Une Caractéristique d’un type de Connaissance ?

De ces travaux, nous retiendrons que la perception laisse en mémoire des traces mnésiques épisodiques et multimodales reflétant les multiples composants d’une expérience. L’intégration en mémoire de ces composants permet la construction d’une trace unifiée, une entité différente de la simple concomitance des éléments qui la composent. Au sein de la trace, les composants mnésiques conservent les dimensions (dans nos expériences, sensorielles et temporelles) de la situation perceptive.

Une question reste tout de même en suspens. Ces effets sont-ils dus à la nature de la connaissance impliquée lors du traitement ? En effet, pour Nyberg et collaborateurs (2000), la réactivation d’une dimension auditive à partir d’un stimulus visuel n’est observable que sous certaines conditions. Il semblerait que seule la récupération en mémoire d’information spécifique réactiverait les zones cérébrales impliquées lors de l’encodage de cette information (voir aussi, Wheeler, Peterson & Buckner, 2000). Or nous verrons dans les chapitres suivants que, dans notre perspective, une information spécifique est justement une information qui correspond à une trace intégrée. Dans leur expérience, Nyberg et collaborateurs (2000) ont proposé aux participants, en phase d’étude, de mémoriser des mots accompagnés ou non d’un son (faiblement ou fortement associé au mot) qu’ils devaient ensuite reconnaître en phase test dans une tâche de reconnaissance visuelle de mots présentés seuls. Les principaux résultats de leur étude montrent que, d’un point de vue comportemental, les participants sont meilleurs pour reconnaître les mots présentés avec un son en phase d’étude (quelle que soit la nature de l’association : faible ou forte), et que, d’un point de vue cérébral, la récupération des mots présentés avec un son est associée à des activations dans le cortex auditif similaires à celles de l’encodage. Les auteurs interprètent cette réactivation comme une caractéristique intrinsèque de la récupération d’une information en mémoire épisodique (Tulving, 1983 ; 1985a ; voir aussi Vaidya et al., 2002). Si seules les connaissances épisodiques conservent des dimensions de l’expérience perceptive, ce type de réactivation ne devrait pas s’observer dans des tâches conceptuelles (i.e. sémantiques) qui impliquent des informations qualifiées de sémantiques (Tulving, 1972). Or, dans la section suivante, nous verrons que le phénomène de réactivation que nous avons précédemment décrit ne peut servir d’argument justifiant une différence qualitative entre nos connaissances (modales vs. amodales).