Chapitre V :
Discussion

Georges, un participant à notre recherche.
« J’emprunte l’allée qui me mène jusqu’à la rue. Là, je vérifie à l’aide de ma canne si la grille est ouverte ou non. Premier danger : la tranche du portail ! Je traverse la rue Benoît-Mary. Voitures et poubelles, que je contourne, font varier l’axe de ma traversée. J’aborde la rue des Anges. La plupart du temps, je dois descendre sur la chaussée, car des véhicules sont garés là, les quatre roues sur le trottoir, juste en face du commissariat, et ce depuis des années. Je longe cette rue par la chaussée, car le trottoir est étroit et encombré de poubelles. Je reprends celui-ci un court instant et m’apprête à franchir une rue à double sens de circulation. Aïe, aïe, fais gaffe aux potelets !
Arrivé de l’autre côté, je heurte la façade, car le trottoir est tellement aplani que je ne saisis pas la rupture entre trottoir et chaussée, malgré mes nombreux passages. Je remonte la rue des Anges sur 20 mètres. Arrivé à l’abaissement du trottoir, que je ressens bien dans mes jambes, je traverse à angle droit cette petite rue pavée pour longer la rue Trion. Là, je repère grâce à la résonance d’une plaque métallique que je suis bien sûr le trottoir. Me voilà rue Trion. Attention grande concentration ! Environ 200 mètres. Très encombrés. Et pas de possibilité d’emprunter la chaussée, car des voitures sont garées tout le long.
Premier obstacle, l’arrêt du bus : panneaux en débords d’un pilier central où ils sont fixés, faisant face à ma déambulation. Soyons attentif ! Cela ne réussit pas à chaque fois… En effet la canne passe parfois sous le panneau et je me heurte à ses extrémités saillantes qui me blessent le visage. Je continue…
Je marche tout en balayant avec ma canne. Je déclenche le feu sonore à « message parlé » non pas pour traverser, mais pour me situer. J’avance vers un fouillis inextricable de mobilier urbain. Poteaux, grille EDF sur laquelle on bute, station de vélos, motos et scooters, terrasses de café, distributeur de tickets de parking, étal, présentoir, etc. Je dois sans cesse slalomer sans perdre mon orientation. Je parviens à la hauteur de l’entrée du funiculaire que je dois maintenant situer.
Là, un « plateau » a été aménagé, soi-disant pour ralentir les véhicules. Auparavant, il y avait un ressaut de trottoir d’à peine trois ou quatre centimètres. Il a été comblé. Il y a des bandes d’éveil que je ne ressens pas. De plus je suis gêné, pour franchir cette rue à double sens de circulation, par le bruit constant des bus en stationnement qui n’arrêtent jamais leurs moteurs, dans un environnement urbain déjà bien bruyant. Trajet de chez moi jusqu’au funiculaire Saint-Just ; environ 300 mètres. »