3.2.3.2. Zones noires et zones blanches

À partir de cette nouvelle façon de procéder, nous avons défini des « zones » couvrant les lieux de prise de décision et des lieux plus neutres. Ces deux types de zones sont respectivement nommés « zones noires » et « zones blanches ». Elles correspondent à des fenêtres (géographiques) de 10 mètres positionnées :

La figure 54 ci-après présente la répartition des zones choisies sur le parcours. Nous avons retenu un total de 12 zones noires et de 7 zones blanches sur lesquelles a porté l’analyse.

Figure 54 : « Zones noires » et « zones blanches » sur le parcours expérimental
Figure 54 : « Zones noires » et « zones blanches » sur le parcours expérimental (le nord se trouve en haut sur cette carte)

« Zones noires » et « zones blanches » sur le parcours, en fonction des scènes rencontrées

Le graphique 12 ci-dessous présente la fréquence spatiale de RED en fonction des « zones blanches » et des « zones noires ». Nous rappelons que l’unité en ordonnée est en RED/mètre.

Graphique 12 : Fréquence spatiale de RED dans les zones noires et blanches pour chaque scène
Graphique 12 : Fréquence spatiale de RED dans les zones noires et blanches pour chaque scène

L’analyse de variance confirme que le facteur « scène » a toujours un effet significatif sur l’activité électrodermale, même pour des mesures ponctuelles telles que celles effectuées sur des fenêtres géographiques de 10 mètres, F(4, 36) = 4,98, p < 0,05. Par ailleurs, la variable « zone » a également un effet significatif sur l’activité électrodermale, F(1, 9) = 15,47, p < 0,05. Toutefois, nous ne relevons pas d’interaction entre les facteurs « scène » et « zone », F(4, 36) = 0,92, p > 0,05. Par conséquent, nous pouvons dire que les effets de la « scène urbaine » et du « type de zone » ne se multiplient pas, mais s’additionnent simplement.

Les zones noires sont donc celles qui entrainent, en moyenne, une activité électrodermale significativement plus importante (= 1,04 RED / m et σ = 0,91) par rapport aux zones blanches (0,41 RED / m et σ = 0,65). Afin de mettre en relief les scènes pour lesquelles les écarts sont significatifs, nous avons mené des analyses de contrastes entre scènes pour les « zones noires », puis pour les « zones blanches », que nous présentons dans le tableau 21 ci-dessous.

Tableau 21 : Contrastes orthogonaux entre les scènes pour les « zones noires » et les « zones blanches »
DDL Erreur F Niveau P
Zones noires
Place (-4) VS autres (+1) 1 9 5,19 <  0,05
Berges (-3) VS autres (+1) 1 9 1,86 NS
Rue (-2) VS autres (+1) 1 9 2,59 NS
Ruelle A VS ruelle B 1 9 1,42 NS
Zones blanches
Place (-4) VS autres (+1) 1 9 6,46 <  0,05
Berges (-3) VS autres (+1) 1 9 0,18 NS
Rue (-2) VS autres (+1) 1 9 0,15 NS
Ruelle A VS ruelle B 1 9 1,38 NS

Ces contrastes indiquent que pour les « zones noires » comme pour les « zones blanches », la place est à l’origine d’un niveau d’activation du SNA significativement plus important. Elle se différencie à nouveau des autres scènes. Ces résultats sont intéressants puisqu’ils nous indiquent que même sur une fenêtre de quelques mètres, l’activité électrodermale y est significativement supérieure. Ils sont ainsi en faveur de notre hypothèse concernant l’effet de « l’ambiance » (défavorable) qui règne dans ce lieu. En revanche, nous avons été surpris par le niveau faible d’activité du SNA dans la « zone blanche », mesuré sur les berges du Rhône (M = 0,2 RED / m et σ = 0,63), qui est très proche de celui qui existe dans les rue et ruelles (rue : M =  0,25 RED, ruelle A : M = 0,40 RED / m et ruelle B : M = 0,20 RED / m). Nous reviendrons sur ce point au paragraphe 2.2 de la discussion.

Enfin, nous avons effectué pour chaque scène des comparaisons entre les « zones  noires » et les « zones blanches » avec le test t de Student pour échantillon apparié, afin d’en étudier les différences. Le tableau 22 ci-dessous présente ces comparaisons.

Tableau 22 : Comparaisons entre zones noires et blanches pour l’activité électrodermale
    Valeur du t de Student
    Place Berges Rue Ruelle A Ruelle B
« zones noires » VS
« zones blanches »
2,69 * 2,30 * 1,45 4,04 * 1,62

* : significatif à p < 0,05.

Ces comparaisons nous indiquent que les différences entre les « zones noires » et les « zones blanches » sont significatives pour les scènes « Place », « Berges » et « Ruelle A ». En revanche, il n’y a pas de différence concernant les scènes « Rue » et « Ruelle B ». Dans ces deux derniers environnements, les zones influencent donc moins l’activité électrodermale des marcheurs aveugles, qui reste plus constante tout au long du cheminement sur ces scènes. Les « zones noires » étant représentatives de moments de prise de décision concernant des actions à mener (opérer un virage, traverser la chaussée, etc.), il est intéressant d’interroger une plus grande facilité de ces décisions dans de tels environnements.