3.5.1 Leur rapport à la sécurité routière

  • Le premier point portait sur le risque d'accident (l’aléa, la fatalité, l’épreuve du feu… ?)

Pour les Utilitaristes, l’accident peut arriver plus vite qu’en voiture « je me mets sur les voies réservées pour ne pas rester immobile entre les voitures, c’est un gage de sécurité », « j’estime mes chances d’avoir un accident avant la fin de l’année à 50/50, c’est comme çà ». Pour d’autres « Moi je pense plutôt que je suis plus prudent que beaucoup d’autres qui vont plus vite et puis comme je ne vais pas vite avec mon 125 on me voit arriver si je double par la droite », « les accidents de moto, çà peut arriver à moi comme aux autres mais bon, moi je fais attention et je roule calme en plus çà fait 2 ans que je roule tous les jours, je pense qu’il y a plus de risque pour ceux qui roulent comme des fous sur la route avec des grosses motos ». Une certaine fatalité revient parfois dans le discours « tout deux-roues passe un contrat avec la mort », « je fais attention, je ne cherche pas à me planter non plus, en tout cas pas plus qu’en voiture ».

Les Novices pour leur part affichent une certaine prudence, conscients que l’accident est plus fréquent à moto qu’en voiture « je suis prudent, pour l’instant je connais mal ma moto alors je fais gaffe, mais quand je maîtriserai mieux je pourrai m’accorder quelques écarts, prendre plus de risques ». Une certaine désinvolture est présente pour quelques uns d’entres eux « mourir ? je ne serai pas le premier à qui çà serait arrivé ! » ; « l’accident, oui çà arrive, c’est plus pour ma famille que çà m’ennuierait en fait ». L’accident est parfois apparenté à l’entrée non officielle dans le cercle motard « première sortie, je me suis fait une clavicule, voilà, çà c’est fait ».

Les Sportifs ont également ce discours vis-à-vis du risque d’accident « on est rarement responsable de son destin...si çà arrive, çà arrive », « quand on roule arsouille, on n’y pense pas à l’accident, heureusement ». L’accident reviendrait en partie à la faute des automobilistes « il y a trop de non respect », « on roule pour les autres » et « les automobilistes ne prennent pas en considération que nous sommes fragiles ».

Les Bikers déclarent eux-aussi que l’accident fait parti de la pratique de la moto « j’ai déjà eu des accidents, comme tous les motards », et admettent comme les Sportifs que les accidents sont souvent causés par les automobilistes « tous les accidents que je connais, une voiture était impliquée, donc pas de voiture, pas d’accident ». Cependant à comparer des Sportifs ils estiment qu’ils ont moins de risque d’avoir un accident « Nous, on n’a pas d’accident, les Sportifs oui parce qu’ils n’arrivent pas à maîtriser leur moto parce qu’ils vont trop vite et ils se vautrent au premier virage ».

  • Le deuxième point portait sur l'utilité de la formation permis A

Les Utilitaristes ne considèrent pas que la formation au permis A puissent leur être utile pour une grande partie d’entre eux « on ne roule pas vite et on est limité en puissance, en deux heures on apprend à se servir d’une 125, je ne vois pas à quoi çà sert ». Cependant, quelques uns d’entre eux pensent que cela pourrait être utile pour savoir faire certaines manœuvres comme l’évitement « je pensais que j’allais éviter et quand çà a freiné devant j’ai tout planté par réflexe, je ne sais pas si on nous l’apprend çà à l’auto-école ? ».

Les Novices et les Débutants indiquent que la formation permis A est difficile et s’estiment être de meilleurs conducteurs voiture grâce à leur formation permis A, « j’anticipe mieux les conneries des autres ».

Les Bikers et les Sportifs déclarent clairement que la formation au permis A devrait être obligatoire pour tout le monde voulant acquérir un deux-roues « ce que je crains le plus ce sont les scooters, ils font n’importe quoi et sont complètement imprévisibles ». Concernant la pratique du stunt, un Sportif nous dit « les mômes pensent que faire de la moto c’est faire des roues arrières, résultat ils prennent le scooter et ils essaient, la moto çà s’apprend, on ne fait pas n’importe quoi ».

  • Le dernier point concernait leur point de vue sur la politique de sécurité routière actuelle (bridage, contrôle technique, radar arrière, permis à points, etc.)

Les Utilitaristes ont été les moins éloquents sur ce point, ils ne semblent pas concernés par les lois qui gravitent autour de la moto. Pour eux, à scooter, ils déclarent « on nous fout la paix, on nous dit rien si on se gare sur un trottoir et j’ai moins de problèmes de PV qu’avant avec la voiture ».

En revanche pour les autres groupes de motards, quelque soit leur groupe d’appartenance, les motards sont d’accord pour juger le bridage en France « stupide, on est les seuls en Europe à avoir des motos bridées à 34 CV », un Sportif nous dira « moi direct sur ma Suz j’ai coupé le fil, elle n’avait pas une semaine ». Les motards ont vivement attiré notre attention sur le fait que l’application du respect strict des limitations de vitesse était inadaptée pour un motard : « à moto, on roule toujours un peu au dessus des vitesses, c’est ce qui fait qu’on est en sécurité, même à l’auto-école on nous apprend à rouler entre 5 et 10 km/h au dessus », « sur le périph, ils sont tous en troupeau à 90 km/h sur les trois voies, c’est hyper dangereux pour nous ».