Section 1 : La perception laisse des traces mnésiques épisodiques et multimodales

Dans cette section, nous développerons l’idée selon laquelle la perception laisse en mémoire des traces mnésiques épisodiques et multimodales grâce à un partage des mécanismes perceptifs et mnésiques (i.e. interaction et intégration). Avant tout, cela implique un recouvrement des zones cérébrales activées dans les deux types d’activités (i.e. perceptive et mnésique). De nombreuses études en imagerie cérébrale ont montré que les activités mnésiques entraînent des activations directement dans des aires sensorielles impliquées dans le traitement perceptif, notamment dans des tâches d’imagerie mentale (visuelle ou auditive, Wheeler, Petersen, & Buckner, 2000 ; olfactive, Bensafi, Sobel & Khan, 2007; motrice, Beisteiner et al., 1995), de catégorisation (Martin et al., 1995 ; Martin, Ungerleider & Haxby, 2000), de décision lexicale (Casasanto, Willems & Hagort, 2009), de jugement d’attribut sensoriel (Kellenbach, Brett & Patterson, 2001 ) et enfin de vérification de propriétés sensorielles associées à des concepts (Goldberg, Perfetti & Schneider, 2006). Certains auteurs ont même fait état d’un recouvrement des circuits neuronaux entre la perception et la mémoire, notamment en vision (Slotnick, 2004) et en audition (Weinberger, 2004 ; Jääskeläinen et al., 2007). Il apparaît qu’une activité mnésique relative à une modalité sensorielle spécifique, par exemple s’imaginer le bruit d’un objet, active les zones cérébrales dédiées au traitement perceptif de cette modalité, dans notre exemple le cortex auditif. Le contenu de notre mémoire semble alors être intrinsèquement lié à notre activité perceptive antérieure. Si la perception et la mémoire partagent des zones de traitement de l’information, est-ce vrai au niveau des mécanismes que nous avons décrits5 ?

Notes
5.

Nous avons encore une fois délibérément choisi de traiter préférentiellement des modalités auditive et visuelle.