5.2 Perspectives : une ouverture vers l’Europe

Le second résultat important de cette thèse est de montrer que le protocole multidimensionnel (basé sur ARTIQ, SSS, MRBQ et CRITIC) mis en place dans le cadre de cette recherche s’avère être un outil discriminant en vue de catégoriser les motocyclistes et d’investiguer en profondeur les risques auxquels s’expose plus spécifiquement chacune de ces sous populations, au regard (1) de leurs pratiques respectives de la moto, (2) de leurs compétences cognitives en matière d’estimation de la criticité des situations, et (3) de leurs propres attitudes face aux risques et à la prise de risque. La méthodologie développée paraît donc suffisamment complète pour pouvoir appréhender la « conscience du risque » dans sa complexité (déterminants psycho-sociologiques et cognitifs), en intégrant ainsi la réflexion les problématiques de la Psychologie Sociale et celles de la Psychologie Cognitive.

En termes de retombées, cette méthodologie peut également permettre d’identifier des situations de conduites plus spécifiquement problématiques et/ou des populations cibles à sensibiliser vis-à-vis de certains risques routiers (par exemple, les motocyclistes « Utilitaristes » à l’égard des risques qu’ils prennent parfois sans le savoir en raison de leurs pratiques de conduites « opportuniste », ou les jeunes conducteurs débutants et novice de profil Sportif, qui s’exposent parfois délibérément au risque en transgressant volontairement certaines règles du code de la route (comme rouler à une vitesse très élevée, par exemple) sans pour autant avoir toutes les compétences nécessaire pour la détection précoce du danger et la maîtrise de leur moto en cas de survenue d’un risque et de situation critique.

Enfin, cette recherche se poursuite désormais dans le projet Européen 2BeSafe (2008-2011) avec la volonté de partager notre méthodologie d’investigation de la « Conscience du Risque » avec d’autres équipes de recherche en sécurité routière et de pouvoir ainsi procéder à des études comparatives entre différents pays de l’union Européenne. A cette fin, une version informatique et simplifiée du protocole CRITIC a été développée (Bellet, Banet, Paris et al, 2010). Cette nouvelle version repose désormais sur 20 situations-test et, outre la « criticité », 8 dimensions complémentaires (au lieu de nos 16 antonyme) y sont investiguées au moyen d’échelles de Likert non graduées (afin d’harmoniser nos items et d’éviter les mauvaises compréhensions de consignes). Le logiciel CRITIC permet également de générer automatiquement des fichiers Excel à partir des réponses produites par les participants. En outre, ce logiciel à été traduit en 5 langues européennes (l’Anglais, l’Allemand, le Grec, le Portugais, et le Suédois) afin de pouvoir être utilisés par 7 équipes de recherche.

Des données ont ainsi pu être collectées en 2010 auprès d’échantillons de 24 motards par pays (12 Sportifs expérimentés et 12 Utilitaristes) et elles sont actuellement en cours de traitement, avec l’ambition de pouvoir procéder ainsi à des comparaisons croisées entre différentes populations motocyclistes à l’échelle Européenne. Mais ceci est une toute autre histoire, et il est désormais grand temps de se taire…