Un Processus d’appariement global

D’après certains modèles (SAM, Guillund & Shiffrin, 1984 ; MINERVA 2, Hintzman, 1986 ; 1988 ; SIMPLE, Nairne, 1990 ; 2006 ; GCM, Nosofsky, 1986 ; 1991), la récupération en mémoire se fait selon un processus d’appariement global entre un stimulus (ou un indice, Nairne, 2006) sur lequel le traitement mnésique opère et l’ensemble des connaissances (traces ou exemplaires) en mémoire. Rappelons que, selon Versace et collaborateurs (2009), ce processus d’appariement possède une dynamique et est suffisamment flexible pour correspondre aux exigences de l’activité mnésique en cours (voir conclusion chapitre 2). En ce sens, les auteurs définissent le processus de récupération en mémoire (i.e. l’émergence) comme articulé autour de deux mécanismes : l’activation et l’intégration. Tout traitement mnésique va alors impliquer l’activation de traces mnésiques antérieures, ces activations s’accompagnant généralement d’intégrations progressives des composants des traces, activations et intégrations permettant de produire une réponse adaptée à la situation en cours. Nous reviendrons plus tard sur la question de l’émergence.

Nous avons choisi de présenter ici le modèle SAM (Search for associative Memory, Gillund & Shiffrin, 1984 ; Ratcliff, Van Zandt & McKoon, 1995) pour illustrer les approches qui reposent sur un processus d’appariement global.De manière générale, la majeure partie de ces modèles supposent que les dissociations observées dans les tâches dépendent d’un processus d’appariement global (i.e. l’équivalent de la familiarité) tributaire de la force de la trace en mémoire. Dans le cas de l’ensemble de ces modèles, les items appris sont encodés en mémoire et au moment de la récupération, l’appariement se fait en fonction d’eux.La particularité de SAM est de stocker avec l’item son poids (force de l’item) en fonction de sa probabilité de servir d’item test ou d’indice au moment du test. Cette probabilité va alors être tributaire de sa force d’association avec les autres items (force inter-item) et de celle avec le contexte d’apprentissage (force du contexte).La probabilité de récupérer un item en mémoire associé ou non à une expérience de type recollective, est alors prédite en fonction de la somme des relations multiplicatives30 entre chacune de ces forces (item/inter-item/contexte). Un point important est que SAM est tout à fait capable à l’aide d’un processus d’appariement global (i.e. familiarité) de simuler les données prédites et observées avec la méthode de dissociation de processus (Ratcliff, Van Zandt & McKoon, 1995) qui, elle, suppose l’existence de processus de récupération indépendants.

Au sein des modèles non-abstractionnistes, il existe donc deux approches concurrentes pour expliquer la dissociation expérimentale robuste précédemment évoquée : les approches basées sur deux processus de récupération (i.e. dual process theory, pour une revue voir Yonelinas, 2002) et les approches basées sur un seul processus de récupération (i.e. Single process theory). Comment alors départager ces approches ? Selon Jacoby (1991), la reconnaissance est une tâche de mémoire clé pour départager l’intervention des processus lors de la récupération. Aujourd’hui, elle est devenue la tâche permettant de contraster les approches théoriques (voir Malmberg, 2008). Dans le point suivant, nous présenterons alors des modèles basés sur des notions de TDS (Théorie de la détection du signal, Green & Swets 1966) pertinent pour chacune des approches (i.e. dual vs. single).

Notes
30.

Pour le détail des computations voir Ratcliff, Van Zandt & McKoon, 1995