1.1.3.1 Origine et premières définitions du concept d’attitude

L’origine du concept d’attitude est attribuée à Thomas et Znaniecki (1918) dont les travaux, conduits au début du siècle dernier, ont portés sur l’étude des conduites et les mœurs de paysans polonais ayant émigrés aux Etats-Unis. Ces auteurs proposèrent alors le concept d’attitude pour décrire l’état d’esprit d’un individu envers une valeur ou un système de valeurs. Ainsi définie, l’attitude renvoie à différents sentiments, désirs et motivations qui permettent à l’individu de prendre position en faveur, ou en défaveur, d’un objet social particulier.

Dans les années 30, c’est Allport (1935) qui le premier va donner une définition précise de l’attitude. Pour ce dernier (p. 810) : « une attitude représente un état mental et nerveux de préparation à l’action (a mental and neural state of readiness ), organisé à la suite de l’expérience et exerçant une influence directrice ou dynamique sur les réponses de l’individu à tous les objets et à toutes les situations qui s’y rapportent ».

Selon cette première définition, l’attitude apparaît comme une variable intermédiaire entre, d’un côté, « un objet d’attitude » (qu’il s’agisse d’individus, de groupes sociaux, ou de cultures, de valeurs abstraites comme l’écologie, la religion, l’art ou la peine de mort, ou d’objets réels, comme la télévision, les organismes génétiquement modifiés, ou la moto) et, de l’autre côté, une certaine conduite à adopter face à cet objet (une action, une intention comportementale, une opinion exprimée, etc.).

Par la suite, d’autres définitions des attitudes seront proposées. Ainsi, par exemple, Eagly et Chaiken (1993 ; p. 1) considèrent l’attitude comme « une tendance psychologique exprimée par l’évaluation d’une entité particulière selon un certain degré de faveur ou de défaveur ». Sous un angle plus cognitif, Fazio (1995 ; p. 247) définit pour sa part l’attitude comme « une association en mémoire entre un objet d’attitude et une évaluation donnée de cette objet ».

Au-delà de ces premières définitions, sur lesquels nous reviendrons plus tard, une attitude se caractérise par ses propriétés que l’on peut appréhender selon 4 dimensions  complémentaires (Delouvée, 2010): sa direction, son intensité, sa centralité et son accessibilité :

  • La direction renvoie à sa polarité « négative » versus « positive » (selon que l’individu évalue positivement ou négativement l’objet d’attitude).
  • L’ intensité se rapporte à l’intensité du sentiment éprouvé par le sujet (affect positif versus négatif), vis-à-vis de l’objet d’attitude selon une dichotomie du type « d’accord » versus « pas d’accord », ou « j’aime » versus « je n’aime pas ».
  • La centralité se rapporte pour sa part au caractère plus ou moins important de cette attitude pour l’individu et au sentiment d’implication qu’il éprouve, c’est-à-dire au fait de se sentir concerné par cette valeur, voire engagé vis-à-vis d’elle.
  • L’ accessibilité renvoie à la solidité de la relation établie par le sujet entre l’objet d’attitude et l’affect qu’il ressent à son contact, ainsi qu’à la force et à la facilité d’évocation entre l’un et l’autre.