2.1. Un schéma du fonctionnement de la communication : le modèle psycholinguistique de Grize

Dans une communication écrite, afin que le discours soit suffisamment explicite pour être compris par un destinataire, le scripteur devra construire un ensemble complexe de représentations de la situation de communication écrite qu’il initie au sein de mondes physique, social et subjectif donnés. Grize (1996) a décrit un schéma du fonctionnement de la communication mettant en évidence les points d’appui nécessaires à la construction de ces représentations.

L’auteur pose tout d’abord deux éléments : un locuteur A et un récepteur B. A et B désigne deux places. L’activité de B n’est pas l’activité en miroir de celle de A car la finalité de B n’est jamais identique à celle de A et car ce n’est pas B qui a l’initiative de la communication.

  • Le postulat du dialogisme. Tout énoncé oral se réalise sous forme de dialogue à savoir que toute personne posant un acte oral est toujours confortée physiquement à un interlocuteur.
  • Le postulat de la situation d’interlocution. C’est dans un lieu précis, à un moment précis et dans un but précis que se réalise une activité discursive. Le contexte de la communication est essentiel pour évincer toute ambiguïté de compréhension.
  • Le postulat des représentations. Il s’agit des représentations que le locuteur A se fait de lui-même (reprA (A) ), des représentations que le locuteur A se fait de B (reprA (B) ) et des représentations que le locuteur A se fait du thème T du discours (reprA (T) ). Les représentations restent toutefois partielles. Elles ont pour base les connaissances que l’on prête à son interlocuteur, sur la représentation du niveau de langue de la personne à qui est adressé le discours, et sur les valeurs et idéologies dont on fait l’hypothèse que ce sont celles de la personne à laquelle on s’adresse. Les représentations des relations existant entre les trois pôles d’une interlocution (locuteur A, interlocuteur B et thème T) sont aussi à prendre en considération. Ce jeu des représentations se complexifie dans la mesure où étant dans une situation de dialogue, l’ensemble des représentations de B est aussi à prendre en compte.
  • Le postulat des préconstruits culturels. Tout acte de parole nécessite la mobilisation de connaissances. L’ensemble de ces connaissances est essentiellement d’origine culturelle. La mobilisation première de ces connaissances est amenée à se modifier rapidement. Les préconstruits culturels sont le point de départ du discours. Ils s’y insèrent et évoluent tout au long de l’interaction par le mouvement piagétien d’assimilation/accommodation. D’autre part, c’est parce que les acteurs ont un minimum de préconstruits culturels communs que la communication peut se réaliser.
  • le postulat de la construction des objets. La communication ne peut se restreindre au simple échange d’information. Communiquer c’est un dépassement de point de vue, c’est un modelage mutuel et réciproque des informations.