6.1. Au niveau de la personne

6.1.1. La prise en charge en locomotion

L’enfant aveugle peut bénéficier d’une prise en charge précoce en locomotion. Les « instructeurs en locomotion » lui enseignent des techniques compensatoires pour le déplacement (comptage de pas, utilisation de la canne, écoute de l’environnement, etc.), lui permettant le plus tôt possible d’adapter son comportement à l’espace, afin de favoriser son déplacement en toute sécurité etde façon autonome.

Revenons ici brièvement sur la prise en charge en locomotion, qui s’adapte au sujet et à son évolution en tenant compte de la déficience (gravité et apparition), des caractéristiques personnelles (âge, situation sociale, familiale, professionnelle, etc.), des connaissances acquises par la personne ainsi que de ses motivations et projets d’avenir. Elle s’appuie sur le développement sensoriel : l’ouïe et le sens kinesthésique essentiellement, mais aussi le toucher, l’odorat et les résidus visuels lorsqu’il en existe. Elle se fait par l’apprentissage des trajets quotidiens (domicile-commerces, domicile-lieu de formation ou de travail, domicile-lieux de loisir, etc.) avec un instructeur en locomotion. La mémorisation du parcours consiste, dans un premier temps, à reconnaitre les points de départ et d’arrivée du parcours, ainsi que les axes centraux qui le jalonnent. Dans un second temps, elle requiert une analyse plus minutieuse qui passe notamment par l’exploration de repères stables liés au cadre construit ou à l’aménagement urbain. La présence de commerces, la direction d’axes de circulation, etc., sont ici sélectionnés puis mémorisés. La personne aveugle inscrit alors corporellement le trajet effectué.

La prise en charge en locomotion ouvre une porte sur l'autonomie dans le déplacement, permettant à toute personne déficiente visuelle d’apprendre à se déplacer seule en sécurité. Comme nous l’avons constaté avec l’enquête HID (Sander et coll., 2005), toutes les personnes aveugles ne franchissent pas le pas. De nombreuses personnes atteintes de cécité préfèrent ainsi se déplacer en faisant appel à un tiers (personne proche le plus souvent) plutôt que d’utiliser la canne ou un chien-guide. Nous pensons ici plus particulièrement à la population de personnes âgées, ayant perdu la vue tardivement. En effet, l’apprentissage du déplacement avec un chien-guide nécessite des capacités de mémorisation et d’attention et fait appel aux autres capacités sensorielles (notamment l’audition). Or, les personnes plus âgées (notamment atteintes de DMLA) peuvent éprouver de réelles difficultés à se concentrer et à identifier rapidement les informations sonores etproprioceptives (par le mouvement du poignet) pour s’orienter et se déplacer dans l’espace urbain.