5.3. Représentation de la ville : les cartes mentales

Figure 14 : Illustration humoristique de la représentation mentale d’un trajet
Figure 14 : Illustration humoristique de la représentation mentale d’un trajet

Source : Dessin de Stevenson (1976). © The New Yorker Magazine Inc.

Quand une personne découvre un nouveau site, elle établit inconsciemment une carte mentale (ou carte cognitive) de celui-ci. Rieser et coll. (1980) soulignent l’importance de la formation de cartes cognitives de l’environnement dans la construction et la représentation de l’espace urbain. Ces dernières participent au processus de prise d’informations sur l’environnement ambiant, pouvant ainsi servir de prédicteur du comportement spatial.

Pour Kosslyn (1980), la carte cognitive peut être considérée comme « une carte dans la tête », c’est-à-dire comme une vue au-dessus de l’environnement à la manière d’une image. La représentation de type carte cognitive est donc détachée de l’aspect séquentiel de l’expérience qui a permis sa construction. Lynch (1960/1998), dans un travail qui fait référence dans ce domaine, a utilisé différentes méthodes pour accéder à la représentation mentale que les personnes construisaient de Jersey City, Boston et Los Angeles. Il demandait notamment aux sujets de dessiner des plans de leurs trajets urbains, de décrire verbalement les routes qu’ils empruntaient, ou de nommer les points remarquables de leur ville. Il a alors proposé une classification en cinq points des éléments fondamentaux utilisés lorsqu’une personne cherche à construire une représentation mentale de son environnement urbain :

Lorsqu’une personne cherche à savoir où elle se situe et dans quelle direction elle doit s’engager, elle doit ainsi détecter des points de repère qui caractérisent le lieu où elle se trouve et qui la renseignent sur sa position. Elle doit, par ailleurs, situer ces points saillants par rapport à un espace plus global (rues adjacentes, quartier, etc.). Cette première phase de recherche d’informations sur son environnement lui permet de construire une représentation mentale du lieu où elle se situe afin d’adopter la décision d’avancer dans telle ou telle direction.

Selon Beck et Wood (1976), les principales erreurs commises dans les cartes mentales se retrouvent principalement au niveau des angles, à l’exception de ceux à 45° et 90°, que l’on retrouve le plus couramment représentés dans ce type de tâche. Byrne (1979) a montré plus particulièrement que les angles de 60-70 °, ainsi que ceux de 110-120 ° sont presque toujours arrondis à une valeur de 90°. Dans une autre recherche, réalisée auprès de personnes atteintes de cécité, Byrne et Salter (1983) ont confirmé que la représentation des angles pose plus particulièrement problème dans cette population.

Il est intéressant de mettre ces résultats en perspective avec ceux de Gentaz (2000) portant sur « l’effet de l’oblique ». Cet effet témoigne d’une perception systématiquement plus précise des stimuli dont les orientations sont verticales ou horizontales, par rapport à ceux dont l’orientation est oblique. Pour Gentaz (op. cit.) cet effet serait dû à un codage des orientations dans un cadre de référence géocentré, pour les processus de haut niveau, tels que le traitement des orientations qui nous intéresse ici. Gentaz (op. cit.) souligne également que les travaux qui étudient l’effet de l’oblique dans les systèmes perceptifs tactiles permettent de comprendre un effet existant de manière générale dans le système perceptif.