Chapitre II – Emergence de la catégorie

Introduction

En partant du constat que beaucoup de nos activités quotidiennes confèrent à notre environnement une certaine stabilité voire une immuabilité dans le temps et l’espace, il semblerait que ce dernier soit en permanence trié, classé à un niveau perceptif (perception catégorielle) ou « psychologique » (prototype, schéma, catégorie). En cela, les activités de catégorisation et de classification sont naturelles et souvent automatiques. En effet, dès leurs plus jeunes âges, les enfants semblent capables de construire des représentations de plus en plus « abstraites » des objets (Smith, 2003) rencontrés dans l’environnement de telle sorte que ces représentations vont venir supporter des activités mnésiques (e.g. catégorisation, Smith, 2003) et perceptives (e.g. la perception catégorielle, Hanard, 1987). D’un point de vue phénoménologique, il en résulte un sentiment qu’il existe des connaissances qui diffèrent selon leurs niveaux d’abstraction (i.e. sémantique vs. épisodique). Pour de nombreux auteurs (e.g. Tulving, 1972), la connaissance sémantique est alors définie comme une représentation symbolique (amodale, pour une critique voir le chapitre 1) et acontextualisée et exclusivement tributaire d’une mémoire sémantique. A l’inverse, la représentation épisodique, dont l’accès pourrait se faire à partir du système de mémoire précédent (Tulving, 1995), est définie comme une trace de chaque épisode de vie. En ce sens, les activités de type catégoriel font clairement appel à une connaissance de nature sémantique. Or d’après, Glenberg (1997) :

‘« The distinction between episodic and semantic memory probably reflects a difference in the frequencywith which the memories are used, the methods of assessment, and the content of the information, rather than anyintrinsic differences in memory systems. » (Glenberg, 1997, B & B Science, p. 9).’

Un point crucial de notre développement sera de savoir si les activités de type catégoriel reposent sur l’existence d’une unité abstraite apprise (e.g. un prototype) ou si elles dépendent d’un appariement global entre l’exemplaire à traiter et les exemplaires précédemment rencontrés.