1.3.1.1.1 L’origine du concept de risque

Jusqu'au 17ème siècle, l'homme n'avait que peu d'emprise sur son environnement (les dégâts climatiques, les accidents etc.) et sur sa condition (la famine, la pauvreté etc.). La religion imposait à la collectivité de s'en remettre au Dieu Créateur, et la foi ne laissait pas de place au hasard. Ainsi, les catastrophes et autres calamités s'entendaient bien souvent comme la manifestation de la puissance divine.

Mais ces phénomènes redoutés jusqu'ici par l'homme (la sécheresse, la maladie etc.), et considérés comme irrationnels et mystérieux, sont peu à peu découverts grâce aux progrès de la Science: L'humain prend alors conscience qu’il a les moyens de se prémunir de l'adversité. A la même période le concept de « sécurité » entre en miroir du concept de risque (Le Breton, 1995). A la fin du 18ème siècle, la déclaration Universelle des Droits de l'Homme en France « inscrit la sécurité au cœur de son manifeste » (Le Breton, 2004, p. 24). La religion perd ainsi de son influence, et la « théologie de la catastrophe » cède peu à peu la place à une vision laïque mettant en perspective une série de causalités néfastes potentiellement prévisibles, donc évitables, moyennant certaines précautions » (Le Breton, 2004, p. 24).

Brunel (2002) parle à ce sujet d’un « principe de laïcité des catastrophes » qui, ne relevant plus du religieux, sont alors perçues comme la conséquence directe de l'imprudence humaine. Ainsi, si l'homme (devenu citoyen) peut désormais faire front à l'adversité et à l'aléa, ces nouvelles compréhensions du « mal » légitiment également le rôle de l'Etat dans la prise en charge du risque. Brunel, en citant les travaux de Beck (1992), conclut que la notion de « Risque » n’a vraiment pris sens que lorsque les « évènements nuisibles » n'ont plus été attribués « au destin et aux caprices des dieux ».

Le risque apparaît donc une invention humaine venue contrer le pouvoir du religieux, et la plupart des sociologues contemporains définissent désormais « le Risque » comme une valeur abstraite qui relève directement d'une construction sociale (Le Breton, 2005; Soulé et Corneloup, 1998; Douglas, 1986; Duclos, 1987).