1.1.4 Contribution du chapitre à la problématique

Dans ce chapitre, nous avons essayé de définir, de décrire puis d’articuler entre elles les notions de représentations sociales, de groupes sociaux, d’identité (personnelle ou sociale) et d’attitudes.

D’une façon synthétique, nous retiendrons ici que les représentations sociales peuvent être définies comme des croyances, des systèmes de valeurs et des normes de références collectives, propres aux groupes sociaux et aux individus qui les composent. Elles constituent ainsi des cadres de références stables et durables dans le temps pour le sujet, partagés par des groupes sociaux auxquels les membres de chaque groupe adhèrent et dont ils se réclameront, façonnant ainsi leur identité sociale comme leur identité personnelle (notamment par un processus d’identification aux pairs). Elles sont aussi utilisées pour catégoriser autrui, en fonction de son propre groupe social d’appartenance (identique ou différent du notre), ainsi que pour interagir dans un environnement social à l’intérieur de son propre groupe d’appartenance (selon des règles d’interactions plus ou moins normatives, dépendantes des positions sociales respectives et des statuts sociaux de chacun), mais aussi envers les autres groupes qui constituent la société (selon des jugements plus ou moins stéréotypés, voire des préjugés négatifs, mais toujours en référence à un certain sociocentrisme, c’est-à-dire aux systèmes de valeurs incarnés par son propre groupe d’appartenance).

Dans le cadre de cette thèse consacrée à la conscience du risque chez les motocyclistes, nous nous intéresserons plus particulièrement aux représentations sociales sous l’angle de la représentation du risque routier chez différents groupes sociaux, ou communautés motardes. Nous chercherons plus particulièrement à identifier et à définir ces groupes sociaux en fonction de leur « identité motarde », et à les caractériser en fonction du « profil » des motocyclistes qui les composent.

Mais nous nous interrogerons également sur les attitudes respectives de ces différentes populations motardes face au risque et à la prise de risque au guidon, ainsi qu’en termes de pratiques de conduite susceptibles de les exposer variablement à l’accident. Dans la mesure où, selon l’affirmation de Rateau (2000, cf. 1.3.3), les attitudes joueraient un rôle intermédiaire entre les représentations sociales d’un côté, et les comportements de l’autre côté, ces dernières occuperont une place privilégiée dans nos investigations et dans nos hypothèses de recherche se rapportant à la psychologie sociale.

L’enjeu sera à ce niveau de savoir si certains profils de motocyclistes, associés à certaines communautés et/ou identités motardes, peuvent permettre d’identifier des attitudes et des pratiques particulières susceptibles de les exposer spécifiquement à certains risques d’accidents routiers, contre lesquels ils seraient alors nécessaire d’agir de façon ciblée, c’est-à-dire selon des moyens et des méthodes adaptées à chacune de ces populations motardes, en fonction de leurs propres croyances, de leurs modèles identitaires respectifs, de leurs caractéristiques particulières et du type de risque auxquels chacune de ces populations s’expose plus directement.