Objectifs

D’un point de vue général, dans ce chapitre nous discuterons : 1) des conditions de formation de la trace au regard du mécanisme d’intégration mnésique ; 2) de la nature des composants constitutifs de la trace ; 3) de l’aspect multimodal des connaissances. La poursuite de ce chapitre fera l’objet de deux sections ayant chacune des objectifs clairement définis.

SECTION 1 - Dans cette section, il s’agira de démontrer, au travers des arguments expérimentaux, que les mécanismes impliqués (interaction et intégration) dans les traitements perceptifs sont proches de ceux impliqués dans les activités mnésiques. Un point d’encrage fort à notre développement est la notion de timed locked multiregional retro-activation développée par Damasio (1989). Suivant cette approche, une expérience mnésique implique la réactivation des zones de convergences (zone d’intégration des multiples composants de l’expérience) mais aussi l’activation simultanée en retour des projections en provenance de ces zones (aires sensorielles et motrices). D’un point de vue perceptif, il apparaît que ces zones de convergences ont une réalité anatomique. En effet, nombreuses sont les structures cortico-sous corticales décrites comme participant au mécanisme d’intégration perceptif (Taylor et al., 2006 ; Beauchamps et al. , 2004 ; King & Calvert, 2001; Molholm et al., 2002 ; Gottfried & Dolan, 2003). En ce sens, Versace et collaborateurs (2002 ; 2009) défendent l’idée que les traces mnésiques sont le reflet de la perception et, par conséquent, elles sont de natures épisodique et multimodale. Si la perception laisse des traces en mémoire, on peut faire l’hypothèse qu’une expérience perceptive multimodale (voir figure 3) soit conservée au sein d’une trace mnésique par le biais d’un mécanisme proche de celui de l’intégration perceptive, mécanisme que nous appellerons ici intégration mnésique.

SECTION 2 - Dans cette section, il s’agira d’aborder la question de la nature même des connaissances en mémoire. En effet, si toutes les traces sont formées lors de l’expérience perceptive, peut-il réellement exister (en mémoire) des formes de connaissances qualitativement différentes (pour un questionnement similaire voir Glenberg, 1997) ou bien les différentes formes de connaissances ne sont-elles que l’émergence de la dynamique du système mnésique ? En d’autres termes, peut-on envisager qu’il existe des connaissances qui différent selon leur niveau de « sensorialité »?