Méthode

[Méthode57]

MATERIEL –Pour l’ensemble des tests informatisés nous avons utilisé un ordinateur Macintosh (eMAC G4). Les tâches ont été conçues et gérées à l’aide du logiciel Psyscope (Cohen, MacWhinney, Flatt & Provost, 1993).

PROCEDURE GENERALE - Après avoir rempli un formulaire de consentement, les participants étaient testés individuellement lors d’une session expérimentale qui durait environ 55 minutes. Ces derniers devaient réaliser trois tâches informatisées (décrites ci-dessous) et 3 tests papier-crayon. Le séquençage exact pour chaque participant est résumé dans la figure 28.

Figure 28 : Déroulement d’une session expérimentale. Notes. E : Phase d’étude de la tâche ; T : Phase test de la tâche.
Figure 28 : Déroulement d’une session expérimentale. Notes. E : Phase d’étude de la tâche ; T : Phase test de la tâche.

TACHE DES MATRICES - La tâche des matrices avait pour objectif d’évaluer la capacité des participants à récupérer une information sur la base d’une propriété (i.e. la couleur ou la forme, appariement inter-traces) ou sur la base d’un objet (i.e. une association spécifique entre une couleur et une forme, appariement intra-trace).

Stimuli – Nous avons créé 6 figures géométriques (voir figure 30) qui étaient la combinaison de trois formes (i.e. carré, cercle ou triangle) équilibrées en surface (4 cm2) et de trois couleurs (i.e. Bleu, Rouge ou Jaune) équilibrées en saturation et luminance dans le système TSL (Teinte, Saturation, Luminance). Chaque forme pouvait apparaître au centre d’une case d’une matriceoù chacune des cases était d’égale surface (16 cm2).

Procédure – Pour chaque essai (voir figure 29), le participant voyait apparaître une croix de fixation (1500 ms) au centre de l’écran automatiquement suivi de 5 matrices qui apparaissaient au rythme d’une matrice toutes les deux secondes. Chaque matrice comportait une figure géométrique dans l’une de ces cases. La tâche pour le sujet était d’apprendre à la fois les propriétés de la figure géométrique (forme et couleur) et sa position spatiale dans la matrice, et ce pour chaque matrice. A l’issue de la présentation, les participants devaient récupérer des positions spatiales associées soit : a) à des attributs (i e. une forme ou une couleur) correspondant systématiquement à une position spatiale mais à plusieurs figures géométriques ; b) à des figures géométriques (e.g. « où était le triangle jaune ? ») spécifiées par une de leurs propriétés (i.e. leur couleur ou position spatiale).A la suite de chacune des questions, le participant avait à sa disposition une matrice vierge qui apparaissait à l’écran au sein de laquelle il indiquait sa réponse à l’aide de la souris, et ce sans limite de temps. Une fois sa réponse donnée, le participant passait à la question suivante et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ait répondu à toutes les questions correspondant à l’essai. Débutait alors l’essai suivant.

Figure 29 : Un exemple d’essai et les questions tests associées dans la tâche des matrices. Notes. Essai correspondant au display A dans la séquence 1-1-2-3-2.
Figure 29 : Un exemple d’essai et les questions tests associées dans la tâche des matrices. Notes. Essai correspondant au display A dans la séquence 1-1-2-3-2.

Pour des raisons de praticité, nous avons prédéfini les positions possibles d’apparition d’une figure géométrique au sein d’un essai (i.e.3 cases dans trois displays différents : A,B,C) ainsi que les séquences possibles d’apparition des cases (i.e. 3 séquences possibles : 1-1-2-3-2 ; 1-2-1-3-3 ; 1-3-2-2-3) et pour chacune des cases un paramètre test (i.e. la forme, la couleur ou une combinaison particulière forme/couleur). Pour plus de clarté, les contrebalancements effectués sont résumés au sein de la figure 30. Chaque participant était donc soumis à l’ensemble des combinaisons, c’est-à-dire à 9 essais. En revanche, l’ordre des questions était toujours le même (i.e. couleur, forme, figure spécifique par la couleur, figure spécifique par la position).

