4.4.1 Les performances pour la détection du danger

L’hypothèse opérationnelle que nous avions formulée à ce niveau était la suivante : En raison de leurs compétences acquises par la pratique de la moto sur la route, les motards expérimentés, quelque soit leur groupe d’appartenance (Gendarmes, Sportifs, Bikers et Utilitaristes), devraient mieux détecter et anticiper le danger que les motards non-expérimentés (les Novices et Débutants). Du point de vue des performances mesurées avec le protocole CRITIC, cela devrait donc se traduire par une meilleurs détection danger et une meilleure prise en compte d’indice précurseurs entraînant alors des interruptions plus précoce des séquences vidéo jugées critiques. L’hypothèse sera donc validée si les temps de réaction des inexpérimentés sont supérieurs à ceux des expérimentés.Par ailleurs, la population des Gendarmes, en raison de son expertise en matière de conduite à moto sur route ouverte, nous servira de population de référence (i.e. comparaison entre les jugements de criticité attribués par chaque population, avec les valeurs de référence attribuées par les Gendarmes).

Les performances de nos différents groupes de motocyclistes sont résumées dans le tableau ci-dessous. Pour l’ensemble des situations CRITIC, il apparaît tout d’abord que les temps de réaction des motocyclistes non expérimentés (Novices et Débutants) sont significativement supérieurs (de 25% en moyenne) à ceux des motards expérimentés Gendarmes, Sportifs et Bikers. Cela signifie par conséquent qu’ils détectent le danger plus tardivement (0.5 seconde en moyenne) que ces motards ex périmentés. Au regard de ce résultat, nous pouvons confirmer notre hypothèse initiale.

Tableau 62 : Rappel de temps de réactions pour l’interruption des séquences CRITIC
  Gendarmes Bikers Sportifs Utilitaristes Débutants Novices
Temps de détection du danger : 25
situations
1,59 sec (E.T=0,31) 1,53 sec (E.T=0,22) 1,54 sec (E.T=0,22) 2,05 sec (E.T=0,53) 2 sec (E.T=0,45) 2,09 sec (E.T=0,49)

Un second résultat intéressant concerne le fait que les performances des Sportifs et des Bikers sont ici équivalente à celles des Gendarmes. Ont peut donc conclure que ces deux groupes de motards expérimentés sont particulièrement compétents pour détecter le danger sur la route, puisqu’ils sont aussi performant que notre groupe de professionnels experts en la matière.

En revanche, il n’en va pas du tout de même pour notre troisième groupe de motocyclistes expérimentés : les Utilitaristes. En effet, les temps de détection de ces derniers sont parmi les plus longs ne sont pas statistiquement différents de ceux du groupe des Novices et de Débutants. On retrouve donc ici le même résultat que dans le cadre des erreurs de conduite telles quelles étaient mesurée avec le MRBQ (cf. 8.3.3). Cela semble donc confirmer que les Utilitaristes n’ont pas les mêmes compétences de conduite que nos deux autres groupes de motocyclistes expérimentés ( Sportifs et Bikers ), et ceci malgré leur pratique quotidienne du Deux-Roues Motorisés depuis plusieurs années.

A ce stade de nos investigations, nous ne pouvons guère expliquer ce résultat que par le fait qu’ils ne soient pas titulaire du permis A, ce qui laisse supposer que l’expérience pratique de la conduite à moto sans formation initiale ne suffirait pas pour atteindre le même niveau de compétence que celui de motards expérimentés titulaires du permis moto.