Chapitre 1 : cadre théorique

1. L’activité cognitive de production de texte

La production de texte est une activité complexe demandant une activation et une régulation cognitive spécifique d’une très grande quantité d’informations. Le problème majeur lors de la production de texte est le passage d’une représentation multidimensionnelle du référent du message à une transcription linéaire. Le scripteur doit adopter un point de vue unique nécessitant la sélection et l’agencement particuliers des informations (Fayol, 1997).

‘« Writing a text is a complex task that needs a coordinated implementation of a large set of mental activities. Writers have to clearly delimitate the nature, the goal and the communicative function of a text. They also have to establish a precise representation about readers characteristics and expectations, in order to anticipate systematically what must, or can, be written. Writers have equally to control the text topic so as to generate or to specify the most relevant ideas that will progressively constitute the text content. In addition, they must sometimes clarify the message, reorganise, modify and articulate ideas, while controlling the whole text coherence » (Alamargot & Chanquoy, 2001 : 1).’

En 1980, Hayes et Flowers élaborent un modèle de production écrite où ils distinguent trois éléments majeurs :

  • la tâche de l’environnement qui regroupe l’ensemble des éléments extérieurs au scripteur influençant sa production écrite.
  • les processus cognitifs, à savoir la planification, la mise en texte et la révision.
  • la mémoire à long terme du scripteur qui est constituée de l’ensemble des connaissances générales sur l’actualité, le destinataire («audience »), le genre.

Hayes (1996) reprend ces éléments et élabore un nouveau modèle qu’il organise autour de deux pôles. Le premier comprend les aspects propres à l’individu à savoir ses aspects cognitifs, affectifs et mémoriels. Le second englobe l’environnement social et physique. Il s’agit en effet de la tâche de l’environnement. Ce nouveau modèle attribue un rôle central à la mémoire de travail lors d’une production écrite. Il donne d’autre part de l’importance aux représentations visuelles, spatiales et linguistiques. Il réserve enfin une place significative aux affects et aux motivations.

Ce modèle met en évidence que la production écrite n’est pas une activité cognitive isolée mais qu’elle se réalise nécessairement dans un environnement qui interagit avec des dimensions affectives et cognitives du scripteur. Dans la partie suivante, nous présenterons de manière plus précise les processus cognitifs impliqués dans la production de texte. Dans un second temps nous verrons comment les éléments de l’environnement viennent mettre en mouvement ces processus. Enfin dans une troisième partie, nous verrons que la complexité à gérer ces trois processus va nécessiter un développement long et devra faire l’objet d’un apprentissage spécifique.