6.1.2.2. Le chien-guide

Une autre aide majeure à l’autonomie des déplacements en ville a été acquise par le dressage de certaines races de chiens (Labrador Golden Retriever ou Bergers Allemands, en particulier) pour servir de guide pour aveugles (fig. 19). Ce dressage s’accompagne de la formation d’une relation de confiance avec le futur maître aveugle qui reçoit une préparation spécifique. Dans ces conditions, l’efficacité, la sécurité et le confort apportés par le chien-guide sont considérables pour les personnes aveugles (Hatwell, 2003). L’avantage du chien-guide est de protéger son maître de tous les obstacles notamment suspendus ou en hauteur. La canne longue, en effet, est inefficace pour déceler les obstacles situés au-dessus de la ceinture (panneaux de signalisation, volets ouverts, etc.). Le chien-guide est également particulièrement utile dans un environnement inconnu.

Figure 19 : Une participante à notre recherche s’apprêtant à traverser la chaussée avec son chien-guide
Figure 19 : Une participante à notre recherche s’apprêtant à traverser la chaussée avec son chien-guide

Source : Baltenneck (2009)

Malgré tout, en France, Gaunet et Milliet (2010) précisent que les déficients visuels recourent assez peu au chien-guide. Leur enquête montre que les répondants, avec ou sans chien-guide, attribuent d’emblée un double statut à l’animal : celui d’animal de travail et d’animal familier (ou de compagnie). En revanche, la manière de gérer cette dualité les départage. En effet, les maîtres de chien-guide ne voient pas de contradiction entre ces deux statuts. Au contraire, ils s’accordent harmonieusement : en compensation du travail fourni, le maître offre de bons soins et de l’affection. L’un (l’affection) apparaît comme une contrepartie de l’autre (le travail fourni). Ce double statut est problématique pour les répondants n’ayant pas de chien-guide. Pour certains, le chien n’est pas utile, il génère trop de contraintes et demande trop de soins. Pour d’autres, le chien est un animal de compagnie dont on peut difficilement attendre un travail qui représente une sérieuse responsabilité (allant jusqu’à générer de la culpabilité). Pour un dernier groupe, il est difficile d’envisager de laisser jouer le rôle d’animal de compagnie au chien, sous peine de perdre ses compétences de guide. Selon les auteurs, les difficultés à gérer ce double statut ne sont pas étrangères à l’effectif réduit de chiens-guides en France. Ces difficultés trouvent probablement leur origine dans le manque d’informations sur ce type d’aide au déplacement.