1.3.1.3 Situations à Risque

Avant de conclure cette section consacrée au risque et à la prise de risque, nous souhaiterions aborder un dernier point, celui des «  situations à risque ».

Leplat (2006, p. 29) insiste en effet sur le fait que le « Risque » est avant tout le résultat d’une interaction, dans la mesure où le risque n’est jamais ni totalement dû aux sujets humains, ni totalement dû aux conditions externes de l’activité : « le risque est toujours lié à une situation, c’est-à-dire à l’interaction des caractéristiques d’un sujet ou d’une collectivité avec des conditions d’exécution de cette activité, conditions techniques, organisationnelles, sociales, etc. ». Selon Cadet et Kouabenan (2005, p. 10), ces situations à risque présentent « plusieurs caractéristiques structurales et fonctionnelles communes vérifiables, dont la récurrence permet de délimiter une classe d’événements définie par des propriétés génériques ». Cadet (2001, p. 4) identifie cinq grandes caractéristiques partagées par l’ensemble des situations à risque :

Dans ce contexte, « évaluer puis modéliser un risque consiste à appliquer à ces cinq registres d’information […] des règles spécifiques qui vont permettre, sous des formes diverses, d’aboutir à une évaluation » (Cadet et al., 2005; p. 11). Selon les objectifs d’évaluation que l’on poursuit, ces règles d’analyse peuvent reposer selon ces auteurs sur trois paradigmes différents: « le paradigme de l’utilité espérée » (qui se rapporte notamment à l’évaluation anticipée des conséquences positives et/ou négatives des actions possibles, en vue de prendre une décision), « le paradigme psychométrique et les déterminants sociaux » (qui se rapporte notamment aux valeurs d’une société et/ou de groupes sociaux en termes d’acceptation du risque, ou de sensibilité à la réalisation événementielle d’un risque), et « le paradigme cognitif » (qui s’intéresse aux processus d’évaluation subjective du risque par un sujet lorsqu’il est confronté à une telle situation).

Cette thèse, bien que centrée sur le conducteur humain en situation (et non sur l’analyste en charge d’évaluer une « situation à risque »), visera pour sa part à prendre en compte conjointement les déterminants « sociaux » et « cognitifs » dans l’évaluation subjective du risque et dans la prise de risque. Ces deux aspects seront au cœur des deux prochaines sections de ce chapitre.