5.2. La représentation de l’espace

Étymologiquement, le terme représentation vient du latin repraesentare, qui signifie « rendre présent ». La représentation d’un espace permettrait de le rendre présent, sans que nous l’ayons sous les yeux. Selon Denis (1994), l’activité de représentation se caractérise par le fait qu’un objet ou un ensemble d’objets se trouve traduit, figuré sous la forme d’un nouvel ensemble d’éléments. Denis (op. cit.) définit, à ce propos, les représentations mentales comme les correspondants cognitifs des réalités externes expérimentées par le sujet.Il propose la notion de « correspondance systématique » entre les ensembles de départ et d’arrivée qui se traduit particulièrement par un certain degré de « conservation » des relations entre les éléments faisant l’objet de la représentation. Il croise cette notion à celle de « transformation » : la nature des produits est qualitativement distincte de celle des objets de départ, ce qui se traduit par une perte d’informations du contenu originel.Dans ce référentiel, la représentation peut être définie comme un processus lié au traitement et à l’appropriation de l’information, tant celle que l’individu extrait de son environnement que celle qu’il extrait de son propre comportement (Denis, op. cit.). Selon Vergnaud (1985), la fonction principale de la représentation est justement de conceptualiser le réel pour agir efficacement.

« L’interaction du sujet avec le réel est essentielle puisque c’est dans cette interaction que le sujet forme et éprouve des représentations et conceptions, en même temps que celles-ci sont responsables de la manière dont il agit et dont il règle son action. » (Vergnaud, 1985, p. 246)

Weisman (1981) précise différents niveaux stratégiques pour trouver son chemin. Au niveau le plus simple, nous voyons notre destination et les mécanismes pour s’y rendre restent relativement simples. À un niveau plus complexe, le piéton devra suivre une route, séquentielle, pour arriver à sa destination. C’est une stratégie efficace, mais qui manque de flexibilité, puisque le piéton connaît une route en particulier, mais n’a pas de connaissance holistique de son environnement. Dans ce cas, il ne sera, par exemple, pas capable de détecter un raccourci dans son trajet. Enfin, le dernier niveau consiste en l’utilisation d’une carte mentale du lieu de déambulation, qui offre la possibilité de découvrir des raccourcis ou de dévier de sa route sans risque de perdre son chemin.

Pour Passini (1988), se déplacer équivaut à une situation de résolution de problèmes qu’il nomme « recherche de trajets » (wayfinding process). Ainsi, lors de l’exploration d’un nouvel environnement, une personne commence par « balayer » (scan) ce dernier pour localiser les lieux et objets importants afin d’établir une connaissance des points de repère. Elle structure, par la suite, ses connaissances afin de créer des relations entre les différents objets composant cet environnement pour pouvoir se déplacer et atteindre sa destination le cas échéant. Cela lui permet de construire une connaissance des « routes » ou « itinéraires ». D’autres informations spatiales viennent, enfin, se greffer à ces connaissances précédentes, permettant à cette personne de disposer d’une vue d’ensemble de l’environnement, d’en connaître la « configuration ». Ces trois niveaux de connaissances, initialement mis en évidence par Siegel et White (1975), sont nécessaires à la formation d’une carte mentale de cet environnement, garantissant un déplacement aisé et l’atteinte rapide des destinations souhaitées.

Figure 13 : Types de connaissances et habiletés spatiales
Figure 13 : Types de connaissances et habiletés spatiales

Source : Mohamed-Ahmed (2005, p. 39).