1.1.3.5 Des attitudes aux comportements

Dans cette dernière section, nous voudrions aborder la question de la relation entre les attitudes, d’un côté, et les comportements effectifs, d’un autre côté. Dès les premier travaux d’Allport (1935), comme nous l’avons souligné en introduction, l’attitude est définie « comme une préparation à l’action », et cette idée fondatrice est restée par la suite tout aussi centrale, puisque la formulation d’une attitude est considérée comme une étape intermédiaire entre, d’un côté, les représentations sociales normatives, stables et durables et, de l’autre côté, les conduites des personnes (qu’il s’agisse de comportements observables ou qu’il s’agisse d’opinions exprimées verbalement).

Mais, si les attitudes apparaissent bien comme étant des déterminants des comportements, toute la question est de savoir jusqu’à quel point il est possible de prédire des comportements à partir de mesures des attitudes. Dans une méta-analyse portant sur plus de 80 recherches publiées mettant en relation des mesures d’attitudes et des comportements futurs, Kraus (1995) montre bien l’existence d’une corrélation entre les attitudes en amont de l’action et les comportements effectifs, mais celle-ci reste modérée (de 0,38) et pourra varier selon la nature des attitudes et des comportements analysés.

Au-delà des seules corrélations, il s’agit aussi de définir un modèle causale des relations entre attitudes et comportements, permettant de savoir comment les attitudes influencent l’action, si elles les déterminent seules (de façon directe et systématique), ou si au contraire d’autres processus interviennent en parallèle, ou en aval. C’est précisément dans cet objectif que Fishbein et Azjen (1975) ont développé leur théorie de l’action raisonnée, suivie par la suite de celle du comportement planifié (Ajzen, 1987).