1.5.4 Les hypothèses de recherche

1.5.4.1 Hypothèses concernant les déterminants psychosociologiques de la prise de risque au guidon (ARTIQ, MRBQ et SSS)

1.5.4.1.1 Hypothèses concernant les attitudes face au risque et à la prise de risque

En termes d’attitudes face aux risques et à la prise de risque au guidon, nous nous interrogerons dans cette recherche sur les attitudes respectives de ces différentes populations de motocyclistes face aux risques et à la prise de risque au guidon, ainsi qu’en termes de pratiques de conduite spécifiques, susceptibles de les exposer variablement à l’accident, ou à des types d’accidents différents.

L’enjeu sera alors à ce niveau de savoir si certains « profils » de motocyclistes, associés à certaines « communautés motardes » ou à certaines sous-catégories de cette population particulière d’usagers de la route, se traduisent par des attitudes différentes vis-à-vis du risque permettant d’expliquer ou de prédire des risques d’accidents spécifiques contre lesquels ils seraient alors possible d’agir de façon ciblée (c’est-à-dire selon des moyens et des méthodes qui seraient adaptées à chaque communauté motarde, en fonction des types de risque auxquels chacune d’elle s’expose plus spécifiquement).

Au regard de cet aspect de la problématique, et au vue de la littérature (chapitre 1 et 4), nous pouvons faire un certains nombre d’hypothèses opérationnelles plus précises concernant la population des Sportifs (plus souvent stigmatisée dans la littérature comme ayant une attitude à risque), que nous chercherons à vérifier par contraste avec les résultats obtenus auprès de nos autres populations ( Bikers et Utilitaristes expérimentés):

Ainsi nous postulons tout d’abord que plus que les autres groupes, et quel que soit leur niveau d’expérience, les « Sportifs » devraient avoir une attitude plus positive a l’égard du risque et de la prise délibérée de risque sur la route que les autres populations (Bikers et Utilitaristes expérimentés) . Cette hypothèse sera tout d’abord investiguée aux moyens du protocole ARTIQ, dont un bloc de 23 items (22 à 55) porte sur différentes formes de prise de risque au guidon, susceptibles d’être ainsi plus fréquemment pratiquées par les Sportifs que par les autres groupes. Parmi ces formes de prise de risque délibérées, les pratiques de vitesse élevées et d’acrobaties sur la route devraient être plus particulièrement discriminantes, car beaucoup plus typiques des Sportifs que des Bikers ou des Utilitaristes. Cette hypothèse sera non seulement investiguée au moyen du protocole ARTIQ (bloc de 10 items du n° 46 au n° 55), mais également avec le MRBQ , concernant les rubriques Violations de « Stunt » et de « Vitesse », qui devraient donc être plus fréquentes chez les Sportifs (expérimentés ou non) que chez les autres groupes.

Par ailleurs, compte tenu de cet intérêt pour la vitesse et les acrobaties (voire des pratiques extrêmes « arsouille » typiques de cette communauté), on peut également faire l’hypothèse que les motards « Sportifs » sont plus « Sensation Seekers » que les autres groupes (Bikers et Utilitaristes), ce qui pourrait alors expliquer leur tendance à la prise délibérée de risques au guidon. Cette hypothèse sera investiguée au moyen du SSS de Zuckerman (1979) concernant la recherche de sensations qui devrait donc être plus élevée chez le Sportifs (expérimentés ou non) que chez les autres groupes.

Enfin, le protocole ARTIQ repose sur le film du Prince Noir, motard qui appartient à la communauté des Sportifs. Un bloc de 21 items [1 à 21] de ce questionnaire vise à recueillir les jugements des participants sur le Prince Noir. L’hypothèse que nous ferons à ce niveau est que les jugements des différentes communautés motardes sur le « Prince Noir » devraient être très contrastés . Alors que les membres de la communauté sportive, plus adeptes de vitesse et de motos puissantes pourraient le juger positivement, voire se reconnaître en lui ou s’identifier à ses pratiques, cela ne devrait pas être du tout le cas pour les membres des 2 autres communautés.

Toutefois, à un autre niveau plus en lien avec les attitudes individuelles à l’égard du risque et de la prise de risque au guidon, cette pratique extrême de la moto pourrait aussi entraîner un jugement très négatif chez les individus « hostiles à l’extrême », quel que soit leur communauté d’appartenance (y compris s’ils sont Sportifs). Cela nous permettra donc d’apprécier les poids respectifs des composantes individuelles et collectives dans les attitudes favorisant la prise délibérée de risque au guidon.