Faux souvenirs (FS)

On peut définir un faux souvenir comme le sentiment que l’information que l’on récupère correspond à un épisode qui est réellement survenu. Ce type d’erreur est d’ailleurs souvent assimilé au phénomène de « déjà vu » ou « déjà vécu » (Moulin et al. 2004). L’étude expérimentale d’un tel type d’erreur est particulièrement justifiée car elle interroge la fiabilité et l’efficacité d’une production mnésique spécifique.

Le paradigme expérimental princeps pour l ‘étude des FS est le paradigme DRM (Deese Roediger McDermott, Deese, 1959; Roediger & McDermott, 1995) en raison de la probabilité élevée qu’ont les participants de produire des erreurs de mémoire de type FS avec cette procédure. En effet, la proportion de fausses alarmes (i.e. FA) avoisine et parfois excède la proportion de réponses correctes (i.e. HIT). Classiquement, dans ce paradigme, les participants sont invités à étudier une liste, clairement identifiée (e.g. liste 1), de mots (e.g. banane, légume, cerise, etc.) dont chacun est associé à un mot non-étudié critique (e.g. fruit). Ultérieurement, lorsque les participants sont invités à rappeler ou à reconnaître des mots de la liste, ils rappellent et reconnaissent fréquemment l’item critique (faux rappel – FR ap - ou fausses reconnaissances - FRec –). Les erreurs dans ce type de paradigme sont spécifiques (i.e. pour les items critiques) et souvent associées à une expérience phénoménologique de conscience.

En raison de la nature de ces erreurs, les auteurs s’accordent à dire qu’elles sont le produit de processus mnésiques (mixture de processus à l’encodage et à la récupération, Arndt, 2006 ; 2010). De plus, ces erreurs sont robustes. De nombreuses manipulations expérimentales (e.g. la durée de présentation, Gallo & Roediger, 2002) ont échoué à supprimer la tendance des participants à faire des erreurs dans ce type de paradigme, et seules des diminutions des erreurs ont pu être observées (Arndt, 2010 ; Benjamin, 2001).