2.1.3.2. Effet de l’environnement sur l’anxiété

Comme pour les analyses portant sur la « perception sensorielle » et la « perception des espaces », nous avons transformé nos données en fréquences spatiales de commentaires, afin de comparer les scènes entre elles et d’étudier l’effet de l’environnement sur l’anxiété. Le graphique 5 ci-dessous présente les fréquences spatiales de commentaires pour l’anxiété et l’absence d’anxiété.

Graphique 5 : Fréquence spatiale de commentaires en fonction des scènes pour l’anxiété et l’absence d’anxiété
Graphique 5 : Fréquence spatiale de commentaires en fonction des scènes pour l’anxiété et l’absence d’anxiété

L’analyse de variance nous indique que le facteur « scène » a un effet significatif sur le nombre de commentaires relatifs à « l’anxiété », F(4, 96) = 12,85, p < 0,001. Nous ne rapportons toutefois pas d’effet du « type de cécité » F(1, 24) = 0,045, p > 0,05, ni d’interaction entre les deux facteurs « type de cécité » et « scène » F(4, 96) = 1,30, p > 0,05. L’environnement n’a pas d’effet significatif sur les commentaires relatifs à « l’absence d’anxiété » qui reste stable tout au long du parcours F(4, 94) = 2,17, p > 0,05. L’analyse ne révèle pas non plus d’effet du « type de cécité » ni d’interaction entre les deux facteurs. Le tableau 13 ci-dessous présente les contrastes entre les scènes pour l’anxiété ressentie.

Tableau 13 : Contrastes orthogonaux entre les scènes pour « l’anxiété »
    DDL Erreur F Niveau P
Place (-4) VS autres (+1) 1 24 18,85 < 0,0001
Berges (-3) VS autres (+1) 1 24 12,82 < 0,05
Rue (-2) VS autres (+1) 1 24 1,46 NS
Ruelle A VS ruelle B 1 24 0,84 NS

Ces contrastes nous indiquent que l’expression de l’anxiété est maximale sur la place et les berges du Rhône. Selon les commentaires, nous rappelons que cela est souvent lié à la désorientation créée par l'absence de repères traditionnels au sol, ces deux scènes étant spécialement arasées. La saturation sonore, induite par la proximité d’une circulation intense pour la place ainsi que le calme des berges aux heures où nous les avons pratiquées (désaturation sonore), compte pour beaucoup dans l’expression plus fréquente de l’anxiété. Face à ces deux environnements, son expression est significativement moins présente dans la rue et les ruelles qui correspondent à des environnements probablement plus familiers. La fréquence des commentaires relatifs à l’absence d’anxiété y est supérieure à celles des commentaires relatifs à l’anxiété. Enfin, l’une des distinctions géographiques et urbanistiques les plus marquantes entre ces deux « types » de scènes (place et berges VS rue et ruelles) réside dans l’ouverture de l’environnement. Ce critère, en complément de la saturation sonore, nous semble être de première importance dans la notion d’anxiété ressentie par les marcheurs aveugles.