personnalité juridique.