1.2 Fondements théoriques en psychologie cognitive: le rôle des représentations mentales «occurrentes» dans la cognition humaine

Dans le chapitre précédent, nous avons vu comment les représentations sociales et les attitudes pouvaient orienter nos intentions et déterminer certains de nos comportements. Cependant, hormis dans le contexte de situations fortement ritualisées et pour lesquelles il convient de respecter de façon rigoureuse certains comportements socialement établis, la plupart de nos actes quotidiens ne sont qu’en partie, et le plus souvent implicitement, déterminés par nos représentations sociales. De ce point de vue, si les représentations sociales et les attitudes peuvent directement influencer les comportements, elles ne les déterminent pas de façon systématique et, pour le moins, elles ne le font qu’en association avec d’autres processus d’ordre plus cognitif qui interviennent directement dans notre perception de l’environnement, dans notre analyse et notre compréhension de la situation, dans l’élaboration de nos intentions et dans nos prises de décision.

Ce second chapitre vise à apporter un certain nombre de fondements théoriques sur la cognition humaine permettant de mieux comprendre comment le sujet interagit dynamiquement avec son environnement afin d’atteindre des objectifs conformes à ses intentions. Au cœur de ce processus se trouvent deux notions centrales de la psychologie cognitive : la notion de « connaissance » et celle de « représentation mentale occurrente ».

Dans un premier temps, nous donnerons brièvement quelques définitions générales de ces concepts de connaissances et de représentations occurrentes, telles qu’elles sont appréhendées en psychologie cognitive. Nous présenterons ensuite quelques modèles fondateurs qui assimilent l’humain à un système naturel de traitement de l’information, puis nous présenterons une architecture simplifiée du système cognitif permettant de comprendre comment les représentations occurrentes interviennent dans l’élaboration des intentions, dans la prise de décision, et dans la mise en place des comportements. Après ces rappels théoriques généraux, nous nous intéresserons alors plus directement aux processus cognitifs impliqués dans la conduite de véhicule, et au rôle central que jouent les représentations cognitives « occurrentes » dans le cadre de cette activité. Cela nous permettra de discuter de la notion de « Conscience de la Situation », telle qu’elle est définie au LESCOT dans le contexte particulier de la conduite automobile. Nous conclurons enfin ce chapitre en présentant brièvement certain modèles d’analyse de l’erreur humaine en conduite, en distinguant notamment les erreurs commises de façon involontaire et les « violations » qui correspondent à des transgressions délibérées (du code de la route, par exemple).