Figure 30 : Illustration des contrebalancements effectués dans la tâche des matrices. A, B et C correspondent aux displays possibles associés à chaque séquence possible.
Figure 30 : Illustration des contrebalancements effectués dans la tâche des matrices. A, B et C correspondent aux displays possibles associés à chaque séquence possible.

PARADIGME DRM (adaptée de Roediger & McDermott, 1995) - Le paradigme ou tâche DRM avait pour objectif d’évaluer la tendance des sujets à produire des faux souvenirs (i.e. faux rappels et fausses reconnaissances) lors de la récupération.

Stimuli – 180 mots (police Times New Roman, 48, Gras) ont été utilisés dans cette tâche dont 144 mots étudiés, 24 mots non-étudiés (soit reliés ou non-reliés) et 12 mots non-étudiés critiques. Les mots étudiés ont été répartis en 12 listes adaptées des listes utilisées par Roediger & McDermott (1995, experience 1 & 2). La particularité des listes de mots est qu’elles sont toutes construites autour d’un mot « critique » (e.g. fruit), qui n’est pas présenté au sein de la liste, mais qui est fortement associé aux autres mots de la liste (e.g. banane, cerise, légume…)

Procédure - La procédure est une procédure classique en deux phases: une phase d’étude et une phase test.

En phase d’étude, les participants étaient confrontés à 6 listes de 12 mots présentés consécutivement. Comme dans les expériences58 de Roediger et McDermott (1995), chaque liste débutait par son nom (e.g. liste 4) automatiquement suivi par les mots qui défilaient au rythme d’un mot toutes les 1500 ms. A l’issue de la présentation de chacune des listes, les participants avaient alors pour consigne de rappeler à l’écrit un maximum de mots de la liste, pendant une durée maximum de 3 minutes. Une fois le délai écoulé, le participant initiait la présentation de la liste suivante à l’aide d’une touche du clavier. A noter que les 12 listes ont été réparties équitablement dans deux groupes indépendants avec un ordre constant au sein de chacun des groupes. De plus, les participants n’étaient pas informés de la présence d’une phase test ultérieure.

Comme dans les expériences de Roediger et McDermott (1995), nous avons introduit une tâche interférente59 entre la phase d’étude et la phase test, ici, une tâche d’empan numérique endroit et inverse.

En phase test, les participants étaient informés qu’ils allaient devoir réaliser une tâche de reconnaissance. Ils devaient alors décider si parmi les mots qui défilaient à l’écran, le mot avait été effectivement présenté ou non au sein des listes de la phase d’étude. Les participants étaient invités à répondre le plus efficacement possible (i.e. rapidement et correctement) à l’aide de clés de réponses identifiées à l’aide pastilles colorées sur le clavier. Bien évidemment, les clés de réponses ont été contrebalancées entre les participants au sein de chaque groupe. Comme pour Roediger et McDermott (1995), nous avons constitué des blocs de mots tests pour chacun des groupes en phase d’étude. Au sein de ces listes, les mots étaient répartis en 6 blocs de 7 items dont 2 mots étudiés et 5 mots non-étudiés (2 reliés, 2 non-reliés, et le mot critique). Pour chaque liste test, l’ordre des blocs correspondait à l’ordre des listes en phase d’étude.

PARADIGME MCI (adaptée de Reinitz, Lammers & Cocheran, 1992) – Le paradigme ou tâche MCI avait pour objectif d’évaluer la tendance des sujets à produire des erreurs dues à la mauvaise reconstruction des propriétés des épisodes.

Stimuli – Nous avons constitué un set de 54 syllabes de type CVC (i.e. consonne, voyelle, consonne) à partir d’une combinaison pseudo-aléatoire entre 18 consonnes et 6 voyelles, avec comme contrainte que les 6 voyelles de l’alphabet soient représentées de manière équivalente, qu’elles soient associées à chaque consonne, et qu’aucune des syllabes ne forme un suffixe, préfixe ou mot de la langue française. De plus, nous nous sommes attachés à ce que la même consonne ne soit pas représentée 2 fois dans la même syllabe.

