Effets de Généralisation et de Discrimination

Quels que soient les modèles, on peut opposer deux effets liés à l’activité de catégorisation, l’effet de généralisation et l’effet de discrimination. Le premier consisterait à traiter de manière proche des exemplaires qui possèdent des propriétés communes, notamment dans les activités de catégorisation (Shepard, 1987) ou de jugement de similarité (Nososfky, 1992). Au contraire, l’effet de discrimination consisterait à traiter de manière différente des exemplaires d’une même catégorie qui possèdent des propriétés différentes.

Les effets de généralisation et de discrimination ont été systématiquement étudiés dans le cadre d’une représentation des exemplaires dans un espace multidimensionnel essentiellement visuel. Ainsi, pour de nombreux auteurs (pour une revue, voir Nosofsky, 1992), ils sont expliqués en termes de similarité physique (Goldstone, 1994) ou psychologique20 (Shepard, 1987) et en termes de distance dans l’espace (Logan, 2002). En ce sens, les calculs de similarité sont fondamentaux à la fois pour la représentation de l’item en mémoire et pour expliquer des activités cognitives telles que la catégorisation.

Cependant, la question des effets de généralisation et de discrimination a toujours été envisagée dans un cadre multidimensionnel unimodal. Toute connaissance étant à défaut au minimum bimodale (Connell & Lynott, 2009, voir section 2 chapitre 1), on doit pouvoir envisager que ces effets puissent être multimodaux. Une étude récente de Cooke et collaborateurs (2007), montre, à l’aide d’une technique d’analyse MDS (Multidimensional scalling), que des participants effectuent un jugement de similarité multimodale (e.g. visuo-haptique) en se basant sur une représentation multimodale et non pas des représentations dites modalités spécifiques. De plus, ils montrent que plus les participants estiment que les objets à traiter sont similaires, plus la probabilité de les regrouper ultérieurement ensemble est importante. Cependant, les auteurs n’interprètent pas leurs résultats dans un cadre théorique particulier, mais avance que la similarité multimodale peut être la base d’une activité de catégorisation. Nous proposons que, si la similarité intervient à un niveau multimodal, nous pourrons donc observer des effets de généralisation et discrimination multimodaux et que cela implique que l’espace multidimensionnel soit par nature multimodal.

Dans la suite de ce chapitre, nous verrons des travaux expérimentaux permettant de départager ces approches concernant la représentation de la catégorie en mémoire ainsi qu’une étude permettant d’observer des effets de généralisation et de discrimination dans un cadre de mémoire multimodal.

Notes
20.

Une dimension physique (e.g. la luminance) est caractérisée par le fait que les valeurs (propriétés) qui la définissent peuvent s’inscrire sur un continuum inscrit dans une échelle d’intervalle. Une dimension psychologique (e.g. la couleur) est caractérisée par le fait que les valeurs qui la définissent sont discrètes et verbalisables inscrit dans une échelle nominale (voir Goldstone et al., 2004).