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A Gaëlle.
Ce travail lui doit beaucoup… Qu’il soit pour elle le témoignage de ma reconnaissance pour ces années de compréhension, de soutien et d’efforts communs.
A la mémoire de mon oncle Alain.
Disparu prématurément, psychologue aux multiples facettes professionnelles, praticien à l’hôpital et à la ville, créateur de plusieurs institutions pour les personnes en situation de handicap, mon enfance a été marquée par ce personnage de cocagne ouvert à la création, à la modernité et aux divertissements.
Dois-je ma vocation à cette figure tutélaire ?
Je remercie ici toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ma recherche.
Je souhaite tout d’abord remercier le Professeur Serge Portalier pour avoir accepté de diriger ma thèse. Il a su éveiller chez moi un intérêt profond pour les problématiques passionnantes liées au champ du handicap, dès les premières années de mes études en psychologie. Il a toujours soutenu ce travail en m’invitant à adopter une démarche créative et m’accordant l’autonomie nécessaire à son l’accomplissement.
J’adresse mes plus vifs remerciements à tous les membres du jury, en particulier Delphine Picard et Édouard Gentaz qui ont assumé les rôles de rapporteurs, ainsi que Jean Vezina qui me fait l’honneur de venir du Québec pour évaluer ma recherche. Leur regard et leur expérience me permettront d’être encore plus engagé et perspicace dans mes futures recherches.
J’exprime ma plus vive gratitude à André Dittmar pour m’avoir accueilli dans son équipe à l’INSA avec bienveillance et pour m’avoir accordé sa confiance à un moment important de ma thèse. Je remercie également Bertrand Massot, doctorant, pour son aide de tous les instants, ses idées ingénieuses et pour avoir partagé les techniques de mesure novatrices développées avec ses collègues. Merci également à Claudine Géhin qui a permis et facilité notre rencontre.
Je remercie bien sûr François Vital-Durand, pour m’avoir permis, cette année, de trouver des articles introuvables et pour tous les bons conseils qu’il a toujours pris le temps de me donner depuis mon année de Maîtrise.
Un grand merci tout particulier à Georges Masson, Lise Wagner, Virgile Jouvenet et Alain Duchon-Doris qui m’ont accueilli et épaulé dès les premiers moments de ma réflexion et sont maintenant devenus des amis. Ils ont toujours su m’éclairer sur la cécité qu’ils vivent quotidiennement. C’est aussi grâce à eux que j’ai pu contacter une grande partie des personnes aveugles qui ont accepté de participer à cette aventure.
J’exprime mes plus sincères remerciements à l’ensemble des participants qui sont courageusement venus affronter le froid hivernal. Sans leur engagement, il n’aurait pas été possible de mener à bien ce projet. J’espère qu’ils trouveront dans ce travail des éléments permettant de défendre l’accessibilité de la cité pour tous, notamment avec Point de Vue sur la Ville.
Comment ne pas citer Flore et Romain, sympathiques étudiants en géographie, ainsi que Sarah, en les remerciant pour leur présence sans faille lors du déroulement de l’expérimentation. Ils sont vaillamment venus user leurs chaussures sur la majeure partie des 100 kilomètres que nous avons effectués à pieds lors des parcours urbains, en assurant la sécurité des participants.
Gilles Rochon, fondateur de EO-Guidage, a toujours été présent pour répondre à nos questions sur les aides techniques et a gracieusement réalisé un plan tactile, pour notre usage dans le protocole de recherche. Christelle Famy et Myriam Azzedine, du Grand Lyon, ont permis le déroulement du protocole de recherche dans des conditions de confort qui ont été très appréciées de tous, en mettant à notre disposition des locaux au cœur de la ville.
Je remercie bien sûr François Osiurak, nouvellement arrivé à Lyon, pour sa présence sans faille, ses conseils judicieux, ses relectures critiques et les longues discussions sur ma thèse, ainsi que Marjorie Poussin, pour avoir elle aussi accepté d’en relire différents morceaux.
Une pensée solidaire pour la petite équipe de la 308K, mes compagnons de thèse, Marion, Sara, Bertrand, et bien sûr notre extra-terrestre… Thomas. Ces remerciements seraient bien incomplets sans citer Martine, personne-ressource pour toute l’équipe.
Enfin je remercie mes parents pour le soutien permanent qu’ils m’ont apporté. Ils ont toujours été présents à chacune des étapes de la longue réalisation de ce document, m’ont soutenu lors des moments difficiles, et ont aussi assuré de nombreuses relectures sans jamais se lasser.
Merci également à tous ceux qui ne figurent pas sur ces pages, mais qui durant ces quelques années de thèse, m’ont beaucoup apporté.