A partir des 54 syllabes, nous avons constitué 48 listes (i.e. une liste unique pour chaque participant) de 24 non-mots bisyllabiques CVC-CVC. Plus particulièrement, une liste en phase d’étude était constituée à partir de 24 combinaisons aléatoires entre 2 syllabes CVC. Une fois établie, elle servait de base pour établir une liste en phase test. Celle-ci était alors constituée de 18 non-mots CVC-CVC dont 6 étaient des mots étudiés et 12 des mots non-étudiés (respectivement 6 non-mots illusoires et 6 non-mots feature). Chaque non-mot de la liste test était déterminé de manière aléatoire : 1) les non-mots étudiés étaient sélectionnés aléatoirement parmi les non-mots de la liste d’étude ; 2) les non-mots illusoires étaient constitués à partir de la combinaison aléatoire entre les syllabes de 12 non-mots de la liste d’étude (sélectionnés aléatoirement) et avec comme contrainte que les syllabes issues du début des non-mots étudiés soient présentées dans la même position dans les non-mots illusoires (la même procédure a été suivie pour déterminer la deuxième syllabe des non-mots illusoires) ; 3) les non-mots feature étaient constitués à partir de la combinaison aléatoire entre les syllabes des 6 non-mots restant de la liste d’étude et les 6 syllabes non utilisées pour la création des non-mots étudiés, avec comme seule contrainte d’avoir autant de non-mots feature combinant une syllabe nouvelle en première position et une syllabe issue d’un non-mot étudié vue en deuxième position, que de non-mots feature combinant une syllabe nouvelle en deuxième position et une syllabe issue d’un non-mot étudié vue en première position. La répétition de cette procédure pour chaque liste d’étude a abouti à la création de 48 listes test.

Procédure – Une procédure classique en deux phases : une phase d’étude et une phase test.

En phase d’étude, les participants devaient apprendre une liste de 24 pseudomots de type CVCCVC. Contrairement au paradigme DRM, les sujets étaient clairement informés de l’occurrence d’une phase test. Comme dans les expériences de Reinitz et collaborateurs60, afin d’éviter les performances planchers en phase test, la liste était présentée 2 fois dans le même ordre au rythme d’un non-mot toutes les 7500 ms (i.e. 6000 ms de présentation et 1500 ms d’intervalle entre deux mots). Pour la première présentation de liste, les participants devaient simplement lire silencieusement le non-mot à l’écran. Pour la deuxième présentation de la liste, les participants devaient répéter à voix haute le non-mot dans l’intervalle séparant deux présentations, et ce afin de s’assurer que les participants percevaient correctement chaque non-mot.

Comme dans les expériences de Reinitz et collaborateurs (1992), nous avons introduit une phase interférente61 entre la phase d’étude et la phase test : une tâche de flexibilité mentale (i.e. Trail Making Test : TMT A & B) et une tâche de mesure de l’interférence ou de l’inhibition d’une réponse automatique (i.e. le STROOP).

En phase test, les participants étaient informés qu’ils allaient devoir réaliser une tâche de reconnaissance. Ils devaient alors décider si parmi les non-mots qui défilaient à l’écran, le non-mot avait été effectivement présenté ou non au sein de la liste en phase d’étude. Les participants étaient invités à répondre le plus efficacement possible (i.e. rapidement et correctement) à l’aide de clés de réponses identifiées à l’aide pastilles colorées sur le clavier. Bien évidemment, les clés de réponses ont été contrebalancées entre les participants.

Notes
57.

Voir Annexe B1 pour un détail des stimuli utilisés dans les paradigmes DRM & MCI

58.

A noter que dans l’expérience de Roediger et McDermott les mots sont présentés à l’oral.

59.

Une discussion de 2 à 3 minutes avec l’expérimentateur dans les expériences de Roediger et McDermott.

60.

A notre que les expériences de Reinitz et collaborateur n’étaient pas informatisées.

61.

Une tâche de détection de cible dans les expériences de Reinitz et collaborateurs.