8.2.1. Positions relatives des scènes

Nous nous sommes référé aux travaux de Beck et Wood (1976) qui ont développé une méthode permettant de déterminer si la position des objets sur un dessin correspond à la réalité. Chaque esquisse est transformée en une grille régulière. Les déplacements des points et des lignes par rapport à leurs véritables positions sont représentés par des courbes sur la grille. La grille obtenue est ensuite comparée à l’originale. Les résultats produits par ce type de technique fournissent une vue globale des erreurs de la carte cognitive. Qualitativement, le dessin de la carte cognitive est donc plus ou moins proche de la réalité.

Figure 45 : Grilles obtenues pour 2 sujets après transformation
Figure 45 : Grilles obtenues pour 2 sujets après transformation

Dans l’exemple de gauche, le sujet a produit une carte mentale de l’environnement qui est proche de la réalité, contrairement à l’autre sujet. (Beck & Wood, 1976)

D’autres auteurs ont cherché à représenter les distorsions qui peuvent exister dans la représentation mentale (Gale, 1983). Golledge (1987) propose dans l’ouvrage Handbook of Environmental Psychology des illustrations de représentations de cartes mentales utilisées dans divers protocoles de recherche (fig. 46 ci-dessous). Elles permettent de saisir visuellement les déformations qui s’opèrent dans la représentation mentale d’un lieu, ici chez deux sujets (« 131 » et « 009 »).

Figure 46 : Exemples de représentations pseudo-cartographiques de cartes mentales
Figure 46 : Exemples de représentations pseudo-cartographiques de cartes mentales

Source : Golledge (1987, p. 146)

Dans notre recherche, nous nous sommes inspiré des travaux de ces auteurs, notamment concernant l’utilisation d’un repère orthonormé (la grille) permettant d’estimer la position relative d’emplacements du parcours figurant sur les dessins. Par conséquent, nous avons tout d’abord réduit chaque dessin à un certain nombre de points le constituant. Ainsi, les scènes du parcours expérimental sont rapportées à un point les caractérisant, leur « centre ». Nous avons choisi le barycentre41 du polygone qui encadre la scène, comme sur la figure 47 ci-dessous : les points notés P1, P2, P3, etc. délimitent les polygones représentant chaque scène. Une telle méthode permet de saisir la globalité des erreurs qui peuvent avoir lieu dans la représentation d’une scène. Elles peuvent concerner les angles et les longueurs représentés et feront par conséquent varier la position du centre du polygone. L’écart de ce point par rapport à sa véritable position sur le plan nous permet de définir une « dispersion des centres » pour chaque scène. Selon nos hypothèses, cette dispersion est plus importante pour les scènes dont l’ambiance est défavorable à la représentation et gestion de l’espace.

Figure 47 : Polygones et barycentres des scènes de référence
Figure 47 : Polygones et barycentres des scènes de référence

Légende : en jaune sont représentés les centres de chaque scène, ici sur le parcours de référence. Ces cinq points ont été calculés (coordonnées x ; y) pour le dessin de chaque participant.

Notes
41.

Barycentre : En géométrie, le barycentre est un point qui permet de résumer un ensemble géométrique sur lequel sont réparties des valeurs numériques. Ces valeurs peuvent par exemple représenter des poids pour déterminer le point d'équilibre d'un mobile. Dans notre cas, il s’agit des coordonnées des points constituant le polygone.