Chapitre IV : Efficacité mnésique

Introduction

Nombreuses sont les approches de la mémoire orientées vers l’efficacité du traitement mnésique (i.e. Accuracy-Oriented Conception, pour une revue voir Koriat Goldsmith & Pansky, 2000). Dans ces approches, l’efficacité mnésique est alors fonction de la correspondance entre les informations accessibles (ou non) à la conscience et la tâche dans laquelle le sujet est engagé. Cette idée de correspondance est alors déterminée par des propriétés interdépendantes (Koriat & Goldsmith, 1996) : la finalité (i.e. la récupération d’événements passés), le degré d’efficacité (i.e. la fiabilité de la récupération), l’oubli (i.e. la perte de correspondance) et le contenu (i.e. ce qui est actuellement récupéré). Plus particulièrement, certains auteurs (Koriat & Goldsmith, 1996 ; Koriat, Goldsmith & Pansky 2000) proposent que, dans cette approche basée sur la correspondance, la mémoire peut être vue comme une activité perceptive particulière (i.e. la perception du passé50). Dans l’activité perceptive, la correspondance s’évalue entre une scène perceptive et le comportement de l’individu (e.g. description verbale). Or, dans ce cadre précis, la description faite par l’individu peut être véridique ou totalement illusoire. C’est sur ce point que l’analogie entre mémoire et perception est faite. Si la mémoire est une perception du passé, elle est alors, comme toute activité perceptive, sujette à des distorsions et des erreurs. C’est donc ce point précis qui a animé l’écriture de ce chapitre. Comprendre comment ces erreurs interviennent est une véritable fenêtre sur la nature et le type de processus qui sont engagés dans les activités mnésiques. De plus, comme l’ont souligné Koriat et collaborateurs (2000) :

‘« A major challenge for the psychology of Memory accuracy lies in the integration of the various threads of Memory accuracy research within a general conceptual framework » (Koriat et al., 2000, p. 518). ’

Dans le point suivant nous ne traiterons pas de toutes les erreurs de mémoire (pour une revue, voir Koriat et al., 2000). À noter tout de même que la plupart des erreurs s’expliquent soit par l’extraction d’une propriété commune à des épisodes (i.e. gist), soit par la distorsion d’une configuration au sein d’un épisode. Nous nous limiterons à l’étude de deux types d’erreurs qui interviennent dans le fonctionnement normal de la mémoire et qui sont certainement les plus frappantes par leur caractère manipulable : les faux souvenirs et les erreurs de recombinaison des propriétés d’un épisode.

Notes
50.

O'Regan et Noë (2001) considèrent le monde extérieur comme une “mémoire externe” qui peut être “explorée” par les systèmes sensoriels, engendrant ainsi nos perceptions, un peu comme la “mémoire interne” peut être “explorée” et engendrer des représentations mentales sans véritable support matériel. Donc, ici c’est la perception qui est comparée à la mémoire et pas l’inverse.