1.3.3.2.2 Le modèle d’homéostasie du risque

Le « modèle de l’homéostasie du risque », proposé par Wilde (1982), repose sur la théorie des jeux et part de l'hypothèse que dans toute situation de la vie quotidienne, l'humain accepte d'encourir un certain niveau de risque dès lors qu’il peut en retirer un « gain » qui justifie cette prise de risque. Appliqué à la conduite automobile, cela signifie que dans une situation donnée, le conducteur peut entreprendre des actions plus ou moins risquées en fonction d’un gain potentiel (gagner du temps, par exemple, s’il est pressé). L'idée importante du modèle Wilde est l’idée d'homéostasie qui insiste sur le fait que ce rapport gain / perte (avantage à agir de la sorte / risque d'accident encouru) s'inscrit dans une relation d'équilibre : à tout instant, le conducteur ajuste ses comportements de manière à ce que le risque estimé soit en conformité avec les gains attendus.

Figure 20 : Modèle de l'homéostasie du risque (Wilde, 1982)
Figure 20 : Modèle de l'homéostasie du risque (Wilde, 1982)

Wilde dénomme niveau cible de risque (target level of risk) le compromis "risque / gain" idéal que tente d'atteindre le conducteur. Ce niveau cible est subjectif car il est propre à chaque conducteur (il pourra par exemple varier selon l’expérience, l'estime de soi et de ses capacité de conduite, etc.). Ce niveau cible est par ailleurs spécifique à chaque situation de conduite, dans la mesure où il dépend des motivations et des enjeux du moment. Ainsi, d'une façon très schématique, Wilde (1982) considère l'art de la conduite réside dans l'aptitude du conducteur à tendre vers ce niveau optimal qu'incarne le niveau cible. Cela requiert d'estimer, à chaque instant, le niveau de risque inhérent à la situation (risque perçu). Celui-ci est alors comparé au niveau cible déterminé sur la base des "gains et des pertes" propres à chaque alternative comportementale.