1.2.2.4.1 Le modèle ACT d’Anderson

Le modèle ACT (Adaptative Control of Thought) de Anderson (1983, 1993) est un autre modèle important ayant recours au concept de Mémoire de Travail. C’est l’un des modèles phares de l’approche dite de la « computation symbolique » qui s’est développée depuis les années 80. Son architecture se compose de 3 systèmes mnésiques: une mémoire de travail, une mémoire déclarative et une mémoire procédurale.

Figure 5 : Le modèle ACT d'Anderson (1983, 1993)
Figure 5 : Le modèle ACT d'Anderson (1983, 1993)

La mémoire de travail contient la représentation courante de l'environnement ou de la situation du moment. A l'image de la MCT dans le modèle modal, elle assure le maintien temporaire d'informations, mais elle est surtout considérée par Anderson comme un espace de traitement dans lequel s’accumulent les données nécessaires ou produites au cours des raisonnements effectués par le système cognitif pour résoudre des problèmes. L'originalité de cemodèle tient dans la présence de deux structures de stockage à long terme de l’information : la mémoire permanente déclarative, qui contient des informations factuelles ou conceptuelles (sous la forme de propositions logiques, d’images mentales, ou de schémas cognitifs) organisées sous la forme d'un réseau sémantique, et la mémoire permanente procédurale, qui contient des savoir-faire encodés sous la forme de règles de production, et qui sont susceptibles de s'appliquer à elles-mêmes.

Au-delà de ces trois systèmes de mémoire, le modèle ACT repose sur 4 processus fondamentaux : (1) le stockage (qui permet la mémorisation à long terme des représentations élaborées et contenues dans la MDT, (2) la récupération (qui assure le recouvrement d'informations en mémoire déclarative), (3) le matching ou appariement (qui permet de comparer le contenu de la MDT avec les prémisses [partie « condition »] des règles de production stockées en mémoire procédurale), (4) et l'exécution (qui provoque le transfert en MDT de la partie « action » des règles de productions dont l'appariement a réussi). D'une façon très schématique, le fonctionnement du modèle ACT est le suivant. Lorsqu'une information est prélevée dans l'environnement, elle est encodée puis stockée en mémoire de travail. Cette information peut alors activer une partie de la mémoire déclarative et se propager dans le réseau relationnel qui la compose. L'activation peut également s'étendre à la mémoire procédurale. Les connaissances déclaratives activées sont transférées en Mémoire de Travail où elles viennent se combiner avec les informations perceptives, afin de constituer une représentation cognitive ou un modèle mental de l'environnement. L'appariement du contenu de la MDT avec les prémisses de certaines règles de production peut alors provoquer le transfert de ces dernières en MDT puis, dans un second temps, leur mise en œuvre pour la production de performances.

Ce qui est intéressant dans ce modèle, c’est qu’il place la Mémoire de Travail comme la structure centrale des raisonnements et des décisions humaines, comme le siège des représentations cognitives occurrentes assimilées ici a des « modèles mentaux » de l’environnement extérieur ou du problème à résoudre, et qui vont servir de guide à l’activité humaine. Cette approche de la MDT présente de nombreuses similarités avec une autre notion qui s’est développée en ergonomie : la notion de « mémoire opérationnelle ».