Objectifs Etude 2 : tester le processus d’integration a l’encodage.

Cette étude56 s’inscrit directement dans la continuité de la première. Contrairement à la précédente, nous nous centrerons ici sur les processus engagés à l’encodage (i.e. intégration mnésique). Nous faisons donc l’hypothèse que ces processus modifient la distribution des traces en mémoire (voir modèle USVD chapitre 3), ce qui va orienter la compétition entre les deux types de diffusion d’activation que nous avons précédemment décrits. Plus particulièrement, comme nous l’avons déjà évoqué, l’intégration mnésique à l’encodage doit jouer un rôle prépondérant dans les activités discriminantes (ici, le rappel et la reconnaissance) en facilitant la diffusion intra-trace et en limitant la diffusion inter-traces.

INTEGRATION MNESIQUE & ER – Dans le paradigme MCI (Reinitz, Lammers & Cocheran, 1992), lors de la phase test, les participants commettent plus d’erreurs pour les items non-étudiés MCI que pour les items non-étudiés Feature. Pour les auteurs, ce pattern de résultats est un argument contre un stockage holistique des stimuli en une trace unique et indivisible. En effet, pour eux, les informations sont stockées sous la forme de traces de type propriété pour chacune des syllabes des non-mots (voir McClelland &Rumelhart, 1985). Ainsi les ER (i.e. pour les items MCI) seraient des erreurs d’intégration entre ces traces au moment de la récupération. Cependant, il nous semble que cette explication n’est pas suffisante pour expliquer que les items étudiés soient plus efficacement traités que les items non-étudiés MCI (voir Schacter et al. 1998). En d’autres termes, qu’est-ce qui permet au système de faire la différence entre une erreur d’intégration et une intégration « correcte » lors de la récupération ?

A l’encodage, la configuration spécifique entre les propriétés d’un épisode recevrait un poids au sein de la trace. Plus le poids sera important, plus la configuration entre les propriétés sera distinctive par rapport aux autres configurations (i.e. limitation d’une diffusion inter-traces à la récupération). Nous pouvons faire l’hypothèse que, si lors de l’encodage le poids de la configuration de chaque trace est suffisamment important, le pattern observé en phase test dans le paradigme MCI devrait alors sensiblement se modifier avec une diminution de la probabilité d’observer des erreurs dues à un manque de diffusion intra-trace (i.e. ER). Par exemple, si le participant traite à l’encodage un carré rouge et un cercle bleu, on peut prédire que l’activation entraînée par un cercle rouge comme indice soit suffisamment importante pour que le participant juge celui-ci comme étant ancien, si le poids d’intégration de chacune des traces est insuffisant pour qu’une diffusion intra-trace détermine le contenu de la récupération.

INTEGRATION MNESIQUE & RAPPEL - Dans le cas du rappel, l’efficacité est directement tributaire d’une diffusion intra-trace où l’indice doit activer peu de traces compétitrices où l’activation va pouvoir se diffuser au sein de toutes les propriétés. En ce sens, l’état de distinctivité de la trace (ou de l’indice, Nairne, 2006) au moment de la récupération est un prédicteur important de l’efficacité mnésique dans les tâches discriminantes (Brunel et al., en révision b) en réduisant le nombre de traces compétitrices au moment de l’activation. Nous pouvons faire l’hypothèse que le poids du liage entre les propriétés de la trace au moment de l’encodage est déterminant pour que l’indice active une quantité restreinte de traces (e.g. item noise process, Dennis & Humphrey, 2001) et que l’activation puisse se diffuser au sein de celles-ci.

Cette étude a pour objectif d’améliorer l’efficacité mnésique des participants dans des tâches discriminantes (rappel et reconnaissance) en entraînant les participants à intégrer une configuration spécifique lors de la mémorisation d’un épisode. Plus particulièrement, nous faisons l’hypothèse que des participants qui suivront un entraînement à l’intégration multimodale devraient à la fois augmenter significativement leurs performances de mémoire dans des tâches discriminantes comme le rappel mais aussi préférentiellement réduire la propension à faire des erreurs de mauvaises recombinaisons des propriétés d’un item (i.e. erreur sur les items non-étudiés MCI), et ce comparativement à un groupe avec un entraînement non intégratif.

Notes
56.

Avec une partie importante de l’étude réalisée par Amandine REY et Odile ROUSSEAU.