Il existe relativement peu de recherches qui s’intéressent à l’effet de l’environnement urbain sur le stress du piéton qui s’y déplace. Notre environnement s’impose d’ailleurs assez rarement à notre conscience, sauf lorsqu’il est à l’origine d’un problème, d’un inconfort, ou bien à l’inverse de plaisir ou d’attention particulière (esthétique, etc.). Zimring (1981) n’a recensé que peu de travaux qui mettent en évidence l’effet du cadre bâti sur l’individu, notamment en termes de stress et d’orientation spatiale. Pourtant, notre capacité à trouver notre chemin peut avoir des conséquences importantes sur la gestion du quotidien (arriver en retard à un rendez-vous important, rater un avion, etc.), ainsi que sur l’estime de soi, comme le suggère Lynch (1960/1998). Se perdre en ville est une situation assez rare au quotidien pour la plupart des gens. Nous sommes aidés par la présence des autres personnes, des plans, des noms et numéros de rue, etc. Cependant :
‘« Lorsque l’expérience de la désorientation se présente, le sentiment d’anxiété ou même de terreur qui s’y rapporte laisse percevoir à quel point cela est relié à notre équilibre et à notre bien-être. Le sens même du mot “perdu” dans notre langue veut dire bien plus qu’une simple désorientation géographique ; il porte une connotation de désastre absolu. » (Lynch, op. cit., p. 4)’À ce sujet, Sivadon (1970, p. 416), médecin psychiatre qui a travaillé sur les espaces hospitaliers, a pris pour exemple la Maison de la Radio à Paris, qu’il décrit comme peu favorable pour l’orientation. Dans les couloirs de ce bâtiment, la construction circulaire fournit un accès visuel très limité à la destination où l’on souhaite se rendre. Il rapporte que lorsqu’il s’est égaré dans ce bâtiment, il a ressenti une très forte anxiété, liée au fait de se perdre14.
Une étude de Wener et Kaminoff (1983), portant sur les panneaux signalétiques dans l’entrée d’une prison fédérale, révèle ces liens entre le stress et la désorientation. Les expérimentateurs ont demandé aux visiteurs du lieu d’évaluer leur stress, sur des dimensions comme le confort, la gêne (dans les déplacements), la confusion et la colère. Une signalétique complète a été installée, puis les sujets ont été interrogés de nouveau. Les résultats montrent qu’en présence de la signalétique qui constitue une aide à l’orientation, les visiteurs rapportent significativement moins de stress sur plusieurs dimensions, avec notamment une augmentation du confort et une diminution de la gêne dans le déplacement, de la confusion et de la colère.
« I was able to recapture the anxiety of being lost. »