Document 8 : Lettre de Louis Fouilleul à Jacques Duhamel, ministre de l’agriculture, le 25 octobre 1969.

« Louis Fouilleul, Le Grand Jardin, Villechien, 50. Membre de la chambre d’agriculture de la Manche. Agriculteur fermier.

Monsieur le Ministre,

Il m’a été agréable de savoir que notre ministre de l’Agriculture avait été bafoué par cette minorité d’anarchistes progressistes que forment le CNJA. Vous devez savoir que le CNJA ne représente point la jeunesse paysanne, il doit sa vitalité à Michel Debré qui lui a fait distribué [sic] une subvention pour lui permettre d’avoir pignon sur rue à Paris et d’être l’interlocuteur valable dont il avait besoin pour réussi sa politique anti-paysanne.

Tous ces jeunes illuminés sont plus fort à Paris en réunion que dans leur propre ferme au milieu de la masse paysanne dont il ont peur tellement cette masse paysanne les méprise.

La politique du Juif Debré vous l’avez combattue au temps où vous nous donniez l’impression d’être un député courageux de l’opposition.

Votre présence au ministère de l’agriculture a nous qui sommes de cette immense masse paysanne syndiquée ou non qui à 80 % désapprouve les programmes de soviétisation du syndicalisme (de Caffarelli, Debatisse, Simon, Syries), nous donne l’impression que si par ambition ou pour servir vous êtes devenu ministre votre passage n’aura servi qu’à mettre un peut [sic] plus en place les vues de ce capitalisme judéo-maçonnique qui nous gouverne depuis 1958 et qui inspire le CNJA qui vous a bafoué, sans doute parce que vous n’alliez pas assez vite pour mettre en place la socialisation de l’agriculture française. Soyez courageux, demandez donc à Giscard d’Estaing de supprimer la subvention accordée au CNJA et à la FNSEA. Vous en aurez la paix. Il est inconcevable que le pouvoir ce [sic] fasse injuriée par ceux à qui il distribue la manne pour assurer l’existence [sic]. Il y a une chose qui nous semble être de la comédie pour mieux duper la masse paysanne qui heureusement ne se laisse pas prendre. Elle sait qu’elle a mieux dans l’assemblée permanente des chambres d’agriculture dans la personne de son Président (René Blondelle) et pourtant on limite à 18 ans la présence consécutive à la tête de cet organisme uniquement pour l’abattre. Là encore nous trouvons ce même capitaliste [sic] judéo-maçonnique qui inspire les illuminés du CNJA.

Vous devez savoir mieux que personne que la journée du 17 octobre a été un échec pour le syndicalisme qui n’est plus capable de rassembler des masses paysannes dans l’ordre et la dignité tellement il a dupé et trompé cette paysannerie qui refuse l’escalavage que lui offre les plan (Mansholt et Vedel) très cher au CNJA.

On vous reproche de faire du plan Vedel votre livre de chevet. M. Duhamel vous avez voulu être ministre de ce régime de rénovation qui porte la responsabilité d’avoir réduit à la misère cette agriculture française qui était nombreuse et encore prospère en 1958 quand la quatrième république a fini tragiquement, il va vous falloir vous armer de courage et faire votre la ligne de conduite de ce grand paysan (René Blondelle), le seul responsable qui a toujours eu une ligne irréprochable. Pour Blondelle et pour la masse paysanne le remède s’appelle la parité : l’agriculture de groupe la réforme des structures et autres slogans du CNJA sont empruntés à l’évangile du communiste [sic].

La position du CNJA en ce qui concerne le crédit agricole a pour but d’enfoncer toujours un peu plus les agriculteurs dans les dettes, dettes qui sont pour beaucoup difficiles à rembourses n’était pas en rapport avec leur revenu, et ceci pour bien réussir par la disparition de l’exploitation familiale et la propriété foncière ces grands rassemblements de terres collectivisées très chers à MM. Vedel et Mansholt.

M. le Ministre soyez le ministre de la paysannerie française et non le valet de ceux qui n’on [sic] point qualité pour parler en son nom.

Dans l’attente de vous lire, croyez à mes sentiments distingués.

Louis Fouilleul

PS : J’espère que vous aurez la courtoisie d’Edgar Faure qui m’a toujours répondu quand j’ai cru nécessaire de lui écrire. »

Source : CAC, 910188, Art. 55, dossier CNJA (n° 12 134), lettre de Louis Fouilleul, membre de la chambre d’agriculture de la Manche, à Jacques Duhamel, ministre de l'Agriculture, le 25 octobre 1969.