Objectifs

Cette thèse s’inscrit directement dans ce modèle et plus largement dans une modélisation de la mémoire basée sur un appariement global et vise alors quatre objectifs qui feront chacun l’objet d’un chapitre. Etant donné, que le modèle ACT-IN est avant tout basé sur un appariement global, au cours de nos chapitres nous discuterons ou prendrons comme exemple d’autres modèles basés sur ce même processus.

CHAPITRE 1 – D’après ACT-IN, la définition de la trace mnésique sous-entend une relation particulière entre les processus perceptifs et les processus mnésiques. En partant du constat qu’en tant qu’êtres vivants nous évoluons dans un environnement qui est délimité par la perception de nos sens, et sans rentrer dans des considérations métaphysiques, nous pouvons dire que le « réel » est dans un sens contraint par notre système perceptif (voir aussi les notions Gestaltistes, Koffka, 1935). Il semble donc déterminant d’envisager que la façon dont nous nous représentons les événements et les objets (ou plus largement le réel) est tout ou en partie liée à la manière dont nous percevons ou nous avons perçu les phénomènes extérieures. Le modèle suppose donc un recouvrement entre les processus perceptifs et mnésiques mais il reste à définir de manière précise la nature des relations entre ces deux fonctions cognitives (i.e. partage de mécanismes ? Partage de zones cérébrales de traitement ?). De plus, alors que le modèle suppose que les traces se forment lors de l’expérience perceptive, il reste cependant évasif quant à l’explication de ce phénomène. L’objectif de ce chapitre est d’examiner les questions relatives à la formation et au contenu des traces en mémoire et, plus largement, de discuter la pertinence d’une dichotomie sur la base du caractère « sensoriel » des connaissances (i.e. modales vs. multimodales).

Brunel, L., Labeye, E., Lesourd, M., & Versace, R. (2009a).The sensory nature of episodic memory: sensory priming effects due to memory trace activation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory & Cognition, 35, 1081-1088

Brunel, L., Lesourd, M., Labeye, E., & Versace, R. (2010). The sensory nature of knowledge: sensory priming effects in semantic categorization. The Quarterly Journal of Experimental Psychology,63, 955-964.

Vallet, G., Brunel, L., & Versace, R. (sous presse). The perceptual nature of the cross-modal priming: arguments in favour of sensory-based memory conception. Experimental Psychology

Le point d’encrage des chapitres suivants sera la question de la récupération des connaissances en mémoire. Le modèle soutient que la question de l’émergence des connaissances renvoie à la définition des activités mnésiques (i.e. catégorielles vs. discriminantes). Bien que nous reviendrons tout au long des chapitres sur ces différentes activités, il convient de les définir très brièvement. Nous entendons alors par activités catégorielles, toutes les tâches ou traitements qui impliquent l’extraction de régularité, le jugement ou la comparaison entre des situations ou des connaissances, sur la base de propriétés communes (e.g. la catégorisation, le jugement de similarité). A l’inverse, les activités discriminantes doivent impliquer la différentiation, la séparation entre des situations ou des connaissances, sur la base de propriétés distinctes (e.g. la reconnaissance, le rappel). Notre intérêt se portera alors sur l’efficacité du traitement (i.e. le ratio entre la probabilité qu’a le système de produire une réponse correcte et celle de produire une erreur) dans ces différentes activités. Ainsi les chapitres suivants porteront sur : 1) l’efficacité mnésique dans les activités catégorielles (Chapitre 2) ; 2) les relations entre efficacité mnésique et expériences de conscience (chapitre 3); 3) l’efficacité mnésique dans les activités discriminantes (chapitre 4)

CHAPITRE 2 – Le Chapitre 2 aura pour objectif de discuter et de préciser comment à partir de traces épisodiques et multimodales, des connaissances qui diffèrent selon leur niveau d’abstraction peuvent émerger (pour une discussion similaire, voir Versace et al. 2009). En d’autres termes, comment le modèle ACT-IN (comme tous les autres modèles basés sur un appariement global) est capable de prédire l’efficacité dans des tâches impliquant semble-t-il le recours à une unité abstraite (i.e. la catégorie) ? Il s’agira alors non seulement de discuter de l’aspect fonctionnel d’une unité catégorielle au cours du traitement, mais aussi de savoir si les activités de type catégoriel reposent sur l’existence d’une unité abstraite apprise (e.g. un prototype) ou si elles dépendent d’un appariement entre l’exemplaire à traiter et les exemplaires précédemment rencontrés.

Brunel, L., Vallet, G., Riou, B., & Versace, R. (2009b). The sensory nature of knowledge: Generalisation vs.specification mechanisms. In N.A. Taatgen & H. van Rijn (Eds.), Proceedings of the 31st Annual Conference of the Cognitive Science Society (pp. 2789-2794). Cognitive Science Society

Brunel, L., Vallet, G., Riou, B., & Versace, R. (en révision a). Multimodal Memory : generalization and discrimination. Journal of experimental psychology : Learning, Memory & Cognition.

CHAPITRE 3 – Le chapitre 3 aura pour objectif de traiter préférentiellement de l’expérience de conscience associée à la récupération d’une connaissance en mémoire. En effet, ce point est crucial car, d’une part, il est transversal à de nombreuses approches de la mémoire, et, d’autre part, il est souvent avancé pour critiquer des modèles basés sur un seul processus d’appariement global. Dans ce chapitre, nous verrons donc comment le modèle ACT-IN est capable d’expliquer l’expérience de conscience associée à la récupération.

Brunel, L., Cherdieu, M., Laurent, S., & Versace, R. (2009c, September). Memory trace Strength : An integrated memory trace ? Poster presented at the 16th ESCoP conference, Krakow, Poland.

Brunel, L., Oker, A., Riou, B., & Versace, R. (en révision b). Memory and consciousness : Trace distinctiveness in memory retrievals. Consciousness & Cognition.

CHAPITRE 4 – Contrairement aux trois premiers chapitres, le chapitre 4 sera essentiellement consacré à deux études expérimentales qui portent sur l’efficacité mnésique dans les activités discriminantes. Ce chapitre s’intéressera aux activités discriminantes et sur ce qui détermine, au cours de la récupération, la probabilité de produire une erreur (ETUDE 1) et inversement de réduire les erreurs ou d’augmenter les performances par un entraînement spécifique (ETUDE 2).