1.3.3.2.3 Le modèle d’évitement de la menace

Le « modèle d'évitement de la menace » (Threat Avoidance Model) développé par Fuller (1984), s’inscrit dans le prolongement de la théorie du risque zéro de Näätänen et Summala. Comme ces auteurs, Fuller considère en effet que le conducteur fait tout pour que le risque, tel qu’il est subjectivement apprécié, soit égal à zéro. Pour Fuller, cela tient au fait que, l'expérience du risque étant dissuasive, les conducteurs tentent d'éviter au maximum toutes les situations critiques. Cela est vrai pour les situations et les événements dont le sujet a pu faire l'expérience au cours de sa pratique personnelle de la conduite. Toutefois, Fuller insiste sur le fait que les conséquences négatives de ces situations ou événements n'ont pas besoin d'avoir été vécues par le sujet pour acquérir ce pouvoir dissuasif (par exemple, il n'est pas nécessaire d'avoir été victime d'un choc frontal avec un autre véhicule pour en imaginer les conséquences dommageables et pour faire en sorte d’éviter que cela ne se produise).

Figure 21 : Modèle « d'évitement de la menace » (Fuller, 1994)
Figure 21 : Modèle « d'évitement de la menace » (Fuller, 1994)

Du point de vue de son fonctionnement, ce modèle repose sur des mécanismes de conditionnement et de renforcement d'associations entre des situations (ou des indicateurs de ces situations) et des comportements. Les événements ou situations estimés "à risque" opèrent un conditionnement négatif sur certains comportements de conduite susceptibles d'en être à l'origine. Ainsi, à l'image du chien de Pavlov qui, après conditionnement, anticipe l'arrivée de son repas (salivation) dès l'entente d'un stimulus sonore, le conducteur bâtirait des associations entre : (1) des situations potentiellement dangereuses, (2) des indices ou signes précurseurs de ces situations, et (3) des comportements d'évitement de la menace. Sur ce principe général, il serait à même d'anticiper le danger à partir d'indices précurseurs et de procéder alors aux ajustements avant la survenue de la situation critique. Enfin Fuller précise que, lorsque le conducteur anticipe correctement une menace et réagit de façon telle que le danger est effectivement évité, les comportements mis en œuvre font alors l'objet d'un feed-back permettant de les renforcer. Dans le cas contraire, le renforcement sera négatif (inhibiteur) et tendra donc à faire oublier ces comportements.