7.3.4. Éthologie et observation du comportement

‘« L’éthologie est présente chaque fois qu’observation et description naturalistes sont mises en œuvre. On peut commencer très simplement par dire que l'éthologie est la science qui étudie le comportement des êtres vivants (animaux ou humains). L'éthologie s'intéresse à l'ensemble des facteurs (éléments) qui vont faire que tel individu, homme ou animal, va exprimer tel comportement. Les comportements sont réunis en grandes familles, avec les comportements sociaux, territoriaux, de reproduction, de communication, d’alimentation, de déplacements. » (Granié, 2005, p.1)’

L’éthologie interroge les motivations qui vont conduire l’individu à avoir un certain comportement. Ces motivations peuvent être intrinsèques à l’individu (le piéton aveugle) ou bien découler de son environnement (la ville). Il faut alors s'intéresser à la manière dont le stimulus fait réagir l’individu, à la manière dont le signal le stimule. Au sens large, cela pourra être par le biais d'un ou plusieurs de ses sens, ou par ce que l'on appelle des signaux physiologiques. Le champ d’étude de l’éthologie humaine se situe à l’intersection de la biologie et de l’étude du comportement social et individuel, faisant d’elle une discipline à la fois interface et complémentaire des autres disciplines en sciences humaines. Lorsque des chercheurs en psychologie appliquent à leur objet d’étude la méthode éthologique, on parle d’éthopsychologie. De telles connexions existent aussi en anthropologie et en linguistique (Granié, 2005). Dans le cadre de notre recherche, l’observation des déplacements s’est construite à partir de l'enregistrement vidéo qui offre plusieurs avantages par rapport à l’observation directe :

Il existe cependant quelques inconvénients liés à cette méthode, tels qu’un temps d’analyse très long (environ cinq heures de visionnage, pour trente minutes de vidéo dans notre cas), ainsi que le champ réduit de ce qui est filmé : en effet, un ensemble d’événements se déroule hors champ.

Comme la figure 43 ci-dessous le montre, nous avons filmé le parcours en précédant le sujet, afin de lui faire face pendant son déplacement. Nous saisissons de cette manière une grande partie de ses interactions avec la ville : hésitations, contacts de la canne avec le sol, échanges avec le chien-guide, comportement de ce dernier, etc.

Figure 43 : Angle de prise de vue pendant les parcours filmés, session 3
Figure 43 : Angle de prise de vue pendant les parcours filmés, session 3

Source : Baltenneck (2009)

Les analyses de ces vidéos ont été menées dans l’objectif d’isoler et de retenir les RED orientées lors des parcours. Ce sont donc les tracés physiologiques qui ont guidé nos observations vidéo. Par ailleurs, ces observations ont été effectuées par deux juges indépendants de manière à fiabiliser les résultats obtenus par cette méthode. La grille d’observation a été élaborée en deux temps. Dans un premier temps, nous avons retenu une sélection d’éléments cinétiques classiques lors du déplacement piéton :

Dans un second temps, après un premier visionnage des séquences vidéo, nous avons complété cette grille d’observation avec des éléments plus spécifiques aux objets de notre recherche :

Enfin, pour chaque comportement correspondant à une RED identifiée, nous avons noté, autant que possible, l’origine sensorielle du stimulus : auditive, tactile ou proprioceptive. Ces informations nous ont permis de compléter la base de données exploitée par le logiciel GeoStress.