1.2.1 Définitions des « connaissances » et des représentations mentales « occurrentes »

D’une façon générale, les « connaissances » peuvent être définies en psychologie cognitive comme l’ensemble des savoir et des savoir-faire acquis par le sujet tout au long de son existence. Elles peuvent être par conséquent le résultat de l’éducation et des enseignements que nous avons reçus, mais également, et pour une très large part, le fruit de nos expériences pratiques. On parlera alors de « compétences » pour souligner le caractère empirique de ces connaissances, qui constituent des savoir-faire acquis à partir de l’action, lors de la mise en œuvre de nos connaissances. Une autre caractéristique essentielle des connaissances est qu’elles sont acquises et stockées en mémoire humaine de façon durable. C’est pourquoi on parle généralement de connaissances « permanentes », qui constituent le contenu de la Mémoire à Long Terme (MLT).

Par ailleurs, il est important de noter qu’en psychologie cognitive, le concept de « connaissance » ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’un savoir scientifiquement exact, qui serait vrai dans l’absolu, mais simplement qu’il s’agit d’un savoir durable ayant une valeur de « vérité pour le sujet ». Selon cette définition des connaissances, que nous empruntons à Richard (1990), les représentations sociales et les croyances peuvent être définies ici comme une catégorie particulière de « connaissances », au sens cognitif du terme, dans la mesure où il s’agit bien de « vérité pour le sujet » mémorisées de façon durable en mémoire à long terme, et activées « en situation » pour prendre des décisions et interagir avec l’environnement. En effet, dans l’introduction de son ouvrage sur les activités mentales, Richard (1990, pp. 10-16) propose de restreindre l’usage du concept de représentations pour décrire des « constructions [mentales] circonstancielles faites dans un contexte particulier et à des fins spécifiques, élaborées dans une situation donnée et pour faire face aux exigences de la tâche en cours […]. Ces constructions sont finalisées par la tâche et la nature des décisions à prendre. Les représentations ainsi élaborées prennent en compte l’ensemble des éléments de la situation et de la tâche [à accomplir] : elles sont de ce fait très particularisées, occasionnelles et précaires par nature. Il suffit que la situation change ou qu’un élément non remarqué soit pris en compte, alors qu’il ne l’était pas jusqu’ici, pour que la représentation soit modifiée. Elles sont par nature transitoires : une fois la tâche terminée, elles seront remplacées par d’autres représentations liées à d’autres tâches ». Ehrlich (1985) définit quant à lui ces représentations cognitives comme des « structures circonstancielles » (par opposition aux « structures permanentes » que sont les connaissances) et Le Ny (1985) parle pour sa part de « représentations occurrentes » (par oppositions au concept de « représentations-types », qu’il utilise pour définir les connaissances).

Chez ces différents auteurs, l’idée centrale est que les « représentations cognitives occurrentes » constituent des connaissances activées en Mémoire de Travail afin d’être « instanciées au réel » et de permettre ainsi au sujet de prendre des décisions pour engager des actions nécessaires lui permettant de mener à bien la tâche en cours. Au-delà de la terminologie, cette distinction entre « connaissances permanentes » et « représentations occurrentes » insiste avant tout sur le fait que ces deux types de structures cognitives relèvent en fait de deux systèmes mnésiques différents dans l’architecture du système cognitif humain : une Mémoire à Long Terme (MLT) et une Mémoire à Court Terme (MCT) ou, plus récemment, une Mémoire De Travail (MDT).