1.2.2.3.2 L'ardoise visuo-spatiale

L'ardoise visuo-spatiale est un sous-système spécialisé dans le stockage de l'information spatiale et visuelle, ainsi que la formation et la manipulation des images mentales. Il peut être alimenté en information directement par la perception visuelle, mais aussi indirectement par la production d'images à partir des informations verbales contenues dans la boucle phonologique. Pour Baddeley, la meilleure preuve de l'existence d'une telle structure est à rechercher dans les travaux de Shepard et Metzler (1971) sur la rotation mentale de figures géométriques tridimensionnelles, ainsi que dans ceux de Kosslyn (1980) consacrés à l'exploration d'images mentales (une île imaginaire préalablement mémorisée). Les résultats obtenus par ces auteurs montrent que certaines opérations mentales suivent les mêmes règles et font face aux mêmes contraintes lorsqu'elles sont effectuées sur des images mentales que sur des objets réels. Ainsi, Shepard et Metzler (1971) ont montré que les sujets mettent plus de temps pour comparer mentalement deux figures nécessitant d’effectuer, par exemple, une rotation mentale de 120 ° que si cette comparaison nécessite d’effectuer une rotation de 90 °. De même, le test de Kosslyn (1980) montre que le temps requis pour se déplacer mentalement d’un point à un autre sur la carte d’une île imaginaire est proportionnel à la distance qui distingue ces deux points sur la carte. Cela semble indiquer que les images mentales procèdent d'un mode de codage visuo-spatial de l’information et, de ce fait, que le système cognitif est doté d'un dispositif spécifique capable de former et de traiter des représentations analogues aux objets visuels qu'elles représentent. Pour Baddeley (1992), cette sous-structure de la MDT serait, à l'image de la boucle phonologique, constituée d'un registre de stockage passif, et d'un processus de rafraîchissement en charge de générer et de maintenir l'information visuo-spatiale dans ce buffer. Toutefois, le modèle de Baddeley reste très imprécis à ce niveau et « l'autorépétition » visuo-spatiale est un processus difficile à appréhender.