Cette recherche propose d’étudier l’incidence de l’environnement urbain sur certains aspects du déplacement de la personne aveugle. Dans une approche écologique, nous prenons en considération plusieurs paramètres en étudiant, en situation réelle, la perception et le ressenti liés à l’environnement, la vitesse de marche, la représentation mentale et enfin le stress, vécu et objectivé.
Nous faisons l’hypothèse que la structure urbaine a un effet notable sur l’ensemble de ces paramètres, affectant ou facilitant le déplacement. Notre protocole a mobilisé 27 personnes aveugles, utilisant une canne blanche ou un chien-guide sur un trajet urbain de 1 km, qui offre cinq scènes urbaines successives (« Ruelle A », « Place », « Berges », « Rue » et « Ruelle B »). La première session s’est faite au bras du chercheur afin d’étudier la perception et le ressenti liés à l’environnement, grâce à la technique des trajets commentés. La seconde session a été consacrée à la mémorisation du trajet. Enfin, la troisième session, intégralement enregistrée sur vidéo, a consisté en un déplacement autonome. Nous avons également enregistré l’activité électrodermale in situ, afin d’en saisir les variations au fur et à mesure du trajet. Nous avons, enfin, demandé aux participants de dessiner le trajet effectué (carte mentale).
Les résultats indiquent que les différentes scènes présentent des ambiances vécues comme très différentes par les marcheurs aveugles. L’environnement influence le ressenti en termes de plaisir, de sentiment de sécurité et de stress. Il influence également la vitesse de marche, ainsi que la capacité à mener le trajet à son terme. Les « Ruelles » et la « Rue » sont les scènes les plus favorables au déplacement, alors que les espaces ouverts comme la « Place » et les « Berges » se sont avérés défavorables. L’analyse de l’activité électrodermale révèle également un effet de la scène. Elle nous a permis d’identifier des zones problématiques sur le trajet. Ces nœuds correspondent aux lieux où les marcheurs aveugles doivent prendre des décisions importantes (traverser la chaussée, choisir une orientation). Enfin, la représentation mentale semble être en rapport avec les aspects précédents et varie en fonction des scènes. Les lieux les plus sécurisants sont sous-représentés, alors que les lieux vécus comme les plus stressants sont surreprésentés dans les dessins.
Ces résultats invitent à prendre en considération la perception incarnée et l’expérience que les personnes aveugles ont de leur environnement dans l’élaboration des aménagements de nos cités, pour permettre à tous une meilleure autonomie et liberté de déplacement.
Mots clés : Handicap, cécité, mobilité, locomotion, espace urbain, environnement, ambiances urbaines, affordance, perception, stress, activité électrodermale, représentation mentale, carte cognitive, ville.
This study investigates the influence of urban environment on some aspects of the mobility of blind people in the city. Using an ecological approach, we explore some mobility parameters in real conditions: environmental perception and feeling, walking speed, cognitive mapping and subjective and objective stress.
Our hypothesis suggests that environmental setup and features have a significant effect on these parameters, affecting or facilitating mobility. Twenty-seven blind subjects were requested to perform a 1-kilometer journey consisting of five successive urban scenes in Lyon (“Street 1”, “Square”, “River-bank”, “Avenue”, “Street 2”). Subjects walked using a white cane or a guide dog. There were three sessions. During the first walking session, blind pedestrians were accompanied all along. We asked them to comment on their perception of and feeling about the surroundings as they walked. The second walking session was devoted to memorizing the route. Finally, we asked subjects to walk independently for the third and last session, which was integrally recorded on video. We also monitored electrodermal physiological signals with an ambulatory device. Once the journey was over, we asked subjects to make a line-drawing depicting the route (i.e. a map).
Results suggest that blind pedestrian’s experience of the environment differs according to the urban scene. Environmental conditions affect enjoyment, safety and stress levels. They also affect walking speed and spatial skills. “Streets” and “Avenue” are the most favorable scenes for those mobility parameters, where wide open-spaces like “Square” and “River-bank” are unfriendly. The cognitive map seems to be related to these previous observations: its accuracy varies with environmental conditions. Analysis of the drawings indicates that the most secure scenes (i.e. “Avenue”) were under-represented while the most stressful scenes and least secure scenes were over-represented (i.e. “Square”). Electrodermal monitoring yielded the same scene-effect on the physiological signals, as well as the existence of high-activation areas in the journey, apparently corresponding to node-places requiring blind subjects to make important decisions (e.g. having to cross a road, or to choose a direction).
These results invite us to consider the environment spectific-perception of the visually impaired persons in the development of accessibility aids, in order to offer a greater autonomy and freedom in mobility in our modern cities.
Keywords: Disability, blindness, visual impairment, mobility, walk, locomotion, urban space, urban ambiances, environment, affordance, perception, stress, electrodermal activity, cognitive map, city.